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Afrique de l’Ouest : un insecte menace la sécurité alimentaire

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Ouestafnews – La chenille légionnaire d’automne, un insecte ravageur des cultures signalé en Afrique de l’Ouest, peut plonger la sous-région dans une insécurité alimentaire, avertissent les spécialistes. Originaire des régions tropicales et subtropicales des Amériques, elle inquiète les agriculteurs de coton et de maïs du Bénin, du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Nigéria, du Ghana, du Niger et de la Sierra Leone depuis début 2016.

Le ravageur a été découvert au Sénégal au mois d’août 2017. «La chenille légionnaire d’automne a été observée sur les cultures de maïs courant août 2017 à Ndjigui, Nganda et Santhie Dimb (région de Kaffrine, centre) et Nianghène (région de Kaolack, centre) », renseigne la  note d’alerte d’août 2017 de la Direction de la Protection des Végétaux (DPV), distribuée dans le cadre de la sensibilisation des agriculteurs et des techniciens sur le dispositif d’encadrement et de conseil rural sur la présence de ce ravageur.

Interpellé par Ouestafnews, le chef de la division législation et quarantaine de la Direction de la protection des végétaux, Abdoulaye Ndiaye ajoute que les régions de Saint-Louis et Kolda sont désormais touchées.

Sans préciser la taille des superficies infestées, M. Ndiaye reconnaît que le fléau s’est propagé. Et le hic, selon lui est qu’ «une intervention locale s’avère inefficace» en matière de lutte contre la chenille légionnaire d’automne. Parce que la présence de l’insecte dans les autres pays voisins ou même lointains constitue «une réelle menace sur nos cultures. A l’âge adulte, il peut faire 100 km au vol en une seule nuit.»

Jusqu’à 73% du rendement menacé

Bien que les localités infestées par la chenille légionnaire soient sous surveillance des agents de la DPV, le chef de la division législation et quarantaine se dit inquiet quant à l’avenir. «On se cherche encore au Sénégal. Les années à venir sont très risquées. Toutes les cultures horticoles sont menacées», avise Abdoulaye Ndiaye.

Selon l’Organisation des nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), la chenille légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda) peut causer des dégâts sur des céréales d’importance économique telles que le maïs, le riz et le sorgho, mais aussi sur les cultures maraîchères et le coton.

M. Ndiaye précise d’ailleurs que l’insecte ravageur «s’attaque aux cultures à tous les stades du cycle de leur vie et surtout aux surfaces foliaires, empêchant du coup la photosynthèse des plantes qui meurent.»

Le Centre International pour l’Agriculture et les Sciences Biologiques (CABI), basé à Londres, informe dans une note d’information publiée en 2017 que l’insecte se nourrit en grande partie de feuilles et de tiges de plus de 80 espèces végétales.

«Les infestations durant le stade de développement du maïs, allant du milieu à la fin du cycle entraîneraient des pertes de rendement de 15 à 73% lorsque 55 à 100% des plants étaient infestées ». Les chenilles de S. frugiperda semblent être beaucoup plus dommageables pour le maïs en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale que la plupart des autres espèces de Spodoptera d’Afrique », ajoute la note d’alerte de la DPV d’août 2017.

Pour le moment, la DPV qui constitue la cheville ouvrière dans cette lutte au Sénégal, compte sur les agents de ses huit bases d’alerte agricole et onze postes de contrôle phytosanitaire sur le territoire sénégalais.

«En Afrique, il n’existe pas encore de solution suffisante», regrette M. Ndiaye. Or, selon la note d’information du CABI, si les  mesures de  contrôle appropriées ne sont pas appliquées, le parasite pourrait causer dans le rendement du maïs des pertes considérables estimées entre 3,6 et 6,2 milliards de dollars ( entre 1900 et 3300 milliards FCFA) par an pour l’ensemble des 12 principaux pays africains producteurs de maïs.

Le maïs étant un aliment de base consommé par « plus de 300 millions de familles de petits exploitants africains », indique la Fao.

Impossible de l’éradiquer en Afrique

Il y a urgence pour des recherches et d’actions concertées entre tous les pays concernés par le fléau. La légionnaire d’automne «ne peut être éliminée en Afrique. » La femelle adulte vole sur de longues distances et s’est rapidement propagée sur le continent africain, envahissant des cultures.

Elle pond des œufs sur les plantes, qui éclosent sous forme de larves et commencent à attaquer les cultures. «Trop répandue et nombreuse pour être éliminée», s’alarme la Fao qui affirme que «les efforts d’éradication à grande échelle ne sont ni appropriés ni réalisables ».

M. Ndiaye de la DPV avertit également que «l’insecte résiste aux pesticides utilisés. Il faut donc une méthode de lutte intégrée (lutte chimique et biologique) pour arriver à bout.».

Dans cette optique, la Fao, les services de gouvernements et les partenaires comme l’Usaid travaillent à recueillir et à analyser les expériences et les meilleures pratiques des Amériques pour aider «à concevoir un programme de lutte durable contre la légionnaire d’automne en faveur des petits exploitants en Afrique. »

C’est le cas du séminaire de formation des formateurs organisé à Cotonou (Bénin du 13 au 15 février), sur la gestion de la chenille légionnaire d’automne.

Toutefois, la Fao estime que  jusqu’ici que le maïs génétiquement modifié qui résiste aux insectes (connu sous le nom de «maïs-Bt») a été efficace contre la chenille légionnaire d’automne dans les Amériques.

Par conséquent, le «maïs-Bt» peut être l’une des options pour la lutte contre ce ravageur en Afrique. Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire, y compris la réalisation d’essais et la collecte de données.

FD/mn/ad

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