Afrique de l’ouest : forte poussée de fièvre préélectorale

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Ouestafnews – L’Afrique de l’Ouest se dirige vers une fin d’année politiquement chargée et déjà marquée par la poussée de la fièvre préélectorale dans plusieurs pays. De la Côte d’Ivoire au Niger en passant par le Burkina Faso ou la Guinée, on affûte les armes en vue des de scrutins présidentiels cruciaux, dans une région où les élections sont souvent source de tension, voire de violence.

Burkina Faso : enterrer la transition et l’ère Compaoré

Au Burkina Faso, l’élection présidentielle anticipée va se dérouler le même jour que celle de la Guinée. Ici, pas de président sortant, mais il s’agira plutôt d’en finir définitivement aec l-ère du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir en octobre 2014 par la rue après prés de trois décennies à la tête de ce pays.
Ce scrutin couplé aux législatives reste ouvert et comporte des enjeux assez importants pour ce pays. Il viendra mettre fin à la Transition incarné par le président Michel Kafando et solder définitivement le compte des 27 ans années de pouvoir de Compaoré.

Le président déchu et en exil en Côte d’Ivoire est accusé « haute trahison » et « attentat à la Constitution ». Son dossier est déjà entre les mains de la justice. Le 16 juillet 2015, les députés du parlement intérimaire ont voté sa mise en accusation devant la Haute Cour de justice pour « haute trahison » et « attentat à la Constitution ».

La Cour constitutionnelle s’est déclarée incompétente face à une requête en annulation déposée par des députés de l’ex-parti présidentiel. Le procès ou les procès contre le président déchu pourraient donc démarrer avant la fin de transition.

« Avant la fin de la transition, on doit pouvoir juger les premiers dossiers », affirmait le procureur général de la Cour de cassation, Armand Ouédraogo, lors d’une conférence de presse, le 07 août 2015 à Ouagadougou.

En vue de la présidentielle, une quinzaine de candidats ont été investi par leurs formations ou partis politiques et près que 7000 listes ont été reçues par la Commission électorales nationale indépendante pour ce qui est des législatives.

Côte d’Ivoire : Ouattara et les stigmates de la crise postélectorale

La Côte d’Ivoire aussi organise un scrutin présidentiel en octobre. Cette élection intervient après celle mouvementée de 2010 qui a culminé en une violente crise post-électorale causant la mort de 3000 personnes dans ce pays, considéré comme le moteur économique de l’Afrique de l’ouest francophone.

Cinq ans après, les démons de la division sont-ils pour autant derrière ce pays ? Rien n’est moins sûr. Le débat est par une partie de l’opinion et des observateurs internationaux, mais n’inquiète guère, le président Alassane Ouattara et ses partisans qui préparent activement la bataille du 25 octobre 2015.

Le président Ouattara, qui vient d’achever une nouvelle tournée dans le pays, se prévaut de son bilan économique qui tire actuellement le pays vers une croissance à deux chiffres. Sur la route de la réélection, Alassane Ouattara a la chance selon certains analystes de concourir avec une opposition atteinte par la désunion.

L’ex-parti au pouvoir le Front patriotique ivoirien (FPI) n’a pas résisté à la chute de son leader, Laurent Gbagbo. Le FPI est aujourd’hui sérieusement miné par les divisions en son sein.

L’ancien chef de l’Etat et président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a cassé la dynamique unitaire de cette historique formation à travers son « appel de Daoukro » qui appelle à la réélection d’Alassane Ouattara, son ennemi d’hier et puissant allié d’aujourd’hui.

Alassane Ouattara qui a en grande pompes, déposé sa candidature, le 05 août 2015 à la Commission électorale indépendante (Cei), fera sans doute face à des figures bien connues de la vie politique ivorienne dont Pascal Affi-N’guessan du FPI, Mamadou Koulibaly (ancien du FPI et aujourd’hui à la tête du parti Lider).

La liste des opposants à Ouattara sera certainement allongée par les opposants à l’appel de Daoukro, Charles Konan Banny, ex-premier ministre, Kouadio Konan Bertin et Amara Essy .

Alors que le dépôt des candidatures sera clôturé le 25 aout 2015, la Cei a pour l’instant reçu neuf candidatures qui à l’exception d’Alassane Ouattara est composé de personnes pas assez connus du grand public.

