« De nombreux pays doivent relever le défi fondamental que représente la faiblesse de leurs ressources humaines et financières – et parmi eux, tout particulièrement les pays de l’Afrique de l’Ouest francophone, où la fragilité extrême des systèmes de financement constitue une véritable menace », indique le document dont Ouestafnews a obtenu copie.
D’après ce rapport, les pays francophones d’Afrique de l’Ouest « ont accusé des baisses d’investissements si importantes qu’ils sont tombés dans une dépendance critique à l’égard de l’aide, souvent très instable », alors que les « capacités humaines se détériorent », vu le niveau moyen de qualification universitaire.
A l’inverse, les auteurs du rapport note que chez les pays anglophones de la sous région (notamment au Nigeria et au Ghana) la recherche agricole est d’abord financée par le gouvernement ensuite par les banques et les bailleurs de fonds.
Dans ces deux pays, les montants consacrés au développement agricole ont doublé, surtout pour le Nigeria qui dispose du « plus gros système de recherche et de développement agricole d’Afrique subsaharienne en termes d’investissements et de nombre de chercheurs », souligne le rapport qui analyse les dépenses pour la recherche et le développement agricole dans 32 pays d’Afrique sub-saharienne entre 2000 et 2008.
En termes de recherche et développement agricole, les investissements qui s’élèvent à 1,7 milliards de dollars en 2008 ont augmenté de 20% en Afrique subsaharienne, le Nigeria a lui seul représente un tiers de ce pourcentage avec 404 millions de dollars, le Ghana arrive en quatrième position sur la liste des 32 pays avec 95 millions de dollars(derrière l’Afrique du sud avec 272 millions de dollars et le Kenya, 171 millions de dollars).
En tête des pays francophones d’Afrique de l’ouest se trouve la Côte d’Ivoire avec 43 millions de dollars, suivi du Sénégal et du Mali avec 23 millions chacun, le Bénin avec 22 millions, 19 pour le Burkina Faso, 9 pour le Togo et 6 millions pour le Niger.
Entre autres recommandations, l’Ifpri plaide pour une augmentation des financements destinées à la recherche, une coopération plus étroite au niveau sous régional et régional ainsi que l’augmentation des effectifs de chercheurs.
La crise alimentaire qui a secoué plusieurs pays africains en 2008, et l’actuel renchérissement des pris des denrées alimentaires dans le monde a constitué une chaude alerte pour la plupart des pays, notamment en Afrique de l’Ouest, où le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, entre autres pays, furent rudement affectés. De violentes manifestations, qui firent mêmes des morts dans certains cas, avaient précipité une prise de conscience sur l’importance du secteur agricole.
Au lendemain des émeutes de la faim de 2008, plusieurs programmes destinés a booster la production agricole ont été lancés dans plusieurs pays Ouest-africains, c’est le cas de la Grande offensive pour l’agriculture, la nourriture et l’abondance (Goana) au Sénégal, l’Initiative riz au Mali ou encore Projet d’amélioration de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire au Burkina Faso.
Selon l’économiste sénégalais, Moustapha Kassé « les statistiques montrent qu’il faut accroitre la production (agricole) de 70 % d’ci 2050 pour nourrir les neuf milliards d’habitants de la planète. D’ores et déjà 1,5 milliards de personnes souffrent de la faim et 40.000 personnes meurent de faim tous les jours. Et la situation est particulièrement désastreuse pour l’Afrique ». Il s’exprimait à l’occasion d’un forum intitulé « Dakar agricole » tenu le 18 et 19 avril 2011 à Dakar et lors duquel le président sénégalais Abdoulaye Wade a plaidé la mise en place d’un organisme pour booster la recherche et d’une banque agricole africaine pour financer le secteur.
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