Intitulée « où sont passés nos 10% », pour appeler les gouvernements africains à respecter l’engagement pris il y a 10 ans à Maputo (Mozambique) de consacrer au 10% de leur budget à l’agriculture, la chanson a vu la participation des artistes 2Face Idibia, Lami Phillips, Sound Sultan (Nigeria), Baba Maal , Daara J Family (Sénégal), Ceepee (Mauritanie), Danny Lee (Niger) et Smarty (Burkina Faso).
En juillet 2003, les gouvernements des 53 pays membres de l’Union africaine (UA) signaient le Protocole de Maputo, s’engageant ainsi à allouer au moins 10 % de leur budget national à l’agriculture, au plus tard en 2008.
« Dix ans plus tard, le constat est amer ! Seuls huit sur 53 pays africains ont atteint leur objectif » selon un communiqué parvenu à Ouestafnews.
«Maigre consolation : six parmi ces huit pays sont en Afrique de l’Ouest », selon la même source qui cite les animateurs de la campagne « Cultivons », qui appelle au respect de cet engagement. Les huit pays concernés sont le Burkina Faso, la Guinée, le Mali, le Niger, le Malawi, l’Ethiopie et le Sénégal, qui ont atteint la barre symbolique des 10%.
Parallèlement à leur chanson, téléchargeable sur Youtube, les artistes ont aussi cosigné une « lettre ouverte » soutenant leur plaidoyer.
« Si je pouvais me faire entendre par les dirigeants africains, je leur aurais demandé où sont passés les 10 % qu’ils avaient promis aux braves paysans et éleveurs », affirme, dans la chanson, le chanteur sénégalais de renommée internationale Baba Maal.
« L’ensemble des artistes associés à ce projet sont originaires de pays, qui à des degrés divers, ont fait face à des crises alimentaires à répétition depuis une décennie », soulignent les animateurs de la campagne « Cultivons », dont font partie l’ONG Oxfam et l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR), un think tank agricole basé à Dakar, au Sénégal.
« La participation de ces artistes à ce projet symbolise avant tout la solidarité africaine contre la fatalité dans la lutte contre la faim. Tous souhaitent porter haut la voix des paysans, éleveurs, femmes rurales et consommateurs, pour que les gouvernements africains investissent en qualité et en quantité dans l’agriculture et l’élevage », rapporte le communiqué, précisant que la chanson a été lancée jeudi 10 octobre.
« Je suis touché par la situation des populations africaines et surtout des paysans africains qui nous nourrissent. Mon père est un paysan et je suis peinée de voir qu’au Nigeria l’agriculture, qui contribue à plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) ne représente pas 3% du budget du pays », a affirmé 2Face Idibia, la star nigériane.
Ndongo D du groupe Daara J Family du Sénégal ajoute : « pour nous, c’est un devoir de participer à cette chanson. Il est (…) inadmissible qu’en 2013, les paysans africains soient les plus touchés par la pauvreté. Les gouvernements doivent donner aux agriculteurs et agricultrices les moyens de cultiver et de nous nourrir tous. »
La chanson appelle aussi les Etats et le public africains à soutenir les paysans du continent, en consommant les produits locaux.
La campagne « Cultivons » va poursuivre son travail de sensibilisation et d’information, pour qu’un large public interpelle les chefs d’Etat et de gouvernement sur la nécessité de disposer d’un nouvel engagement de Maputo, basé sur la qualité des investissements, indique le communiqué.
« Ce nouvel engagement de Maputo devra s’aligner sur les priorités et les besoins des exploitations familiales africaines », précise-t-on de même source.
Face à l’insécurité alimentaire qui menace plusieurs pays africains, l’engagement volontaire des chefs d’Etats à Maputo avait été salué par les observateurs et les organisations paysannes qui y voyaient enfin l’inscription de la question agricole au cœur des préoccupations et de l’agenda des pays africains.
Entre-temps, le continent a connu les émeutes de la faim, qui ont causé la mort de plusieurs personnes en 2008, sans compter les crises alimentaires récurrentes notées dans des pays sahéliens comme le Niger.
En Afrique de l’Ouest, on constate une volonté de remettre l’agriculture au centre des priorités nationales. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) met en application le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) issu du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).
A cet effet, chacun des 15 pays de la Cedeao dispose désormais d’un plan national d’investissement agricole (PNIA).
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