Ouestafnews – Depuis le début de l’année 2024, des inondations meurtrières ont frappé plusieurs pays en Afrique de l’Ouest et du Centre, affectant plusieurs millions de personnes, d’après des agences humanitaires internationales et les autorités de certains États concernés. Ouestaf News revient sur la situation en Afrique de l’Ouest.
« Depuis plusieurs mois, les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre connaissent des inondations sans précédent, qui ont détruit des habitations, dévasté des récoltes, emporté du bétail et entraîné des pertes en vies humaines », constate la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) dans un article publié le 6 novembre 2024.
Ouestaf News n’a pas pu disposer d’un bilan distinct pour l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest.
« Bien que les précipitations diminuent dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, elles continuent de causer des dégâts et de toucher de nouvelles populations. Au total, 7,1 millions de personnes ont été touchées depuis le début de l’année 2024 », rapporte de son côté le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) dans une infographie mise en ligne le 4 novembre 2024.
D’après Ocha, les inondations ont causé la mort de plus de 1 500 personnes depuis le début de l’année 2024 dans ces deux régions géographiques en Afrique. Elles ont aussi poussé plus d’un million de personnes dans onze pays à devenir « déplacés internes », c’est-à-dire des gens qui ont quitté leurs domiciles pour trouver refuge ailleurs à l’intérieur de leurs frontières.
La majorité de ces déplacés internes (729 000) a été recensée au Nigeria, selon la même agence onusienne. Ocha a fait état, à la date du 1er novembre 2024, de « plus de 320 morts et 1,3 million de personnes affectées par les inondations dans 34 États » de pays fédéral anglophone d’Afrique de l’Ouest.
Pluies torrentielles et désarroi
« Le niveau de l’eau est si haut cette année ! Et chaque jour, c’est pire ! », a témoigné une des déplacées nigérianes, Mamat Ibrahim, à Radio France internationale (RFI) en langue haoussa le 15 octobre 2024. Mme Ibrahim est originaire de l’État de Kogi, dans le centre du Nigeria. Elle s’est réfugiée chez des proches, désemparée, selon son récit à RFI : « Dans mon village, il y a entre 22 et 25 maisons : toutes ont été détruites et toutes les cultures ont été emportées. Les légumes, les herbes, le riz, le maïs : tout ! ».
En septembre 2024, les pluies torrentielles ont provoqué la rupture du barrage d’Alau, causant des inondations dans le nord-est du Nigeria, surtout à Maiduguri, capitale de l’État de Borno, selon des témoignages de locaux, d’organisations humanitaires et de médias internationaux. Maiduguri « est confrontée à ses pires inondations depuis 30 ans après que le barrage d’Alau a cédé », a notamment écrit le bureau au Nigeria du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) le 10 septembre 2024 sur la plateforme X (anciennement Twitter).
Le désarroi a également été grand au Niger, pays sahélien éprouvé par des années de lutte contre des groupes islamistes armés et diverses bandes criminelles. « Certaines régions ont enregistré “jusqu’à 200 %” d’excédent de pluies par rapport aux précédentes années », a rapporté le journal français Le Monde le 28 octobre 2024, citant les services météorologiques nigériens.
Les autorités nigériennes ont affirmé avoir enregistré plus de 1,5 million de sinistrés des inondations, selon un bilan au 1er novembre 2024 rapporté par l’Agence nigérienne de presse (ANP, officielle), qui ne mentionne pas le nombre de décès. Selon Ocha, les intempéries ont causé au Niger 391 morts depuis juin 2024.
Avec le Tchad et la République démocratique du Congo, situés en Afrique centrale, le Niger et le Nigeria arrivent également en haut d’une liste établie par Ocha de seize pays selon le nombre de personnes affectées par ces catastrophes en Afrique de l’Ouest du Centre. Les autres pays ouest-africains sur cette liste datant du 29 octobre 2024 sont le Mali, la Guinée, le Togo, le Bénin ainsi que, en toute fin de classement, la Gambie et la Sierra Leone.
Les pluies torrentielles ont aggravé la situation pour des milliers d’habitants du Mali, déjà en proie à une crise sécuritaire, économique et sociale complexe marquée par une guerre contre des groupes armés, la flambée des prix des denrées et des relations diplomatiques tendues avec des voisins, des organisations régionales ou d’anciens partenaires de premier plan.
« Depuis juillet 2024, ces inondations ont causé 92 morts, 154 blessés, et près de 380 000 personnes affectées dans le pays », où des dizaines de milliers de bâtiments et des champs ont été détruits, d’après un bilan d’Ocha arrêté au 29 octobre 2024. Ces chiffres sont contenus dans un point de la situation publié par Ocha le 5 novembre 2024.
Face à la gravité de la situation, les autorités maliennes ont décrété en août 2024 « l’état de catastrophe nationale ». Une des conséquences des inondations a été le report de la rentrée scolaire 2024-2025 : initialement prévue le 1er octobre 2024, elle a été effectuée le 4 novembre.
L’armée à la rescousse
Le Sénégal, voisin du Mali, a également enregistré des drames dus aux inondations. Il a été frappé en octobre 2024 par la crue du fleuve Sénégal, ayant affecté des régions du nord, de l’est et du sud-est du pays. « Selon les chiffres officiels du gouvernement, plus de 55 600 personnes réparties dans 51 villages et 44 autres sites ont été touchées par la montée du fleuve Sénégal. Plus de 1 000 hectares de cultures ont été endommagés » dans quatre régions, a rapporté Ocha le 22 octobre 2024. L’État sénégalais a mobilisé l’armée pour les opérations de secours dans les zones sinistrées, notamment « pour évacuer les villageois et le bétail dans les zones le long du fleuve Sénégal ».
En Guinée, plusieurs régions ont été gravement affectées par les inondations en août et septembre 2024. Selon un bilan publié le 21 octobre 2024 par l’Agence nationale de gestion des urgences et des catastrophes humanitaires (Anguch) de Guinée et ses partenaires, les débordements d’eaux ont causé la mort de cinq personnes et plus de 1.000 ont été blessées au 1er octobre 2024. En outre, d’après le même décompte, « plus de 175 000 personnes ont durement été affectées par cette catastrophe naturelle », dans 18 des 33 préfectures du pays.
La baisse d’intensité des pluies ou la fin des précipitations, selon les pays, ne signifie cependant pas la fin des problèmes dans les régions affectées, ont averti des acteurs humanitaires.
« Globalement, le nombre de personnes touchées et l’impact sur la production agricole, et donc sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des communautés vulnérables, sont bien plus importants que les années précédentes », a ainsi prévenu Ocha le 4 novembre 2024.
Le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine (Fews Net, pour The Famine Early Warning Systems Network) envisage d’ores et déjà « des baisses de la production céréalière » dans certains pays entre 2024 et 2025 à cause de l’impact « des inondations généralisées » survenues de juillet à octobre 2024, et ayant impacté « les terres cultivées dans le Sahel ». Parmi les pays concernés par ces diminutions de récoltes « à ce stade », figurent « le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Mauritanie, le Nigeria et la Sierra Leone », indique Fews Net dans un rapport publié le 8 novembre 2024. Ce réseau a été créé en 1985 à l’initiative de l’Agence américaine de développement international (USAID).
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