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Cedeao-Capital humain : des avancées, mais l’éducation est à la traîne (Rapport)

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Ouestafnews – La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a publié son rapport 2024 sur le développement du capital humain (DCH). Ce rapport dresse un bilan des progrès et des défis enregistrés entre 2020 et 2022. Il met en lumière les améliorations notables de certains pays et dans certains domaines et des reculs inquiétants dans d’autres notamment dans l’éducation.

L’indice DCH de la Cedeao est passé de 0,24 à 0,27 entre 2020 et 2022, soit une progression de 12 %. Cette augmentation indique une « amélioration générale dans le développement du capital humain » en Afrique de l’Ouest, selon le rapport consulté par Ouestaf News.

L’indice DCH de la Cedeao évalue le développement humain à travers trois dimensions : santé et nutrition, éducation et compétences, ainsi qu’entrepreneuriat et inclusion financière.

D’après le document, des améliorations dans plusieurs secteurs expliquent ce résultat, notamment des avancées dans le domaine de la santé et de la nutrition, avec une baisse du taux de mortalité maternelle (amélioré de 0,53 à 0,595 soit une progression de 12,35 %) et infantile (amélioré de 0,4 à 0,411, soit une progression de 2,79 %).

Ces performances sont accompagnées d’une augmentation des dépenses publiques en santé ainsi qu’une croissance de 50 % dans les domaines de l’entrepreneuriat, l’inclusion financière et l’économie numérique grâce à une « meilleure connectivité et au développement des infrastructures numériques ».

Le Cap-Vert, le Ghana et le Sénégal figurent parmi les pays ayant enregistré les meilleures performances en matière de développement du capital humain (DCH). Le Cap-Vert conserve son leadership régional avec une augmentation de son indice passé de 0,46 à 0,48. Cette hausse est portée par « une base de référence élevée, notamment dans les secteurs de la santé et de la nutrition », selon le rapport de la Cedeao.

Des progrès notables ont été réalisés par le Ghana avec un indice passant de 0,34 à 0,36, grâce à des initiatives en planification familiale et en inclusion numérique. Le rapport attribue cette évolution à une « amélioration globale des indicateurs de santé, soutenue par des politiques gouvernementales en faveur de la santé maternelle et infantile ».

Pour sa part, le Sénégal a progressé de 0,30 à 0,33 et se hisse à la troisième place du classement 2024. Cette dynamique repose sur des « avancées dans les domaines de la santé et de la nutrition, mais aussi dans l’entrepreneuriat, l’inclusion financière et l’économie numérique », souligne le document.

Au niveau mondial, ces trois pays africains ne sont pas si bien classés. Dans le rapport 2023-2024 de l’Indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Cap-Vert et le Ghana sont dans la catégorie « développement humain moyen » avec des scores respectifs de 0,661 et 0,602. Le Sénégal, avec un score de 0,517, se retrouve encore plus bas, dans la catégorie « développement humain faible ».

Réagissant à ces résultats jugés satisfaisants, le président de la Commission de la Cedeao, Dr. Oumar Alieu Touray, a exprimé sa satisfaction tout en insistant sur la nécessité de poursuivre les efforts. « La Cedeao continue de réaliser des progrès notables en matière de développement du capital humain » se réjouit-il dans le rapport, avant de rappeler qu’il faut « intensifier les efforts pour atteindre les objectifs ambitieux pour 2030 » de la Cedeao dans le DCH.

Dans son agenda, l’organisation ouest-africaine vise un score de 0,45 d’ici 2030, ce qui nécessitera une progression annuelle de 5 % sur tous les indicateurs, selon le document. En 2020, le score moyen de l’indice de capital humain pour les pays de la Cedeao était de 0,38, soit le plus bas du continent. Pour y parvenir, la coopération régionale, la mobilisation de ressources et l’investissement dans des infrastructures modernes seront essentiels.

« Atteindre ces objectifs d’ici 2030 sera un défi », a affirmé Omar Alieu Touray. « Mais avec une orientation claire et un engagement fort, nous pouvons bâtir une Cedeao des peuples, en paix et prospère ».

Partageant cet avis, la vice-présidente de la Commission, Damtien L. Tchintchibidja a relevé d’autres défis. Malgré des « avancées en matière de réduction des disparités entre les sexes », la région ouest africaine « fait face à de nombreux défis, tels que l’instabilité politique, (des) catastrophes climatiques, l’insécurité croissante et la fuite des cerveaux », souligne-t-elle.

Parmi les autres obstacles, il y a l’éducation et la participation au marché du travail qui ont connu une baisse de 7 %, selon le rapport. Cette situation est attribuée à la « baisse des dépenses publiques allouées à ce secteur », l’augmentation du nombre d’enfants non scolarisés » et la « baisse du nombre moyen d’années de scolarisation », explique Dr Omar Alieu Touray.

Ce recul peut compromettre les efforts de développement du capital humain à long terme, prévient-il, avant d’ajouter qu’il est nécessaire « de se recentrer et d’intensifier les efforts dans ce secteur critique ».

Comme solution, le rapport de la Cedeao recommande d’« accroître les investissements dans l’éducation afin d’améliorer l’accès et la qualité de l’enseignement ».

Le document souligne également l’importance de « renforcer les infrastructures numériques pour favoriser l’inclusion économique et financière ».

Il insiste aussi sur la « nécessité de promouvoir la parité hommes-femmes » pour optimiser le potentiel de la main-d’œuvre régionale et préconise une « meilleure coordination des politiques publiques afin d’accroître la résilience face aux crises économiques et sanitaires ».

Le rapport 2024 du bloc ouest-africain, réduit à 12 pays depuis le 29 janvier 2025 suite aux départs du Mali, du Burkina Faso et du Niger, rappelle que, malgré les avancées enregistrées, le chemin reste long pour faire de la Cedeao la communauté économique régionale la plus performante en matière de développement du capital humain en Afrique. Cet objectif s’inscrit dans le cadre de la Stratégie intégrée de développement du capital humain 2030 de la Cedeao, lancée en 2021.

La Commission de la Cedeao s’est engagée à publier un rapport biennal sur l’état du développement du capital humain dans la région. Le premier rapport, publié en 2022, portait sur la période 2018-2020.

HD/md/fd


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