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Conférence de la Jeunesse panafricaine à Dakar (déclaration finale)

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La conférence de la Jeunesse panafricaine qui a réuni dans la capitale sénégalaise 500 jeunes venus des quatre coins de l’Afrique et de la diaspora, s’est achevée le 17 janvier avec une déclaration finale consensuelle en quinze points. Les recommandations des participants vont de la priorisation de l’emploi et de la santé des jeunes dans les plans de développement nationaux et internationaux à la création de fonds nationaux de lutte contre le VIH-sida dans les différents pays du continent, en passant par l’adaptation du système éducatif aux besoins de l’emploi, la mise en place des programmes de volontariat et une dizaine d’autres mesures débattues lors des sessions plénières.
 
Cette déclaration a été transmise au ministre de la Jeunesse, de l’emploi et des valeurs civiques, Benoît Sambou, qui a participé à la séance de clôture. Le ministre la transmettra à son tour au président Macky Sall qui a promis de faire inscrire les propositions des jeunes panafricains dans l’agenda du sommet de la Francophonie de Dakar en novembre prochain et dans celui de l’Assemblée générale des Nations unies. Celle-ci devra débattre de nouveaux programmes de développement post-2015 qui prendront le relais des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). La jeunesse panafricaine a prévenu qu’elle resterait vigilante pour s’assurer que ses recommandations soient prises en compte par les décideurs et pour qu’elles ne finissent pas dans la poubelle des bonnes intentions comme tant de beaux programmes dans le passé !
 
Chômage des jeunes : Le Sommet a permis de présenter un état global des politiques et programmes de mise en œuvre des OMD préconisés par les Nations unies à l’horizon 2015, notamment en matière de création d’emploi des jeunes. Le chômage des jeunes dans l’agenda post-2015 était le grand thème de cette conférence. Les orateurs à la tribune ont rappelé que la crise de l’emploi s’est aggravée au cours des dernières années, conduisant parfois à des révoltes de la jeunesse, comme dans les pays arabes.

Les chiffres sont parlants : 75 millions de jeunes à travers le monde sont au chômage et plus de 150 millions de jeunes vivent avec moins de 1,25 dollars par jour. Plus de la moitié de ces jeunes chômeurs sont en Afrique où 6 chômeurs sur 10 sont des jeunes, dans le groupe d’âge de 18-35 ans. Comment remédier à ce que Dramane Haïdara du Bureau international du Travail a qualifié d’« inacceptable gaspillage de capital humain » ? Réponse : investir massivement dans l’éducation et la formation des jeunes, assurer une meilleure adéquation entre la formation des jeunes et les besoins du marché de l’emploi, bannir la croissance sans emploi… Bref, « changer de paradigme », pour résumer l’expert du BIT.
 
 « Condomize » : Organisé en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et l’Onusida, le sommet de la jeunesse panafricaine a accueilli plusieurs rencontres pour sensibiliser sur le VIH et mobiliser les jeunes pour qu’ils participent activement à la prévention contre le virus du sida. Cette prévention passe par l’utilisation des préservatifs. Au total, « 80% des infections sont causées par des rapports sexuels non protégés », constatent les experts. D’où l’accent mis par les organisations des Nations unies dans leurs campagnes sur la dé-stigmatisation des préservatifs. 13 000 préservatifs avec une large gamme de couleurs et de tailles ont été distribués pendant le sommet. « Condomize not compromise », a chanté sur la tribune de l’amphithéâtre du King-Fahd-Palace Bidia Deperthes, la star du projet Condom de l’Onusida.
 
Dividende démographique : En 2035, la plus importante population d’âge actif sera africaine. Ce bonus ou dividende démographique est un enjeu considérable, mais pour pouvoir profiter de ce potentiel, comme l’ont fait les Européens et les Asiatiques avant eux, les Africains doivent d’ores et déjà réaliser des réformes dans les secteurs de la santé, l’économie, l’éducation, les finances publiques et la politique du travail. Sans ces réformes qui permettront de créer un environnement économique propice, l’Afrique risque de rater la chance que représente le dividende démographique. La jeunesse panafricaine veillera au grain.
 
Rojalnu : Il a été beaucoup question du Rojalnu à Dakar. C’est le nom du principal organisateur du quatrième sommet de la jeunesse de Dakar qui vient de se terminer. Sigle un peu barbare, « Rojalnu » signifie le réseau des jeunes leaders panafricains des Nations unies. Il a été créé en 2003 à la demande de Koffi Annan qui voulait que l’on mette en place une association des jeunes pour faire connaître au grand public africain la philosophie qui sous-tend les OMD.

L’activité du Rojalnu, coordonnée par ses sections locales dans plus de 40 pays africains, consiste essentiellement à organiser des rencontres de la jeunesse panafricaine à la fois pour sensibiliser les jeunes aux huit objectifs des OMD et pour faire pression sur les décideurs afin d’accélérer la réalisation de ces derniers. L’association qui réunit en son sein la jeunesse africaine et celle issue de la diaspora africaine, a organisé quatre Sommets : à Dakar en 2004, à Ifrane au Maroc en 2005, à Ouagoudougou au Burkina Faso en 2012 et de nouveau à Dakar en janvier 2014. La section du Sénégal est dirigée par Pape Moussa Sow, un jeune homme actif coopté par ses pairs africains et par le bureau newyorkais du Rojalnu. Il croit à la jeunesse africaine, à son intelligence et à son avenir. Le dynamisme et le savoir-faire de ce président plus pragmatique que théoricien ne sont sans doute pas étrangers à la réussite du sommet de Dakar.
 
Djibril Diallo, un rôle modèle pour les jeunes leaders panafricains.

Djibril Diallo : Fondateur du mouvement des jeunes leaders panafricains, Djibril Diallo est aujourd’hui le président d’honneur du Rojalnu. Il tutoie les chefs d’Etat et parle les langues de l’élite et du peuple. Cinq jours durant, il a présidé à toutes les réunions du Sommet de Dakar, jouant le rôle d’interface habile entre la jeunesse pressée d’arriver au but et la vieille garde au pouvoir dans les capitales africaines, qui a tendance à monopoliser la parole, cédant rarement aux interpellations des jeunes. Un vétéran du réseau des Nations unies qu’il a rejointes dans les années 1980, Diallo a mené les débats avec brio, maîtrisant parfaitement l’art et la diplomatie onusiens qui lui permettent de s’extirper des situations aussi complexes que confrontationnelles. Habillé toujours en boubou, l’homme a quelque chose de N’Krumah et de Cheikh Anta Diop dont il a fait siennes les convictions panafricanistes et la conscience de l’antériorité d’Afrique sur les autres civilisations.
 
Brésil : Le sommet de Dakar a clôturé avec la remise symbolique du flambeau par le Rojalnu Dakar au Rojalnu brésilien. Les jeunes leaders panafricains se sont donné rendez-vous pour leur prochain sommet à San Salvador de Bahia, au Brésil, en 2015.//FIN
 

 


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