Ouestafnews – La riposte face à la pandémie du Covid-19 handicape la lutte contre plusieurs maladies, pourtant tout aussi graves, voire plus grave. Le Sida et le paludisme sont, entre autres, celles qui paient le plus lourd tribu.
Des personnes vivant avec le VIH qui n’ont pas eu leurs antirétroviraux (ARV) pendant six mois, des examens non réalisés, un manque de suivi, des ruptures d’intrants, etc., c’est là le lot des personnes vivant avec le VIH au Burkina Faso, en ces périodes de Covid-19.
Selon Rachelle Barro Yaméogo, présidente du conseil d’administration du réseau des personnes vivant avec le VIH, plusieurs personnes vivant avec le VIH ont également rencontré des difficultés dans le cadre de leur suivi biologique à cause des mesures barrières.
« Lors des consultations par exemple, les médecins ne prenaient plus le temps pour écouter la personne. Dans certaines structures, c’était juste pour prendre les ARV et repartir. Même les réunions qu’on faisait ensemble (groupe de parole, club d’observance) pour pouvoir conseiller la personne nouvellement dépistée, c’était devenu vraiment réduit », affirme Mme Yameogo.
Encore que les membres de ce réseau ou d’autres associations ont la possibilité d’être entendus par leurs organisations. Les personnes vivant avec le VIH qui n’ont pas adhéré à des structures associatives sont laissées à elles-mêmes, sans aide particulière.
La Société burkinabè de pédiatrie (Sobuped) confirme l’impact négatif du Covid-19 sur la lutte contre la propagation du VIH/Sida. Au cours d’une conférence de presse, le 17 décembre 2021, cette organisation a souligné l’accent mis sur la lutte contre le Coronavirus, au détriment d’autres pathologies. En conséquence, de nombreuses personnes n’ont pas pu effectuer le test de dépistage du VIH/Sida depuis le début de la pandémie. Les agents de santé ne sont pas toujours disponibles pour dépister la population, explique la Sobuped. Elle soutient aussi que beaucoup de laboratoires ont été sollicités pour effectuer les tests Covid-19.
« Le nombre de personnes vivant avec le VIH au Burkina Faso, en mars 2019, était estimé à 94.000, dont 9.400 enfants de moins de 15 ans, selon le rapport d’activité 2019 sur la riposte au sida, du Conseil national de lutte contre le Sida et les IST».
Le paludisme et les cancers aussi aux oubliettes
Tout comme le VIH/Sida, la lutte contre le paludisme a aussi pris un coup surtout entre mars et mai 2020, période de pic des contaminations du Covid-19.
Selon le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), plusieurs patients ne se faisaient pas consulter. Les campagnes de sensibilisation de masse n’ont également pas eu lieu.
Pourtant, le paludisme constitue l’un des problèmes majeurs de santé publique au Burkina Faso. Il est la première cause de consultation, d’hospitalisation et de mortalité dans les formations sanitaires. Les principales victimes sont les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, souligne l’Enquête sur les indicateurs du paludisme 2017-2018, réalisée conjointement par l’Institut national de la statistique et de la démographie, le Programme d’appui au développement sanitaire, le PNLP et la Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (ICF).
Sur près de 21 millions d’habitants en 2019, plus de 11 millions de cas de paludisme ont été enregistrés en 2020 au Burkina. En moyenne, 3600 personnes en sont mortes au cours de la même année, a confié le coordinateur du PNLP, docteur Gauthier Tougri, à l’occasion d’une campagne de collecte de dons de sang, le 28 octobre 2021 à Ouagadougou.
Pendant ce temps, entre le 9 mars et le 31 décembre 2020, seules 85 personnes sont mortes du Covid-19, selon le décompte officiel des autorités burkinabè.
L’annuaire statistique 2020 du ministère de la Santé, de l’hygiène publique et du bien-être rapporte que le paludisme reste parmi les dix principaux motifs de consultation externes dans les centres médicaux, les hôpitaux, et dans les formations sanitaires de bases.
Toutefois, le financement des programmes de lutte contre le VIH et le paludisme n’est pas très affecté par la pandémie de Covid-19, selon les acteurs.
Ces pathologies ont bénéficié, avec la tuberculose, d’une subvention de plus de 160 milliards de francs CFA accordée entre 2015 et 2020 par le Fonds mondial. Pour la période 2021 à 2023 le montant de la subvention dépasse 134.000.000.000 de francs CFA, a confié l’ancien ministre de la santé, de l’hygiène publique et du bien-être, Charlemagne Ouédraogo, lors d’une cérémonie sur le financement des programmes de santé.
Le Burkina Faso bénéficie de ces financements tous les trois ans.
Le Covid-19 secoue le monde entier depuis son apparition. Au Burkina Faso, le premier cas a été diagnostiqué le 09 mars 2020. A la date du 09 janvier 2022, le pays compte 1495 cas actifs et 333 décès. 19 636 personnes ont contracté la maladie depuis son apparition. La riposte à mobilise beaucoup de ressources humaines et financières.
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