Au Burkina Faso et au Nigeria surtout, la tension est très palpable et suscite déjà de fortes des appréhensions quant à l’éclatement possible de troubles.
Burkina Faso : longévité et pouvoir contesté
Au Burkina Faso, le président Blaise Compaoré au pouvoir depuis 1987, semble vouloir prolonger son bail à la tête de l’Etat. Sa volonté d’organiser un référendum pour modifier l’article 37 de la constitution relatif à la limitation du mandat présidentiel est à la base d’un grand mécontentement au sein de l’opposition et de la société civile qui pour le moment multiplient les initiatives pacifiques afin d’empêcher l’accomplissement d’un tel dessein.
« Le Burkina Faso a jusqu’ici pu échapper à de graves bouleversements grâce à sa stabilité interne et un solide appareil sécuritaire. Mais la détérioration du climat politique à l’horizon 2015 pourrait rendre le pays plus vulnérable », lit-on dans le dernier rapport de l’ONG International Crisis Group (ICG) consacré à ce pays.
La modification de la loi fondamentale, et notamment des articles limitatifs du mandat présidentiel constitue la nouvelle trouvaille des « potentats » sur le continent, mais l’histoire récente nous a montré qu’elle fut fatale pour Mamadou Tandja du Niger et Abdoulaye Wade, l’ex-président sénégalais.
Togo : le dialogue impossible
Une situation similaire se déroule au Togo où le président Faure Gnassingbé veut briguer un troisième mandat alors que ses opposants réclament en vain l’adoption de réformes constitutionnelles et électorales préconisées par l’Accord politique globale (APG) signé en 1999 sous l’égide de l’Union européenne.
Ces réformes portent entre autres sur la limitation du mandat présidentiel, et l’adoption d’un mode de scrutin à deux tours. Ces deux points autour desquels, un consensus peine à se faire, furent à la base de l’échec, début juin 2014, du dialogue entamé avec le pouvoir.
Pour Isidore Kpotufe, en charge de la section francophone du Think tank, Imani (basé au Ghana), la « vérité des urnes » passera par la non-présentation de Faure Gnassingbé pour un troisième mandat, un Consensus sur les élections à deux tours, une composition paritaire de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et une composition paritaire de la Cour suprême.
Nigeria : un président affaibli et déjà des troubles
Au Nigeria, le président Goodluck Jonathan déjà fortement affaibli par la vague de violence meurtrière que les insurgés de Boko Haram ont installé dans le pays depuis 2009, subit une forte contestation au sein de son propre parti, le People’s democratic party (PDP).
Contestant la volonté de Goodluck Jonathan de briguer un autre mandat, des cadres importants (parlementaires, gouverneurs…) du PDP sont partis grossir les rangs de l’opposition.
Le président Jonathan qui avait terminé le mandat de Umaru Yara’adua, décédé en 2009 a été élu deux ans plus tard. En février 2015, il sera en lice pour une réélection sous la bannière du PDP. Nul doute que les prochains développements au plan sécuritaire auront un impact sur le scrutin dans un pays où la secte Boko Haram a fini de prouver qu’elle peut frapper à tout moment et n’importe où.
Guinée et Côte d’ivoire : « normalisation » fragile …
Les Ivoiriens et les Guinéens se relèvent à peine de la douleur de leurs précédents scrutins présidentiels, et tentent d’amorcer une difficile normalisation couplée à la reprise économique. Et pourtant rien ne dit que les vieux démons ne vont pas refaire surface et replonger ces deux pays au grand potentiel dans le chaos.
Présentant son rapport sur la situation en Afrique de l’ouest, le 08 juillet 2014 devant le conseil de sécurité, le représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des nations-unies (Onu), Saïd Djinnit a averti que l’Afrique de l’ouest est à l’orée d’une période « cruciale ».
« Ces scrutins se dérouleront dans des sociétés fortement polarisées et dans un contexte de profondes divisions politiques », a déclaré le diplomate algérien qui a notamment appelé la classe politique nigériane à faire « front commun » contre les menaces sécuritaires dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.
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