18.1 C
Dakar

Une information fiable et indépendante sur les questions qui traversent l'Afrique.

Afrique : l’UA et l’obstacle financier

À LIRE

spot_img

Ouestafnews – L’Union africaine (UA), qui vient de tenir son 29è sommet des chefs d’Etat les 3 et 4 juillet 2017 à Addis-Abeba, peine encore à assurer son autonomie financière. Plus de 50% du budget de l’organisation continentale panafricaine provient de l’extérieur. Un vrai défi !

Mandaté par ses pairs depuis juillet 2016 pour travailler sur cette question (entre autres),  le président rwandais Paul Kagamé à la tête d’une commission a rendu ses propositions qui comportent plusieurs axes, dont un sur le financement de l’organisation. La principale proposition discutée ces deux derniers jours à Addis-Abeba consiste à l’instauration d’une taxe de 0,2% sur les importations de produits non africains.

Si des pays comme la Cote d’Ivoire souscrivent pleinement à cette mesure, d’autres comme le Nigeria, ont fait valoir des inquiétudes, craignant une entorse à la réglementation de l’Organisation mondiale du Commerce.

« C’est vraiment difficile d’imaginer qu’avec 0,2 % cette taxe puisse poser problème (…)  nous avons passé en revue l’ensemble des difficultés et elles sont toutes gérables », a déclaré dans un entretien avec RFI, l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopez, membre de la commission de réforme.

Selon M. Lopez, sur les 55 pays membres, une dizaine est déjà prête à instaurer la taxe, et une douzaine sont disposés à le faire. Selon les estimations faites par la commission de réforme, la généralisation de cette taxe devrait permettre d’assurer 80% du budget de l’UA.

Depuis l’instauration de l’UA sur les cendres de l’ancienne Organisation de l’Unité africaine, en 2002, la dépendance financièrement vis-à-vis de l’Union européenne a toujours été très critiquée par des acteurs de la société civile africaine et aujourd’hui par les officiels eux-mêmes.

La construction, à titre gracieux, par la Chine de l’actuel siège de l’institution a particulièrement fait l’objet de vives critiques.
« Près de 50% de nos financements viennent des bailleurs non-africains. Ce n’est pas normal quand on veut avoir son propre destin en main de se faire financer par les autres », a déploré le ministre togolais des Affaires étrangères Thomas Dussey en marge des travaux du 29ème sommet.

Dans son discours d’ouverture, le président de la Commission, Moussa Mahamat Faki a déploré le non-respect par les Etats membres des décisions prises. Cela n’a pas empêché l’annonce, une nouvelle fois, d’engagements « forts » de la part des chefs d’Etats.

Sur le plan de l’intégration, la commission a annoncé le 03 juillet 2017 un marché commun du transport aérien qui entrera en vigueur en janvier 2018, une initiative qui visent à réduire les coûts. L’Afrique est la zone où les coûts du transport aérien sont les plus élevés soit deux fois plus que la moyenne mondiale, selon le cabinet Euroavia International. L’UA compte aussi s’attaquer à la faiblesse du commerce intra-africain d’ici à 2021 avec la mise en place de la zone de libre-échange continentale, l’objectif est de porter le volume des échanges de 14 à 28%.

Aux yeux de certains observateurs, la réflexion engagée à propos de l’autonomie financière de l’Union africaine, se déroule au moment où des incertitudes pèsent sur la poursuite des missions de maintien de la paix sur le continent.
L’Union européenne a réduit sa contribution financière à la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom) et pourrait se désengager totalement en 2018, selon une analyse de l’Institut d’études de sécurité (Iss), consultée par Ouestafnews.


Voulez-vous réagir à cet article ou nous signaler une erreur ? Envoyez-nous un message à info(at)ouestaf.com.

Articles connexes

spot_img

Actus