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Afrique de l’Ouest : la lutte anticorruption en danger (Amnesty international)  

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Ouestafnews – Des Etats ouest africains ont adopté plusieurs législations et ratifié des conventions sur la lutte contre la corruption, notamment celles de l’Union africaine (U.A) de 2018. Malgré cette volonté affichée, Amnesty International dénonce, dans un rapport publié le 11 juillet 2023, l’adoption de lois restrictives enfreignant la liberté des défenseurs de droits humains qui luttent contre la corruption.

En Afrique de l’Ouest, les défenseurs des droits humains qui luttent contre la corruption « opèrent dans un contexte de restriction sévère des droits humains, de restriction de l’espace civique », souligne la conseillère en corruption et droit de l’Homme du bureau régional d’Amnesty international Afrique de l’Ouest et du Centre, Liliane Mouan.

Le nouveau rapport d’Amnesty, intitulé « La lutte contre la corruption en péril. La répression contre les défenseurs anti-corruption en Afrique de l’Ouest et du Centre », révèle les violences et répressions exercées sur les militants anticorruption. Le rapport présente 31 cas documentés et concerne des journalistes, des lanceurs d’alerte, des militants d’organisation de la société civile, entre autres, depuis 2018 dans 19 pays dont s’occupe l’Ong.

C’est en 2018 que l’Union africaine (Ua) a adopté la Convention sur la prévention et la lutte contre la corruption ratifiée par 48 Etats. « Malgré ce développement plus ou moins positif, des Etats ont adopté des lois restrictives qui enfreignent la liberté des défenseurs des droits humains qui luttent contre la corruption », explique Mme Mouan.

Selon elle, le manque de volonté des Etats pour lutter contre la corruption est réel. Dans la zone ouest africaine, les autorités utilisent divers « outils et tactiques » contre les activistes de la lutte contre la corruption, notamment en les accusant de diffamation et de diffusion de « fausse information », regrette Amnesty International.

Au Sénégal, le président de l’Ong Horizon sans frontière, Boubacar Sèye, avait été inculpé en janvier 2021 pour « diffusion de fausses nouvelles ». Son arrestation faisait suite à une demande de reddition des comptes sur l’utilisation de fonds attribués par l’Union européenne au Sénégal pour lutter contre la migration irrégulière. C’était dans un entretien avec un journal local datant du 27 octobre 2020. Il a été libéré le 3 février 2021.

Début janvier 2022, la journaliste nigérienne Samira Sabou avait été condamnée à un mois de prison avec sursis pour avoir diffusé sur sa page Facebook les conclusions d’un rapport 2021 de l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (Gitoc). Selon ce rapport, une « énorme quantité » de drogue saisie par les autorités nigériennes avait été rachetée par des trafiquants en utilisant des moyens illicites.  

Entre juin et juillet 2020, Samira Sabou avait été également condamnée pour diffamation suite à une plainte déposée par le fils de l’ancien président nigérien, Mahamadou Issoufou. L’affaire concernait le scandale de détournement de fonds au ministère de la Défense. Le 28 juillet 2020, le tribunal de grande instance de Niamey avait classé l’affaire sans suite et libéré la journaliste.

Il y a très peu de droit ou de lois de protection permettant aux militants anticorruption de faire « leur travail sans la moindre représaille », s’alarme la conseillère en corruption et droit de l’Homme.

Selon Samira Daoud, directrice régionale Afrique de l’Ouest et du Centre d’Amnesty International, des lois spécifiquement dédiées aux défenseurs des droits humains devraient permettre aux Etats de mieux protéger ceux-ci.

Or, ajoute-t-elle, seuls trois pays ont adopté des lois de ce type. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Niger. Et seul « le Ghana a adopté une loi sur la protection des lanceurs d’alertes ».

En juin 2014, la Côte d’Ivoire avait posé des garanties juridiques à travers l’adoption d’une loi portant promotion et protection des défenseurs des droits de l’Homme. Le Mali et le Niger ont respectivement adopté cette loi en février 2020 et juin 2022.

Ceci montre « l’absence d’un environnement juridique sûr et favorable pour les défenseurs de droits humains, en particulier ceux qui luttent contre la corruption », selon Amnesty International.

Aussi, l’Ong appelle-t-elle les Etats à mettre en place des cadres juridiques protégeant les défenseurs des droits humains contre « les représailles » tout en leur donnant la latitude « d’enquêter en toute sécurité ».

Amnesty International recommande également l’adoption de lois sur la protection des défenseurs des droits humains, des lanceurs d’alerte, et sur l’accès à l’information.

ON/md

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