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Afrique de l’ouest : défis sécuritaires à la pelle

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Le manque de « viabilité » des Etats, pris individuellement, et le manque de vision claire au niveau sous régional, au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont été soulignés comme faisant partie des facteurs aggravants de cette situation.
 
La Cedeao, vaste espace peuplé de 260 millions d’habitants, fait aujourd’hui face à de multiples menaces à sa sécurité  : terrorisme, piratage maritime, trafics de drogues, d’armes et même d’êtres humains.
 
« Nous demandons à nos Etats d’assurer notre sécurité, de construire des nations alors que nos Etats ne sont pas solides et viables », a regretté Mamadou Koulibaly,  ancien président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire, pays que ses dirigeants politiques ont plongé dans le chaos et qui a vu ses fils s’entredéchirer pendant près d’une décennie.
 
« Après 50 ans d’indépendance nous constatons que nos pays ont peu de forces pour résoudre ces types de questions », a poursuivi Mamadou Koulibaly, connu pour ses positions nationalistes.
 
Il a  d’ailleurs jugé la crise actuelle au Mali « humiliante » pour les Africains avant d’avertir : « l’intervention étrangère a un prix et on ne devrait pas crier à l’impérialisme au moment de payer ».
 
Si nombre d’Africains ont salué l’intervention militaire française en cours au Mali,  en estimant qu’il a sauvé ce pays de l’avancée des groupes armés certains esprits plus critiques n’ont pas manqué de déceler des visées coloniales dans la décision de Paris de venir « au secours » des autorités de Bamako.
 
Proposant une approche globale du problème sécuritaire, Cheikh Tidiane Gadio,  ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères a de son côté questionné les fondements même de la Cedeao.
 
Il a soutenu que l’impasse actuelle (dans la sous région ) provient de la décision consistant à régler des questions politiques par une approche économique.
 
« En Afrique de l’ouest, on devait d’emblée aller vers une intégration politique ouest africaine mais nous avons choisi une communauté économique », a dit l’ancien ministre sénégalais.
 
Cette thèse toutefois été réfutée par le politologue Massaer Diallo, qui se dit pas très convaincu par l’argument « du déficit d’intégration et de l’absence de politique sécuritaire en Afrique de l’ouest ».
 
« Il y a des acquis », a-t-il estimé rappelant  que « sans la Cedeao on serait encore plus mal en point au Liberia et en Sierra-Léone (…) en Guinée-Bissau », a-t-il défendu.
 
Dans le passé des forces militaires ouest africaines sont effectivement intervenues avec plus ou moins de succès au Liberia, en Sierra Leone, en Guinée Bissau, en en Côte d’Ivoire. M. Diallo, a donc invité ses collègues à plus d’analyses et de réflexion en ce qui concerne la crise malienne.
 
Au Mali, des questions de ressources financières et des batailles de positionnement avec l’Union Africaine ont empêché l’envoi de soldats de la sous-région sur le terrain. Ceux-ci n’ont été déployés sur le terrain qu’au lendemain de l’intervention française déclenché le 11 janvier 2013 et ont donc été obligés de jouer les seconds rôles derrière les militaires français.
 
Le débat sur les politiques sécuritaires communes est devenu une question centrale au sein de l’espace ouest africain, à la faveur des nombreuses crises qui assaillent la sous-région, et dont l’épicentre semble aujourd’hui être la guerre que mène la France, appuyées par quelques pays africains, contre différentes groupes armés au nord du Mali.
 
Depuis la publication en 1994 d’un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) sur la question, le concept de « sécurité » vise désormais à s’étendre à la vie des « êtres humains » et à l’exercice de leur liberté. Elle n’est plus donc confinée à seule protection des Etats et de leurs objectifs stratégiques.
 
La rencontre de Dakar se tient du 13 au 14 mars 2013 en prélude à une conférence sur « la paix, la sécurité humaine et les dynamiques de réconciliation », prévue celle-là du 11 au 13 juin 2013 à Abidjan.

Voir également:

l’intervention militaire ne suffira pas (Kofi Annan)

Crise malienne:Pschose en Afrique de l’ouest


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