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Contentieux électoral ivoirien : Soro, Nigeria, France, Etats-Unis, Cedeao, Onu… votent Ouattara, l’armée défend Gbagbo qui va prêter serment

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Deux résultats proclamés l’un par la Commission électorale indépendante (CEI) et l’autre par le conseil constitutionnel ont rendu des verdicts différents, replongeant le pays dans la crise alors que le scrutin était censé sortir le pays de l’impasse. Selon la CEI, Alassane Ouattara a remporté le scrutin avec plus de 54 % des suffrages, selon le Conseil constitutionnel, c’est le président sortant qui gagne avec plus de 51 % des votes.

Face à cette confusion déjà source de vives tensions, le président Goodluck Ebele Jonathan du Nigeria – agissant en tant que président en exercice de la conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) – s’est clairement prononcé en faveur de l’ex-premier ministre Ouattara en affirmant que « seuls les résultats proclamés par la CEI » étaient acceptables aux yeux de la Cedeao.

Aussi, le président nigérian invite-t-il toutes les parties « à respecter et à faire appliquer totalement le verdict du peuple ivoirien tel qu’annoncé par la Commission électorale », selon un communiqué dont copie est parvenu à Ouestafnews. Goodluck Jonathan a par ailleurs affirmé que « la Cedeao entend coopérer pleinement avec l’Union africaine et les Nations unies pour s’assurer que la paix prévaudra en Côte d’ivoire ».

Mais à Abidjan, selon une collaboratrice d’Ouestafnews sur place, cet appel est resté vain, puisque « le protocole d’Etat » a annoncé que le président Laurent Gbagbo va prêter serment ce samedi 4 décembre 2010 à 12H00 (locales et GMT), rendant du coup caduques les nombreux appels l’invitant à reconnaître le verdict des urnes et à céder le pouvoir à son rival. Dans la matinée, les préparatifs indiquaient que le président était déterminé à aller jusqu’au bout de sa logique.

Hors du continent africain, le président Barack Obama des Etats-Unis, le président français Nicolas Sarkozy et le secrétaire général des Nations Unies Ban-Ki Moon, ont tous reconnu la victoire d’Alassane Ouattara, et ont appelé le chef d’Etat sortant, au pouvoir depuis 10 ans à reconnaître sa défaite.

« Je félicite Alassane Ouattara pour sa victoire au scrutin du 28 novembre », écrit Obama dans une déclaration succincte transmise à la presse et qui souligne que la « Commission électorale indépendante, les observateurs accrédités et crédibles, ont tous confirmé ce résultat et l’ont jugé crédible ».

L’armée, dans un message diffusé par la Radio Télévision ivoirienne (RTI, publique) a par contre fermement apporté son soutien au chef de l’Etat sortant, selon la collaboratrice d‘Ouestafnews, alors que les Forces armées des forces nouvelles (FAFN, ex-troupes de la rébellion qui contrôle de facto le Nord du pays) ont annoncé de leur côté être sur le qui-vive, dans l’attente d’un éventuel assaut des forces loyales au président Gbagbo.

La présidentielle ivoirienne dont les résultats risquent de mener le pays au chaos, selon plusieurs observateurs, était pourtant supposée ramener la paix et la réconciliation dans un pays déchiré depuis près d’une décennie, suite à une tentative avortée de renverser par les armes le régime du président Gbagbo en septembre 2002.

Ce dernier s’est appuyé sur cette crise et sur la partition du pays, pour rester au pouvoir bien au-delà de son mandat légal qui aurait dû expirer depuis 2005.
Le 3 décembre 2010, après la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, invalidant les votes de plusieurs départements du Nord ivoirien, le Premier ministre Guillaume Soro, a demandé à Young-Jin Choi, représentant spécial du secrétaire général de l’Onu de « certifier » les résultats. Ce dernier s’est également prononcé en faveur du candidat Ouattara, en affirmant que les résultats proclamés par la CEI reflètent mieux le vote des Ivoiriens.

Cette prise de position a elle-même suscité une vive polémique, un conseiller du président ivoirien ayant agité l’idée d’une possible expulsion du diplomate onusien.

Selon une dépêche de l’Agence France presse, l’Union européenne s’est également rangée derrière les nombreux soutiens étrangers qui reconnaissant la victoire de M. Ouattara, laissant supposer que le président Gbagbo va entamer son nouveau « mandat » en paria de la communauté internationale.


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