En quête d’une réélection, Alassane Ouattara reste critiqué pour la gestion du dossier judiciaire de la crise postélectorale à propos duquel il traîne comme un boulet les accusations de quelques organisations de défense des droits de l’Homme qui lui reproche l’existence d’une « justice des vainqueurs ».

Dans un rapport publié début août 2015, l’ONG Human Right Watch (HRW), déplore des insuffisances dans le renforcement de l’indépendance de la justice.

Pour l’ONG américaine, le régime de Ouattara ne s’est pas attaqué aux « causes profondes des violences commises dans le pays depuis dix ans notamment l’impunité, la corruption, les conflits fonciers et la prolifération des armes légères ».

Au-delà de la Guinée, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire, le Niger va vivre en février 2016, un scrutin présidentiel, qui fait déjà l’objet de tiraillement entre les acteurs politiques.

Alors que l’alternance politique et pacifique est en train de devenir une banalité au Cap-Vert et au Ghana les élections notamment le scrutin présidentiel est encore porteuse de potentielles de crise dans le reste de la sous-région.

Signe de l’inquiétude qui prévaut dans le pays, à quelques semaines du scrutin, des initiatives sont lancées pour éviter au pays de retomber dans la violence.
Guinée : la bombe désamorcée

Avec un premier tour prévu, le 11 octobre 2015, la Guinée est déjà en plein dans la période des tensions préélectorales.

Le 11 août 2015, un décret présidentiel est venu confirmer la date du premier tour choisie par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Dès le lendemain, le président sortant a été plébiscité par son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), officialisant du coup sa volonté de briguer un second mandat.

Dans l’intervalle, les règles du jeu électoral ont été changées, constituant un véritable coup de massue pour les opposants. Désormais la caution réclamée aux candidats est de 800 millions de Francs guinéens (55 millions FCFA). Ce montant passe du simple a double.

De même, le plafonnement des dépenses de campagne passe de 3 à 20 milliards de francs guinéens (1,6 milliard FCFA).

Ces deux changements majeurs introduits, à deux mois seulement du premier tour, a attise davantage la colère des opposants.

Mais le gouvernement a désamorcé au moins deux « bombes » en signant un accord avec les partis d’opposition sur la composition de la Commission électorale et sur l’audit du fichier électoral. Deux points qui ont pendant longtemps cristallisé les critiques de l’opposition.

Niger : mêmes soucis que la Guinée

A l’instar de la Guinée, au Niger, les opposants contestent fortement la tenue de la présidentielle avant les élections locales, programmées en mai 2016.

Déjà en ordre de bataille, ces opposants ont mis en place, le 17 août 2015, le Front patriotique et républicain (FPR), une nouvelle coalition qui regroupe une trentaine de partis et syndicats et dont la mission est d’imposer, la tenue d’élections libres et transparentes.

L’opposition qui invoque un « devoir de résistance citoyenne » entend « imposer au Président Issoufou Mahamadou et à son gouvernement, l’organisation d’élections inclusives, libres, transparentes, équitables, et ce, sur la base d’un fichier électoral consensuel avec un juge électoral, indépendant, impartial et sincère » peut-on lire dans le communiqué annonçant la création du FPR.

Pour sa part, le président Mahamadou Issoufou (élu en 2011) à la quête d’une réélection multiplie les promesses sur la transparence du scrutin présidentiel prévue, le 21 février 2015.

En attendant d’y arriver c’est une grande méfiance qui règne dans l’espace politique, non seulement l’opposition doute de la sincérité affichée du pouvoir sur la transparence du scrutin mais elle a aussi catégoriquement rejeté le calendrier retenu « sans consensus » par la Commission électorale, début août 2015.

Alors que l’alternance politique et pacifique est en train de devenir une banalité au Cap-Vert au Ghana et au Sénégal, dans le reste de la sous région, les élections et notamment les scrutins présidentiels, constituent un moment de vive tension politiques, qui peuvent à tout moment basculer dans la violence aveugle. Nombre de pays de la sous région ont par le passé vécu ce scénario.

Certains observateurs ne manquent d’ailleurs pas de dénoncer cet excès de fixation sur la politique et le contrôle du pouvoir présidentiel qui relègue les grandes questions comme l’économie, le chômage, la pauvreté au second plan. L’unique préoccupation des leaders politiques étant de s’installer au pouvoir à tout prix.

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