Affaire Dangnivo : la version du gouvernement béninois (texte intégral)

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En effet, depuis quelques temps, la situation socio-politique nationale est marquée par des événements graves organisés qui affectent le peuple et qui visent à remettre en cause la paix sociale à laquelle tous les Béninois sont attachés. Le plus récent est la disparition regrettée par tous de monsieur Urbain Dangnivo.

Il convient de rappeler à l’attention de l’opinion nationale que la prise en main du dossier de la disparition de notre concitoyen Urbain Dangnivo par la Justice au travers d’une Commission d’enquête judiciaire fortement appuyée par les Services de sécurité et de défense mis en alerte maximale par le gouvernement, a conduit à la découverte et à l’exhumation du corps présumé du disparu à Womey, un quartier de la banlieue d’Abomey-Calavi.

Face à ces résultats d’enquête, le gouvernement qui travaille sans désemparer pour un dénouement rapide de cette affaire, a actionné la Coopération internationale qui a permis d’envoyer au Bénin deux (2) médecins légistes dont l’un est français et l’autre allemand pour procéder, en collaboration avec les médecins légistes béninois, à l’autopsie du corps exhumé et surtout au test d’ADN ordonné par le juge d’instruction afin de se convaincre de son affiliation à sa famille d’appartenance et par voie de conséquence s’il s’agit ou non du corps du disparu en cause.

La découverte dudit corps et la collaboration entre médecins légistes béninois et européens sollicités et immédiatement dépêchés à Cotonou auraient pu accélérer la manifestation de la vérité. Mais grand a été l’étonnement du Conseil des ministres de constater que les parents de Dangnivo refusent de se prêter au test d’ADN qui est pourtant un exercice capital et indispensable à la manifestation de la vérité dans ce dossier judiciaire qui, aujourd’hui, fait l’objet d’une exploitation politique et syndicale à outrance.

En agissant tel qu’ils le font en ce moment, les parents de Dangnivo, visiblement mal conseillés et arguant de ce que des charlatans-visionnaires leur auraient confirmé que Urbain Dangnivo serait toujours en vie, ont consciemment ou inconsciemment par leur refus fait :

– d’une part, une grave entrave au travail technique de la justice prêtant ainsi flanc aux activistes qui, n’ayant aucun intérêt à ce que la vérité soit vite sue par le peuple béninois, s’emploient à brouiller les pistes et à politiser le dossier;

– d’autre part, une obstruction aux enquêtes judiciaires, ce qui, au regard des lois de la République, constitue une infraction;

– enfin, un manque de respect pour les instances judiciaires de notre pays.

En tout état de cause, le test d’ADN demeure en l’état actuel de la science et de la technologie, le seul et unique moyen de se convaincre de l’identité, de la filiation du cadavre exhumé à Womey et donc de l’état de vie ou de mort de Urbain Dangnivo.

Normalement, les parents du disparu, en bons et honnêtes citoyens, devraient être les premiers à exiger non seulement l’autopsie mais aussi et surtout le test d’ADN qui devrait:

1) les situer de façon nette, impartiale et objective et
2) délivrer notre pays et notre économie aujourd’hui pris en otage par des politiciens et des syndicalistes, qui trouvent en cette épreuve douloureuse un fonds de commerce politique et syndical.

Des questionnements se posent alors face à ce développement du dossier Dangnivo notamment celui de savoir si ces manifestations politique et syndical sont de nature à faciliter le travail de la justice, seul pouvoir habilité à rechercher, découvrir, prouver les infractions à la loi, à poursuivre et à sanctionner les coupables.

Au demeurant, le Conseil des ministres note qu’il y a visiblement un paradoxe dans l’attitude qui consiste à organiser des manifestations pour brouiller les pistes, obstruer les enquêtes par des marches, des grèves, – des sit-in et des pressions de toutes sortes tendant à ralentir voire bloquer les enquêtes pour empêcher la manifestation de la vérité et à exiger au même moment cette vérité.
En réalité la forte récupération politique et syndicale de l’affaire Dangnivo est évidente.

Le Conseil des ministres tient à souligner qu’il ne saurait avoir de démocratie sans un Etat de droit et que cet Etat de droit est inconcevable sans une justice fonctionnant normalement et créditée d’un minimum de confiance de la part des citoyens.

Le dossier Dangnivo étant déjà pendant devant la justice de notre pays, toutes autres manifestations ne peuvent avoir pour finalité que de perturber coûte que coûte l’ordre public avec la volonté manifeste de brouiller les pistes.

C’est pourquoi, le Conseil des ministres appelle notamment les avocats-conseils de la famille Dangnivo au respect de la déontologie de leur profession d’auxiliaire de justice et à l’observation des dispositions de l’article 35 de la Constitution du Bénin aux termes desquelles «les citoyens chargés d’une fonction publique ou élus à une fonction politique ont le devoir de l’accomplir avec conscience, compétence, probité, dévouement et loyauté dans l’intérêt et le respect du bien commun »,

Le gouvernement du Bénin et son chef prennent le peuple béninois à témoin et réaffirment avec force leur engagement non seulement pour le progrès social, l’unité nationale, la paix, la concorde sociale, la meilleure gouvernance et la coopération sous-régionale, régionale et internationale, mais aussi pour la sauvegarde des droits humains, des droits et libertés publiques (liberté de pensée, de parole, d’association, de manifestation etc.).

La position du gouvernement n’est pas opposée aux marches régulièrement organisées, c’est-à-dire celles qui respectent les lois et règlements de la République et dont les visées s’accommodent bien de la défense des intérêts corporatistes et associatifs.

Le gouvernement tient à clairement se démarquer des manifestations, déclarations et autres marches visant à:

– brouiller l’instruction judiciaire du dossier Urbain Dangnivo,
– organiser des sabotages dans les secteurs économiques et sociaux ;
– semer artificiellement la confusion, le trouble, la haine, le régionalisme et l’inquiétude dans l’esprit des paisibles populations ;
– inciter artificiellement les travailleurs à la révolte et à la sédition;
– plonger le Bénin dans une crise sans nom et dans des aventures sans issue.

Convaincu que la pauvreté qui est l’ennemi commun du peuple béninois ne peut être éradiquée sans la paix, le gouvernement appelle une fois encore le peuple à rester calme et à laisser la Justice continuer son travail dans la sérénité requise afin d’aboutir le plus rapidement possible à la manifestation de la vérité dans l’affaire Urbain Dangnivo.

Il exhorte la nation béninoise à un sursaut et à se raviser afin de cesser les manifestations qui la troublent et l’empêchent de vaquer à ses occupations professionnelles, seule source de création de richesse et de progrès social appelé de tous nos vœux.

Le secrétaire général du gouvernement,
Ibraïma SOULEMANE

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