A l’analyse, il semble que le Bénin est encore en crise.
Crise et arrestations politiques
Notre pays va très mal au point qu’il y règne l’arbitraire et la banalisation des restrictions des libertés publiques.
Conséquence des résultats des élections présidentielles de 2011, l’obsession sécuritaire de nos dirigeants actuels fait le lit à une succession de rocambolesques dossiers sécuritaires sans précédents. Mais au fond, qu’ils soient qualifiés de ‘’tentative d’assassinat et d’association de malfaiteurs’’ ou ‘’d’atteinte à la sureté de l’Etat’’, ces dossiers justifient-ils l’arbitraire, l’amateurisme et l’opacité entretenus par une certaine administration de la justice ?
Tout porte à croire que, une fois encore, le Procureur de la République nous prépare à douter des résultats issus des perquisitions et autres actes posés dans la conduite du dossier supposé ‘’d’atteinte à la sureté de l’Etat’’.
Après les dernières arrestations, les citoyens béninois que nous sommes s’inquiètent de l’ampleur que prennent les violations des droits élémentaires des parents et conseils de mis en causes mais aussi de notre droit à l’information, surtout dans des dossiers aussi politiques que sensibles.
Nous saluons ici le courage légendaire de ces députés qui luttent contre une ‘’justice à deux vitesses’’ dans les dossiers de poursuites devant la Haute Cour de Justice. Par la radio parlementaire, le peuple a retenu ces nombreuses autres personnalités qui devraient aussi répondre devant la Haute Cour de Justice à moins qu’ils soient au-dessus de la loi. Dans tous les cas, l’actuelle crise politique nous aura convaincu de notre retour dans le spectre des arrestations politiques, qui, comme une épée de Damoclès, pendent déjà sur chacune des têtes des Béninoises et des Béninois.
La crise politique mue, et, avec elle, une crise sociale.
Crise et affronts sociaux
Les derniers concours de recrutements d’Agents Permanents de l’Etat organisés au profit du Ministère de l’économie et des finances auraient-ils atteint des objectifs ? A l’épreuve des faits, les prescriptions morales et légales ont cédé la place à la cupidité de certaines autorités de nos administrations. Les faits sont ceux dénoncés par tous ces vaillants béninois sans que, bizarrement cela n’émeuve nullement notre Gouvernement. Ils sont suffisamment graves pour scléroser l’espoir de la jeunesse et son droit à l’emploi dans des conditions égalitaires. En tout état de cause, le silence, assourdissant du gouvernement est déjà pour nous les signes d’une complicité très poussée et d’un affront public à la jeunesse et au peuple qui devra y apporter la réponse appropriée en son temps.
Espaces d’expression en péril
Individuellement et collectivement, toutes ces crises nous éprouvent dans notre bâillonnement actuel à nous exprimer et à nous indigner. Car les médias sont l’objet d’assauts permanents et répétés, sur les résidus d’accès aux médias, par le truchement de contrats de stricte propagande et de décisions de justice ou d’institutions vassalisés…
Les organisations signataires de la présente, indignées par la situation, ont décidé d’agir ensemble et d’user de tous les moyens légaux pour contraindre le gouvernement au respect des libertés fondamentales. En tout état de cause, le non retour à une situation normale signifierait une déclaration de guerre aux acquis de la conférence nationale qui impliquerait de notre part des réactions appropriées.
Fait à Cotonou, le 7 mars 2013
Les organisations signataires
ALCRER (Association de Lutte Contre le Racisme, l’Ethnocentrisme et le Régionalisme)
CAO (Centre Afrika Obota)
DHPD (Droits de l’Homme, Paix et Développement)
Nouvelle Ethique
PASCIB
RIFONGA (Réseau pour l’Intégration des Femmes des ONG et Associations Africaines)
Social WATCH
WANEP Benin (West Africa Network for Peacebuilding)
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