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Burkina Faso : la contre-révolution du RSP

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Ouestafnews – Le Burkina Faso a de nouveau basculé. Cette fois-ci dans ce qui pourrait être le désordre, avec le coup d’Etat perpétré le 16 décembre 2015 par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne et surarmée de l’ex-président Blaise Compaoré.

Ce dernier avait été chassé du pouvoir par une révolution populaire en octobre 2014.

La veille, faisant irruption dans la salle du Conseil des ministres, les soldats du RSP ont pris en otage l’équipe dirigeante du pays, plongeant le Burkina dans une nouvelle période d’incertitudes, et ruinant au passage tous les efforts entrepris par la transition qui s’apprêtait à organiser une élection présidentielle le 11 octobre 2015 afin de parachever le « retour de la démocratie ».

Aux dernières nouvelles, les deux hommes incarnant la transition, à savoir le président Michel Kafando et son Premier ministre Isac Zida sont pris en otage par les mutins et sont encore aux mains de ces derniers.

Arrêt du processus démocratique

Leur forfait réalisé, la junte n’a pas perdu de temps pour mettre en place un Conseil national pour la démocratie (CND) dirigé par, le général Gilbert Diendéré, présenté comme un fidèle du président déchu, Blaise Compaoré dont il fut le chef d’Etat-major particulier.
« Le temps ne joue pas en faveur des forces démocratiques, actuellement. Ce genre de mouvement s’il arrive à garder le pouvoir pendant une semaine ou dix jours, ça devient très difficile de revenir en arrière », a déclaré à Ouestafnews, Mathias Hounkpe, administrateur du programme Gouvernance politique à Open Society Initiative for West Africa (Osiwa).

Selon lui, s’il devrait y avoir un dénouement heureux il faut que cela se fasse dans les deux ou trois jours qui viennent, sinon l’élection prévue en octobre pour finir la transition pourrait être remise en cause.

Durant toute la durée de la transition, le RSP a constitué un casse-tête pour le président Michel Kafando, qui avait eu même à qualifier cette unité de l’armée de « fauteur de trouble ».

Depuis la mise en place de la transition, le RSP a polarisé le débat, sa dissolution fortement réclamée par les forces vives de la révolution n’a pu se concrétiser. Selon certains observateurs, « la transition » paie aujourd’hui cette erreur.

Le rapport de la Commission nationale de réconciliation et des réformes (CRNR) remis aux autorités de la Transition est venu pousser à l’acte le RSP. Entre autres recommandations, cette Commission préconisait la dissolution du RSP.

« Ce rapport est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase (…) d’autre part on savait qu’a la remise de ce rapport, il y aurait quelque remous, mais je ne m’attendais pas à un coup d’état » indique M. Hounkpé.

Une porte de retour pour Blaise ?

Bras armée de l’ex-régime, le RSP aujourd’hui maitre du pays est fort d’un millier d’hommes et est considéré comme l’unité la mieux entrainée et la plus armée de l’armée burkinabé.

Dans un entretien avec Jeuneafrique.com, le chef de la junte, le Général Diendéré a fait savoir que le RSP est passé à l’acte à cause des « mesures d’exclusion prises par les autorités de transition ». Un clin d’œil aux récentes décisions prises par les autorités électorales qui ont invalidé la candidature de plusieurs personnalités de l’ancien régime pour les élections législatives et la présidentielle à venir, malgré une décision contraire de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest.

Aujourd’hui un gros risque pèse sur les acquis de la transition et en plus du processus électoral, la justice avait annoncé l’ouverture du dossier judiciaire de Blaise Compaoré avant la fin de l’année en cours. La mise en accusation de M. Compaoré, exilé depuis en Côte d’Ivoire, pour « haute trahison » et « attentat à la Constitution » et « coups et blessures volontaires, assassinats et complicités de coup et blessures et d’assassinats » avait été votée le 16 juillet 2015 par le parlement intérimaire.

Même si le général Diendéré dit n’avoir eu aucun contact avec Blaise Compaoré, nul doute que les partisans de l’ex-président qui avaient entamé une traversée du désert, savourent et accueillent à bras ouvert ce putsch qui leur donne l’occasion de rebondir sur la scène politique.

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