Pour l’organe de régulation de l’audiovisuel sénégalais, « la justice n’est pas un spectacle » et « la perspective d’admettre les micros et caméras dans la salle d’audience doit être strictement encadrée ».
Cette sortie du CNRA contre toute diffusion télévisuelle, est en droite ligne de la position des partisans et avocats de Hissène Habré, qui invoquent entre autre la présomption d’innocence, le respect dû à la « dignité » de tout justiciable.
Dans une déclaration transmise à Ouestafnews fin mars 2014, les avocats de Hissène Habré appelaient déjà le CNRA et le Conseil pour le respect de l’éthique et de la déontologie (Cored), respectivement organes de régulation et d’autorégulation de la presse sénégalaise, à agir contre le « lynchage » médiatique perpétré par des journalistes qui accompagnent les enquêteurs lors de leur déplacement au Tchad.
« Les journalistes ne peuvent être recrutés, convoyés tous frais payés par un camp pour opérer un balisage médiatique à des juges pour faire accepter à l’opinion nationale et internationale une condamnation future du président Habré », déploraient les avocats de Monsieur Habré.
L’idée d’une retransmission à la télévision, est selon le CNRA, à écarter du fait de fait de la nature « polémique » du procès pénal.
« Le procès pénal charrie des passions (…), le rappel des faits et la recherche du niveau d’implication des acteurs réveillent de douloureux souvenirs. Les argumentaires soutenus à la barre des juridictions convoquent souvent des éléments qui ravivent la tension », avertit le CNRA.
Officiellement inculpé pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures, Hissène Habré réfugié au Sénégal depuis 1990 est en détention provisoire depuis le 2 juillet 2013 à Dakar.
Son procès prévu courant 2014, est organisé par la Chambre africaine extraordinaire, une juridiction spéciale créée par le Sénégal qui a reçu le mandat de l’Union africaine pour organiser le procès de l’ancien président Tchadien.
En perspective de ce procès, les enquêteurs qui ont une nouvelle fois, séjourné du 15 au 30 mars au Tchad ont procédé à l’audition de 522 personnes, en qualité de parties civiles et de 28 autres en qualité de témoins, selon des informations relayées par l’Agence de presse sénégalaise (APS, publique).
Lors de l’inauguration de la Chambre africaine extraordinaire, en février 2014, le procureur de cette Cour Aly Ciré Ba, avait indiqué que le procès pouvait, à titre indicatif, durer 15 mois.
L’affaire Hissène Habré, suscite un grand intérêt de la communauté internationale : outre l’Union africaine, l’Union européenne et le gouvernement américain se sont engagés à assurer le financement du procès, chiffré à une dizaine de milliards FCFA.
Hissène Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, avant d’être renversé par une rébellion menée par son ex-compagnon, Idriss Déby.
« Le régime à parti unique du président Habré a été marqué par des atrocités commises à grande échelle, y compris des vagues d’épuration ethnique », souligne pour sa part Human Rights Watch (HRW).
Selon l’Ong américaine, qui affirme détenir des documents provenant de la DDS, la police politique du régime, 1208 personnes ont été exécutées ou décédées en détention et 12.321 autres ont été victimes de violations de leurs droits
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