« Des risques pèsent principalement sur les 80 millions de petits producteurs que compte l’Afrique (qui) assure 30 % du produit intérieur brut du continent et 40 % des exportations », a-t-il poursuivi avant d’insister sur la nécessité de s’assurer aussi « que les populations qui sont victimes de ses accaparements de terres reçoivent une compensation adéquate, et que leur droits soient respectés ».
Le débat sur « l’accaparement des terres » fait rage sur le continent africain depuis quelques années, mais concerne aussi sur d’autres parties du monde.
D’un côté, des défenseurs des « petits producteurs » dénoncent des pratiques injustes sur fond de corruption alors que de l’autre, des cercles favorables aux grands projets agricoles parlent plutôt « d’acquisition à grande échelle » et plaident en faveur de la pratique pour favoriser les gros investissements dans les pays concernés.
En Afrique, Oxfam et cinq autres organisations africaines dont le Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles d’Afrique de l’ouest (Roppa) ainsi que la Plateforme régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (Propac), ont décidé de mener le combat contre le phénomène.
« Entre 2000 et 2010, 700 transactions foncières se sont déroulées en Afrique pour une superficie totale de 56,2 millions d’hectares », selon le responsable de l’ONG.
L’accaparement de terres, dont les principaux bénéficiaires directs sont souvent des multinationales étrangères associées à des élites locales africaines, est défini par les spécialistes comme tout mode d’acquisition de terre qui « viole les droits humains, bafouent le principe de libre consentement des usagers de la terre et qui élude les questions de transparence dans l’établissement des contrats ».
En Afrique de l’ouest, le phénomène gagne de l’ampleur et des rapports de plus en plus accablants sont produits par des ONG, mettant en cause essentiellement de grands groupes étrangers et la corruption des élites locales.
En octobre 2011, des troubles ont éclaté dans le sud de la Sierra-Léone entre des populations paysannes et les forces de l’ordre, suite à un bail de 50 ans portant sur une superficie de 6500 hectares , accordé par le gouvernement à une filiale du groupe français Bolloré, active dans la culture de l’huile de palme et de l’hévéa.
L’acquisition de ces terres obtenus « sans consultations » avec les riverains a été dénoncée par l’Oakland Institute (Think Tank américain) dans un rapport publié en avril 2012.
« Ces larges étendues de terres agricoles affectées aux compagnies étrangères constituent un danger pour ces populations qui sombrent dans la pauvreté, car perdant leur sources de revenus », argumente Silas Siakor, Chargé de campagne au sein de l’Ong libérienne Sustainable developement.
Dans une note transmise à Ouestafnews à la mi-septembre, son organisation dénonçait le million et demi d’hectares attribués depuis 2009 par le gouvernement libérien au géant malaisien de l’huile de palme Sime Darby et à un fonds d’investissement singapourien dénommé Gloden Veroleum, au détriment populations locales.
Dans les pays en développement un total de 227 millions d’hectares, soit la superficie de l’Europe de l’ouest, ont été vendus ou loués depuis 2001, note un document consulté sur le site internet d’Oxfam.
Selon le directeur exécutif de l’Institut panafricain pour la consommation, les citoyens et le développement (Cicodev), Amadou Kanouté, la solution passe d’abord par un « changement de vision ».
« Il faut voire la question sous une perspective d’aménagement du territoire, au-delà de l’agriculture, la terre remplit plusieurs autres fonctions donc l’habitat, l’élevage, l’industrie… et c’est autour de tout cela que , l’Etat, la société civile, les industriels, les agriculteurs doivent s’assoir pour discuter », déclarait-il dans un récent entretien avec Ouestafnews.
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