Afrique de l’Ouest : la hausse des températures menace la production rizicole (étude)

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En Afrique de l'Ouest, l'autosuffisance en riz, n'est pas encore atteint et le recours à l'importation reste très soutenu.

Ouestafnews – Le riz irrigué de contre-saison, dans la partie ouest africaine du Sahel, est sous la menace du réchauffement climatique, indique une étude du Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice). Cette hausse de température risque de créer une grande perte au niveau de la production rizicole dans une région où plusieurs pays ont lancé des programmes pour atteindre l’autosuffisance.

«La moyenne des températures journalières a atteint 37 degrés, seuil à partir duquel, le riz irrigué de contre-saison voit sa production baisser», a expliqué à Ouestafnews, Dr Pepijn Van Oort, spécialiste de la modélisation des cultures et un des auteurs de l’étude.

L’étude démontre qu’une augmentation subséquente de la température aboutirait à la chute des rendements rizicoles dans la région, du fait de la baisse de la photosynthèse, qui survient avec la hausse des températures.

Selon ce spécialiste, au-delà des 37°, la menace sur la production est telle qu’il faut des mesures d’adaptation sans lesquelles, les rendements du riz irrigué dans la région du Sahel d’Afrique de l’Ouest pendant la contre-saison vont diminuer de près de 45 %».

Si «l’adaptation est réussie les pertes de production peuvent descendre à hauteur de 15%», ajoute Dr Van Oort.

Au cours du 21è siècle, le Sahel sera confronté à des températures moyennes de plus en plus élevées, de même qu’aux changements de la pluviométrie, a prédit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Menace à la sécurité alimentaire

Ces changements climatiques constituent une menace à la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des populations à majorité rurales d’Afrique de l’Ouest, alertent les experts d’AfricaRice. Ce d’autant que  la baisse des rendements se traduira par une grande pénurie alimentaire dans une région très vulnérable.

AfricaRice préconise, dans son étude, des options d’adaptation comme «le décalage des dates de semis jusqu’à la saison froide et [de] mener des travaux de recherche pour comprendre le processus de photosynthèse à des températures extrêmes».

L’étude de modélisation est considérée par ses auteurs comme une «avancée importante» car, explique Dr Van Oort, «les effets du changement climatique sur le riz en Afrique sont encore méconnus, et le riz en Afrique n’a pas encore retenu l’attention de la communauté des spécialistes de la modélisation».

L’avertissement d’AfricaRice survient au moment où beaucoup de pays ouest africains ont mis en place des programmes d’autosuffisance en riz.

Au Sénégal, cet objectif qui était fixé pour 2017 n’a pas été atteint. La Côte d’Ivoire qui comptait atteindre l’autosuffisance en riz en 2016 a finalement remis son ambition à 2020.

Selon des chiffres officiels, la production de riz paddy (non décortiqué) a atteint 1600000 tonnes en 2017 contre 950779 tonnes en 2016. En Afrique de l’Ouest, les efforts de productions locales ne permettent pas encore de limiter sensiblement les importations.

LPS-FS/mn/ad

 

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