Arrivé au pouvoir suite à la houleuse et controversée élection présidentielle de 2010 qui a culminé en crise violente postélectorale (3.000 morts, officiellement), le président Ouattara vient de boucler un premier quinquennat marqué par le retour de la croissance économique en Côte d’Ivoire, pays de 25 millions d’habitants et locomotive de l’Afrique de l’Ouest francophone.
La « croissance inclusive », c’est quoi même ?
Depuis 2012, le pays affiche une croissance moyenne de 8% , selon les institutions financières internationales.
« Au plan de la relance économique, nous avons réussi à remettre l’économie ivoirienne sur la voie de la croissance », s’est félicité le président Ouattara dans son discours d’investiture, le 03 novembre 2015 à Abidjan.
Toutefois, si le président Ouattara revendique la création de « 2 millions d’emplois » en « seulement quatre ans », les fruits de cette croissance économique (essentiellement portée par les grands travaux d’infrastructures) ne profitent encore pas à la grande majorité des Ivoiriens, selon certains économistes.
D’ailleurs, le président ivoirien qui a promis l’émergence (mot galvaudé partout sur le continent) à ces concitoyens à l’horizon 2020, ne s’y trompe guère « …Nous devons accélérer la distribution des fruits de la croissance, surtout pour les plus défavorisés de notre société », a-t-il aussi souligné dans son discours d’investiture pour explique ce concept de croissance inclusive.
Selon les « Perspectives économiques en Afrique » que publie la Banque Africaine de développement (BAD), « la création d’emplois progresse, mais demeure insuffisante au regard du besoin énorme d’insertion de nombreux jeunes sans emplois ».
Selon cette étude, le pari de l’inclusion, passe par l’inscription de la croissance dans la durée et le
renforcement de son impact en milieu rural. Avec une économie essentiellement agricole soutenue par les exportations de cacao, dont il est le premier producteur mondial, la Côte d’Ivoire comme la plupart des pays subsahariens, reste confronté aux défis de la transformation locale de ses divers produits agricoles.
Relancer une réconciliation nationale grippée.
« Une Côte d’Ivoire Nouvelle, et un Ivoirien Nouveau, va nécessiter des changements dans nos Institutions, dans notre façon de travailler, dans notre façon de penser », affirme le chef de l’Etat ivoirien. Ce chantier passe, selon lui, par deux « grandes initiatives » : la relance de la réconciliation nationale et l’adoption d’une nouvelle constitution.
« Nous devons renforcer notre processus de réconciliation nationale, par de nouvelles consultations que j’entreprendrai avec la CONARIV (Ndlr : Commission Nationale pour la Réconciliation et l’Indemnisation des Victimes) et les Autorités traditionnelles de notre pays », a-t-il révélé.
Il s’agira là d’une nouvelle opportunité de rassemblement de la nation ivoirienne, a affirmé M. Ouattara, invitant particulièrement les hommes politiques à la saisir. Mais l’emprisonnement de son grand Laurent Gbagbo à la Haye (Pays Bas) pourrait handicaper ce processus, les partisans de ce dernier réclament toujours son retour comme préalable à toute réconciliation.
Il n’empêche que le président nouvellement réélu tient à redémarrer une réconciliation largement en panne, grâce à une nouvelle constitution pour garantir « l’égalité » de tous.
L’actuelle constitution avec son article 35 (introduite en 1995) sur la nationalité fut à l’origine de nombre de troubles qu’a connus le pays, suite à de fortes tensions inter-ethniques. Sur la base de cette disposition, Alassane Ouattara qualifié « d’étranger » fut maintenu hors des scrutins présidentiels de 1995 et de 2000.
Sur le terrain de la justice sociale, ADO comme l’appelle familièrement les Ivoirien, a été durant son premier mandat sous le feu des critiques des organisations de défense des droits de l’Homme qui lui reproche d’avoir pratiqué une « justice des vainqueurs » dans le dossier de la crise postélectorale.
Pour ces observateurs, les deux camps qui s’affrontaient lors de cette crise ont commis chacun des exactions meurtrières.
Aujourd’hui si l’ex-président Laurent Gbagbo et son épouse Simone Gbagbo ainsi que plusieurs personnalités du front populaire ivoirien (FPI, ex-parti au pouvoir) sont entre les mailles de la justice, la justice ivoirienne montre peu d’empressement quand aux « seigneurs de guerre » qui furent favorables à l’actuel président.
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