Ouestafnews – Les trois pays qui composent l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ont décidé d’harmoniser des documents de voyage (passeports) et d’identité dans leur espace commun. Dans un communiqué en date du 22 novembre 2023, les trois pays indiquent que cette initiative vise à approfondir les liens entre les Etats.
Selon le communiqué publié à l’issue d’une réunion tenue à Bamako, des « spécifications techniques harmonisées » ont été retenues pour la confection des documents tels que les passeports et les cartes nationales d’identité. La réunion a rassemblé les ministres en charge de la sécurité des trois pays.
Pour entrer en vigueur, cette décision devra être approuvée par les trois chefs d’Etats.
Le communiqué ne le dit pas explicitement, mais par cet acte, les trois pays posent un autre jalon sur la voie de leur sortie annoncée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cette organisation sous régionale qui regroupe quinze pays avait mis en place un système d’identification à l’échelle sous régionale depuis 2014 pour faciliter la libre circulation des personnes et des biens qui est une réalité dans l’espace Cedeao.
Début octobre 2024, les experts de l’alliance avaient travaillé sur les bases d’un nouveau passeport biométrique pour les trois Etats de l’AES. L’initiative, portée par le président de la transition du Mali, le général Assimi Goïta, s’inscrit, selon le dernier communiqué, dans une « dynamique d’intégration plus poussée », conformément à la vision des autorités des trois pays, tous des militaires arrivés au pouvoir par des putschs.
En septembre 2023, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, pour protester contre les sanctions de la Cedeao à l’encontre de ces trois pays, avaient décidé de sortir de l’organisation sous régionale pour mettre en place leur propre entité : l’AES.
Pour aller encore plus loin dans leur désir de se soutenir mutuellement, Bamako, Ouagadougou et Niamey avaient annoncé la création d’une Confédération des Etats du Sahel, le 6 juillet 2024 à Niamey, à l’occasion du premier sommet de l’alliance tripartite.
A cette occasion, le malien Assimi Goïta, qui a été désigné président de la Confédération, son homologue burkinabè Ibrahim Traoré et leur hôte nigérien Abdourahamane Tiani, s’étaient promis une « assistance mutuelle » dans la lutte contre le terrorisme, et confirmé leur retrait de la Cedeao, jugée être une organisation sous influence de la France.
Selon les textes de l’entité sous régionale, la « sortie » des trois pays ne peut être effective qu’un an après la notification officielle de leur départ auprès des instances habilitées de l’organisation. Mais dans leur discours, les dirigeants des trois Etats considèrent eux qu’ils ne sont plus membres de la Cedeao et que leur départ est acté depuis qu’ils l’ont annoncé.
Les trois États qui disent vouloir renforcer leur coopération, sont également membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa, huit pays) qui, comme la Cedeao, prévoit la « libre circulation des personnes et des biens » et même des « critères de convergences » pour leurs politiques économiques.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, confrontés depuis plus d’une décennie à des attaques terroristes, ont connu des coups d’Etat militaires respectivement en septembre 2022, mai 2021 et juillet 2023. Des putschs qui avaient entrainé des sanctions économiques de la Cedeao, levées en janvier et février 2024, après l’annonce de leur « retrait » de la communauté ouest-africaine.
L’AES, instituée par la charte du Liptako-Gourma paraphé en septembre 2023, s’engage également à aller au-delà des questions sécuritaires en élargissant la coopération aux domaines de l’économie, de la diplomatie et du développement social.
L’organisation, selon cette charte, prévoit aussi de se doter d’« instruments propres pour le financement » de sa « politique économique et sociale » afin d’y ajouter « la dimension développement », avait indiqué le ministre burkinabè du Commerce et de l’Industrie, Serge Poda, le 18 octobre 2024.
IB-ON/ts
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