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Bénin – Affaire Boko et Homeky : justice impartiale pour les uns, expéditive pour les autres

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Ouestafnews – L’homme d’affaires Olivier Boko et l’ex-ministre des Sports Oswald Homeky ont été condamnés le 30 janvier 2025 à 20 ans de réclusion criminelle pour tentative de coup d’État. Dans un communiqué, le parti Les Démocrates, tout en prenant « acte » du verdict, fustige des irrégularités dans ce procès.

La justice béninoise continue de « se soumettre à l’exécutif », compromettant ainsi toute initiative en faveur de l’indépendance et de l’équité du système judiciaire, dénonce le parti Les Démocrates de l’ancien président Yayi Boni. Une réaction survenue à l’annonce de la condamnation à 20 ans de réclusion criminelle de l’homme d’affaires Olivier Boko et de l’ex-ministre des Sports, Oswald Homeky pour tentative de coup d’Etat contre le président Patrice Talon dont ils étaient réputés proches.

Selon le document consulté par Ouestaf News, Les Démocrates dénonce les « irrégularités soulevées par le collège des avocats des accusés lors de procès antérieurs », tout en se disant surpris par l’exécution rapide de la justice dans un dossier criminel en moins de cinq mois. Les deux principaux accusés avaient été interpellés en septembre 2024. 

En revanche, Le Bloc Républicain, membre de la mouvance présidentielle, estime que le verdict du procès contre Olivier Boko et Oswald Homeky s’est déroulé dans une « impartialité » de la justice. Dans son communiqué en date du 31 janvier 2025, il estime que le verdict rendu par la justice témoigne de « la gravité des actes reprochés et de l’ampleur du projet déjoué ». 

Olivier Boko et Oswald Homeky qui ont comparu du 21 au 31 janvier 2025 à Cotonou devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), ont été reconnus coupables de « complot contre la sûreté de l’État » et « corruption d’agent public ». 

Ils ont également été condamnés à verser une amende de 4,5 milliards de FCFA et à payer 60 milliards de FCFA de dommages et intérêts à l’État béninois, conjointement avec le beau-frère de M. Boko, Rock Nieri, actuellement en fuite, qui était lui aussi poursuivi. 

Olivier Boko, considéré comme le bras droit du président béninois Patrice Talon, et Oswald Homéky avaient été arrêtés fin septembre 2024. Ils étaient soupçonnés d’avoir planifié un coup d’État contre l’actuel chef de l’État du Bénin, ce qu’ils ont toujours démenti.

A l’ouverture du procès le 21 janvier 2025, les avocats de la défense ont contesté la composition du tribunal, réduit à trois juges au lieu des cinq requis, avant de se retirer du dossier en signe de protestation. 

 Dès cet instant, selon la juriste spécialiste des droits humains et de la démocratie Angelo Adelakoun, dans un entretien avec West Africa Democracy Radio (WADR), le droit à un procès équitable est « violé », tout en soulignant que la Cour correctionnelle du Bénin avait condamné « la non-désignation des avocats commis d’office » pour les accusés.

« Tout porte à croire que nous sommes en présence d’une justice expéditive », estime le juriste.

Le 25 septembre 2024, le procureur de la République, Elon Mario Métonou, avait annoncé, dans un communiqué, l’interpellation de l’ancien ministre béninois des Sports Oswald Homéky, de l’homme d’affaires Olivier Boko et du commandant de la garde républicaine, Djimon Dieudonné Tévoédjéré.

Selon la note du procureur spécial de la Criet, Oswald Homéky et Olivier Boko avaient approché le chef de la garde présidentielle pour perpétrer un putsch dans la journée du 27 septembre 2024. Le responsable de la sécurité du président béninois Patrice Talon avait été arrêté alors qu’il recevait « un véhicule et la somme de 1,5 milliard FCFA » de l’ancien ministre des Sports, avait expliqué le document. Boko avait été arrêté peu après, selon le scénario décrit par le procureur spécial. 

Patron du groupe Denrée et Fourniture Alimentaire (DFA), Olivier Boko, 60 ans, affichait des ambitions politiques en vue d’une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2026. En 2023, des mouvements de soutien en sa faveur avaient été lancés avec ses initiales sous le nom Objectif Bénin 2026 (OB26), selon l’Agence France-Presse (AFP).

Au pouvoir depuis 2016, Patrice Talon ne pourra pas se présenter à la prochaine présidentielle au terme des deux mandats consécutifs autorisés par la Constitution béninoise. Il est souvent critiqué pour l’emprisonnement de personnalités politiques au Bénin, pays reconnu pour le dynamisme de sa démocratie.

Fin 2021, l’opposante Reckya Madougou a été reconnue coupable de « complicité d’actes terroristes » par la Criet. Elle a été condamnée à 20 ans de prison. La même année, le constitutionnaliste et homme politique Joël Aïvo a également été condamné à 10 ans de prison et à une amende de 45 millions de FCFA pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « blanchiment de capitaux ». 

ON/md


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