Plus de 3.500 artistes du monde entier sont attendus au festival qui « se déroulera sur plus d’une dizaine de sites entre Dakar, Gorée (une île au large de Dakar) et Saint-Louis (vielle ville du Nord Sénégal) », selon les services de presse du « Fesman », un sigle devenu litigieux et que les autorités sénégalaises ont dû abandonner.
Selon les organisateurs, l’Etat du Sénégal, ne peut plus utiliser le sigle « Fesman » parce que « l’ancienne production déléguée du festival l’a enregistré à son nom après la rupture du contrat avec l’Etat ».
L’ancienne « production déléguée » que les responsables du Fesman évitent de nommer est le Groupe Médiatique, crée par un vieux retraité français, Jean-Pierre Pierre Bloch, qui se présentait jusqu’à cet incident sur le Fesman comme l’ami du président Abdoulaye Wade pour qui il a travaillé lors de la campagne pour la présidentielle de 2007.
Selon les détraceteurs du Fesman, à elle seule, cette reculade d’un Etat face à un producteur privé que certains proches du pouvoir n’hésitent plus à qualifier de tous les vocables, suffi pour refléter les nombreux cafouillages, l’amateurisme et l’incompétence ayant marqué la conduite de ce projet grandiose et prévu pour se tenir de longue date.
Annoncé la première fois en 2004 pour avril 2006, le Fesman a été reporté au moins quatre fois par le passé et plusieurs équipes ont eu à le gérer avant que le chef d’Etat sénégalais Abdoulaye Wade ne le confie à une nouvelle équipe, qui comprend sa propre fille, Sindiély Wade.
Cette nomination controversée de la fille du président a ajouté à la confusion et aux controverses, suscitant le tollé des médias et de certains milieux artistiques et culturels qui pestaient contre une autre forme de népotisme et reprochaient à la fille du président, d’être « inconnue » au bataillon des acteurs culturels sénégalais.
« Sindiély ne peut pas me diriger, en matière de culture. Je pourrai être son maître et lui apprendre le Ba- Ba. Et j’aimerais bien pouvoir lui parler, parce qu’elle n’a pas la carrure et la compétence qu’il faut, pour faire partie de l’organisation du Fesman », protestait le célèbre artiste comédien sénégalais Charles Foster, cité par le site d’information Nettali.
« Est-ce qu’elle a été acceptée par la communauté artistique », s’interrogeait encore l’artiste à propos de la fille du chef de l’Etat, disant tout haut ce que plusieurs de ses collègues artistes et homme de culture se racontaient dans les salons dakarois.
Malgré tout, du coté des organisateurs on se veut optimiste et l’on promet que cette fois-ci sera la bonne. Le Festival aura bien lieu et tous les sites recensés pour abriter ses activités, seront « livrés à temps ».
C’est le cas par exemple du musée d’art africain « Théodore Monod », site situé au cœur de Dakar, encore en chantier pour des besoins de « rénovation » et où les festivaliers auront l’occasion de voir « Lucy », un fossile découvert en Ethiopie et considéré comme le plus vieil ancêtre de l’homme. « Lucy » sera présente au menu de l’exposition prévue dans ce musée.
« Le public aura l’occasion d’admirer l’art africain des origines jusqu’à aujourd’hui », affirme Hamady Bocoum, Commissaire en charge de ladite exposition qui souligne qu’il s’agira de rendre compte de « l’apport de l’Afrique au patrimoine culturel et technique de l’humanité ».
«On ne parlera pas de pays, on parlera plutôt d’aires culturels et de continuité culturelle parce que nous avons la conviction très forte que c’est à travers les contenus culturel s que nous allons gommer les frontières politiques héritées de la colonisation », a affirmé M. Bocoum.
Cette troisième édition du festival mondial des arts nègres vient après celle de 1966 organisée au Sénégal par son défunt premier président, Léopold Sédar Senghor -restée dans les mémoires comme un grand moment de l’histoire du Sénégal – et celle de 1977 abritée par le Nigeria.
En raison de sa forte diaspora noire, le Brésil a été désigné par les autorités sénégaliaises comme « invité d’honneur » de cette troisième édition, mais les organisateurs qui comptaient sur une présence effective du président Brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, étaient encore incapables de confirmer sa participation ou non à l’évènement.
Le Fesman, dont le budget s’élève à 30 milliards de francs Cfa, selon les organisateurs cités par la presse, offrira au public l’occasion d’assister gratuitement à plusieurs manifestations couvrant plusieurs domaines allant de l’architecture traditionnelle à la gastronomie en passant par la danse, le cinéma et la photographie. Un coût « faramineux » qui lui aussi est sujet à controverse.
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