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« Le cadavre de l’esclave africain demande que justice soit faite », dit Junior Ouattara journaliste à Paris

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Ouestafnews : Tout d’abord pourquoi un dossier sur ces deux sujets ?

Junior Ouattara – Il était important d’aborder ces sujets, parce qu’on a trop vite fait d’oublier qu’ils ont vraiment existé. Je ne suis pas persuadé que le devoir de mémoire soit seulement l’apanage des autres. Le rappel des drames causés par l’esclavage et la colonisation se pose plus qu’hier notamment face aux théories-discours des négationnistes et des révisionnistes. Il faut le leur rappeler de sorte à ce que le monde sache qu’au nom d’une pseudo mission civilisatrice pendant quatre siècles, un peuple a été violé, déporté puis asservi. Le dire ne fait pas de nous des nostalgiques, mais bien plus des remparts pour que l’Humanité n’ait plus jamais à connaître ce type d’horreur à grande échelle et sur une période longue.

Ouestafnews – Que cherchez-vous particulièrement à montrer à travers ce travail, vu que ces sujets ont été retournés dans tous les sens ?

J. O – On cherche à démontrer que le peuple africain « misère du monde » comme ils disent, a eu ce statut discutable à cause justement des raisons exogènes entre autres, l’intervention de l’Occident dans l’histoire du continent pendant 400 ans. Tout a été détruit sous l’esclavage et la colonisation. Les systèmes politiques africains brisés, les rites cultuels et les valeurs culturelles massacrés, l’économie pillée, le développement humain gravement contrarié. Je ne suis pas sûr que ces « sujets ont été retournés dans tous les sens ». C’est justement parce qu’ils sont confinés dans des cercles restreints et manifestement frappés de la livrée de l’embarras ainsi que de la discrétion que nous en parlons pour que l’Humanité n’oublie pas. Mais en parler juste ne suffit pas, nous posons le problème des responsabilités et des dédommagements, y a-t-il une honte à demander des réparations quand on a planifié la tuerie à grande échelle, la déportation en quantité industrielle, et érigé la soumission en mode de gouvernance ? Le débat est ouvert. Ceci dit, il ne faut pas quand même oublier que les Africains n’avaient pas de statut d’homme. Comment est-ce possible ? De quel droit pouvait-on nier aux Africain leur humanité ? De quel droit et au nom de quoi ?

Ouestafnews – Quels sont les pays les concernés par votre dossier ?

J.O. Tous les pays africains sont concernés. On a étudié pays par pays, la période esclavagiste et coloniale ainsi que les conséquences aujourd’hui. Ensuite, le débat sur les réparations est ouvert.

Ouestafnews – En quoi ce travail journalistique fera-t-il avancer la réflexion sur ces deux phénomènes qui ont marqué le devenir du continent africain ?

J.O – Partout où il y a homme, il y a invitation à la réflexion. Pourquoi ce qui s’est passé est-il arrivé ? Est-ce que cela se reproduira-t-il encore ? L’offensive actuelle de l’Occident sur l’Afrique comme en Côte d’Ivoire, en RD Congo, en Libye, etc., est-elle une nouvelle forme de menaces ? Bref, j’ai acquis la conviction que la réflexion ne fait que débuter et elle ne prendra pas fin tant que l’Afrique n’aura pas les réponses, toutes les réponses à ses questions. Et surtout tant que les criminels n’auront pas admis leurs fautes et faire acte de repentance. Le cadavre de l’esclave africain demande que justice soit faite ! Et nous disons que c’est le minimum…

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