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« La beauté des âmes » : apologie du fond des ténèbres…(NOTE DE LECTURE)

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(Ouestafnews )- En poésie, il faut allier tendresse et passion. L’imaginaire du poète est encore livré au monde pour ressentir juste et transcrire vrai toute une panoplie d’esquilles, appartenant ou non à son cosmos. Ainsi, pourrait-on résumer la démarche d’Ousmane Diop, une plume aigre-doux qui s’invite dans la prophétie.
 
«La beauté des âmes», recueil de poème paru en 2016 aux éditions A.DI.PRO.L, semble déjà tracer le destin d’un vieux monde, emprisonné dans ses nouvelles réalités. Avec ses mots teintés de mélancolie, l’auteur nous invite au réveil des consciences. 

Dans ce texte qui décline au présent une certaine mémoire, faite de regrets et de nostalgie.  Les lignes du poète devraient ainsi ériger l’ère de la poétique rebelle mais toujours tendre…et fidèle à son rêve d’antan.

Le poète est parti d’un village où seul le drapeau de l’amour flotte, pour aller chercher, dans un élan d’incertitude, le pain qui ne semble point apaiser sa faim. Mais son rêve survit des cendres d’un espoir brisé. D’abord réduit dans un néant qui n’a pas de nom. Comme tiré d’une torpeur, l’auteur :   

«Un jour sur terre la vie naîtra à la rencontre de nos deux rivières.
La vie sera sève sortie de nos rêves. Lave qui jaillira de nos volcans…».

Et le poète résiste au cauchemar d’un vieux monde pour installer le rêve. Celui-ci s’écrit, au fil des pages et garde, malgré tout, son immense clairière de beauté face aux scènes perfides de la vie. Car si le bonheur et la quiétude sont éphémères, la parole doit rester vivace ; même si elle s’est tantôt ternie face aux reflets moins lisses d’un triste lendemain.

«… Ce monde qui navigue tout seul dans sa volonté tenace de ne pas se soumettre à la nature qu’il ignore de fond en comble».

Il faut dire que l’incertitude survint quand le poète s’engage dans une dynamique de dénonciation des abus premiers, à la base de toutes les folies. Ces dernières devront occuper encore plus de temps et d’espace, entre dévotions nouvelles et émotions attardées.

C’est encore dire la grande déception de l’auteur qui ne trouve, dans cette nouvelle existence, qu’un long fil capricieux qui s’étire à sa guise pour le côté peu commode des jours nouveaux, victimes d’un faux procès social.

Dans la mélancolie et dans le désordre. En ce moment, les images d’un bourreau humain est plus perceptible et les regrets revêtent à la fois colère et ébranlement. «Demain et son lot de malheureux. Les mondes et leur mondialisation. L’Afrique et sa balkanisation. En saisiras-tu le refrain ?».

C’est en effet le refrain qui mène à l’épuisement car le cri a retenti, de son village, pour atteindre les confins les plus lointains de la terre. Son doigt a déjà pointé tous les cieux et s’est finalement entaché de tous les maux pour revenir sur sa seule complainte. Puis, il lâche le verdict. Il est sans appel. «Ce monde est seul. Bien plus seul que la victime et son criminel (…) Aussi seul que l’univers qui nous entoure».

Aussi, le chant du poète s’estompe-t-il, peu à peu, pour revenir à la mélancolie première, dans un sentiment de contradiction. Parce qu’il rêve, dans son cahot de solitude, la promesse d’un bonheur aux couleurs d’une idylle universelle.

Dans un registre inhabituel, Ousmane Diop ose le défi pour imposer, dans un style intense et percutant, un côté désormais tragique de la poésie. Comme dans une pièce de théâtre, cet épisode offre mille tableaux pour finir par magnifier le schéma langoureux des chants poétiques.

Et dans un ultime ressenti, le poète sénégalais est convaincu que l’âme, même confrontée aux désaccords de la vie, reste humaine et empreinte, pour toujours, de la beauté originelle.

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