Le mercredi 26 juin 2011, des affrontement dans le nord du Sénégal ont fait un mort et vingt six blessés, selon le quotidien pro-gouvernemental « Le Soleil ». Les affrontements font suite au refus d’une partie de la population de voir ses « terres ancestrales » cédées à des investisseurs italiens, selon la presse.
L’attribution « secrète » de 20.000 hectares de terres à l’entreprise italienne Sénéthanol S.A est à l’origine de la discorde entre deux franges opposées de la communauté rurale de Fanaye situé dans le département de Podor, explique le journal « Le quotidien » (privé). Selon ce journal, l’accord conclu a leur insu à soulevé l’ire de certains habitants qui ont pris d’assaut le siège du conseil rural avant de l’incendier, et les affrontements qui s’en ont suivis ont causé la mort d’un homme.
Le phénomène, qui n’est pas nouveau, prend de plus en plus d’ampleur dans le pays, où des investisseurs étrangers alliés à de « gros pontes du régime» en place se livrent à une course effrénée pour le contrôle des terres en milieu rural, souvent avec la complicité de l’administration locale qui agit en toute opacité et au mépris des communautés villageoises.
Le foncier constitue « le domaine où il y a le plus d’illégalité au Sénégal. Il suffit simplement de voir comment le problème de la transmission successorale des terres est réglée, de voir également, comment s’effectue la vente des terres », déplorait en septembre 2009 le juriste Abdoulaye Dièye, Pr de droit à l’Université cheikh Anta Diop de Dakar dans les colonnes du magazine « Réussir ».Il s’exprimait suite à ce qu’on avait appelé le scandale des terres de Mbane, autre communauté rurale située dans le Nord du pays, et dont le partage avait bénéficié à des personnalités proches du pouvoir.
Selon un document de l’ONG Cicodev (Institut panafricain pour Citoyenneté, les Consommateurs et Développement), « 70% des demandes de terres concerne l’Afrique » et 21% de ces demandes « sont satisfaites alors que la majorité des investissements est orientée vers l’exportation », déplorait l’ONG consumériste qui cite le Mali, le Liberia, le Sénégal et la Sierra-Leone parmi les pays africains les plus touchés par ce problème d’accaparement des terres.
« Au Sénégal 16,45% des surfaces cultivables sont déjà attribués à 17 privés, dont 10 nationaux et 7 étrangers », précisait Cicodev dans ce document tout en dénonçant le mode d’acquisition des terres qui se fait sans « consultation » des masses paysannes.
Dans un autre rapport publié en 2010 par le Think Tank américain The Oakland Institute affimait que « près de 50 millions d’hectares de terres cultivables dans les pays en développement sont actuellement aux mains d’investisseurs privés ».
Le rapport accusait nommément la Banque mondiale de favoriser le phénomène en Afrique, à travers sa filiale qui s’occupe du secteur privé, la Société financière internationale (SFI), notamment à travers ses programmes “Access to land’”(Accès à la terre) et “Land market for investment” (Marché foncier pour l’investissement).
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