Cedeao – Migration : « Frontières», un film qui interpelle sur les réalités de l’intégration

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Ouestafnews – Tracasseries, viols, racolages, corruption…C’est là le lot quotidien des femmes commerçantes aux différentes frontières qui séparent les pays composant la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), tel que présenté dans le dernier film de la réalisatrice Burkinabé Appolline  Traoré.
 
Dans « Frontières », le titre du film, la cinéaste raconte cette réalité de fort belle manière avec des détails poignants.
 
A la frontière sénégalo-malienne, dépourvue de papiers légaux, Adjara, une Sénégalaise de son vrai nom, Amélie Mbaye, se sert de ses charmes pour soudoyer le douanier en chef afin de continuer son chemin.
 
Ailleurs, une Bissau-guinéenne et son bébé sont retenus à la frontière béninoise par les garde-frontières pour avoir refusé de payer un supposé « droit de passage ». Un de plus !
 
Ce sont la deux séquences, parmi d’autres,  du film d’Apolline diffusé à la quatrième édition du festival « Ciné droit libre » le 20 septembre 2017 à Dakar qui mettent à nue l’une des grosse failles de l’intégration sous régionale.
 
« Frontières », c’est l’odyssée de l’actrice principale, Adjara,  en compagnie d’une Ivoirienne, Emma et d’une Burkinabé, Aicha. Trois femmes commerçantes ayant en commun l’espace Cedeao où elles sont traitées aux frontières  comme des malpropres.
 
Apolline Traoré a voulu, à travers ce film, parler  de « l’immigration dans notre Afrique». Elle lève aussi un coin du voile, sur une des faiblesses de la dynamique d’intégration : le déficit d’application des textes communautaires au niveau des frontières.
 
Face à une telle situation tous les moyens sont bons pour passer tromper la vigilance ou alors soudoyer les agents préposés au contrôle frontalier. Emma explique ainsi à Adjara que « tout le monde contournait la loi, car tout le monde y trouvait son compte.»
 
Le film de d’Apolline traite également en arrière plan de la question de l’insécurité, et plus particulièrement des coupeurs de routes frontaliers. La scène du bus attaqué à la frontière entre le Bénin et le Nigéria,  avec une passagère tuée en sera une illustration.
 
« Les dirigeants des différents Etats de la Cedeao savent ce qui se passe, mais leur manière de le combattre est en elle-même un autre problème», regrette la réalisatrice.
 
«Frontières» est loin d’être un plaidoyer. Avec modestie, Apolline affirme qu’elle ne prétend rien changer. Son seul souhait «est de conscientiser et de faire évoluer les mentalités.»
 
L’œuvre est «destinée aux peuples ouest-africains», dont certains l’ont bien accueillie.
 
Il s’agit d’un film qui met l’accent sur la « difficulté de voyager par voie terrestre dans l’espace Cedeao, particulièrement pour les femmes» commente Charles Sanches, juriste et bloggeur qui apprécie le film dans un post sur son compte Facebook.
 
Avec « Frontières », Apolline a remporté au dernier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadou (Fespaco), trois distinctions que sont le prix spécial de l’Intégration de la Cedeao, le prix Houphouët Boigny et le prix Paul Robeson.
 
Dans son portrait dressé par Le Soleil (quotidien national sénégalais), Amélie Mbaye (Adjara dans le film), soutenait que son «regard a changé par rapport aux conditions de vie de certaines femmes.

J’ai découvert, par le biais de la fiction, une réalité insoutenable, la tortuosité de certains individus et les tracasseries quotidiennes auxquelles sont confrontées ces braves femmes en traversant les frontières». L’actrice sénégalo-américaine espère de tout cœur que ce film va changer les mentalités.
 
AC/FD/MN/TS 

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