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Côte d’Ivoire : trois « démocrates » pour raisonner Gbagbo, vers une semaine décisive pour le « président » ivoirien

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Last Updated on 26/12/2010 by Ouestafnews

Cette rencontre entre les trois émissaires de l’organisation sous régionale et le président ivoirien, qui refuse de passer les rênes du pouvoir à son rival Alassane Ouattara, devrait aussi marquer une semaine décisive – pour le meilleur ou pour le pire – dans l’issue du contentieux postélectoral né du second tour de la présidentielle ivoirienne disputé le 28 novembre 2010 et qui a vu chacun des deux protagonistes réclamer la victoire.

Thomas Yayi Boni du Bénin, Pedro Pires du Cap Vert et Ernest Bai Koroma de la Sierra Leone ont été désignés par la Cedeao, selon le ministre béninois des Affaires étrangères Jean Marie Ehouzoucité dans une dépêche de l’Agence France Presse (AFP, semi-publique) pour mener cette médiation, que l’on qualifie déjà de celle de la dernière chance.

Avant eux, l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki et le président de la commission de l‘Union africaine Jean Ping, s’étaient rendus en Côte d’Ivoire pour faire servir de médiateur dès le début du contentieux, sans succès.

« Il est clair que la détermination de ces hommes d`Etat (Boni, Koroma et Pires), pour trouver une sortie par le dialogue à la crise est sans équivoque. Ils iront parler au président Gbagbo pour lui faire comprendre et essayer d`obtenir de lui de partir sans attendre du pouvoir comme le dit la Cedeao », a affirmé le ministre béninois, selon l’AFP.

Le choix de ces trois présidents, tous arrivés au pouvoir de manière pacifique et à la suite d’un verdict des urnes, ne manque pas de symbolisme dans un contexte africain de plus en plus marqué par des velléités de remise en cause des faibles acquis démocratiques des deux dernières décennies, selon les analyses du desk politique d’Ouestafnews.

En plus, contrairement aux chefs d’Etats les plus en vue dans la sous-région depuis dix ans que la crise ivoirienne dure, ces trois chefs d’Etat se sont faits très peu remarquer dans leurs prises de position publiques sur cette crise.

Enfin le relatif « éloignement » géographique de leur pays (pas de frontière directe avec la Côte d’Ivoire) donne à ces « médiateurs » de la dernière chance plus de marge manœuvre pour parler à l’aise au président ivoirien qui réclame une victoire que presque personne ne lui reconnaît désormais.
En attendant l’issue de ces tractations, Laurent Gbagbo fait face à une condamnation quasi-unanime en Afrique et dans le monde que jamais dans l’histoire contemporaine du continent un pouvoir en place, n’a eu à affronter.

A l’arrivée des médiateurs chez lui en cette dernière semaine de l’année 2010, le « président » ivoirien sera confronté à un choix très difficile : accepter de partir ou exposer son régime et son pays à une coalition internationale qui a déjà mis la Côte d’Ivoire sous sanction. Surtout, Laurent Gbagbo et ses partisans auront, en cas de refus, à faire face à l’éventualité d’une intervention militaire que la Cedeao a clairement indiqué être la prochaine étape sur son agenda.

Autre fait sans précédent, ses pairs ont retiré à Laurent Gbagbo sa « signature » au niveau de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest, (BCEA0, banque centrale commune à huit pays ouest africains). Certains analystes et le camp Gbagbo n’ont pas manqué de voir dans cette sanction inédite « la main de la France », ancienne puissance colonisatrice de la France et « garante » de la convertibilité du franc CFA.

Auparavant, c’est la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque africaine de développement qui avaient annoncé leur intention de ne plus travailler avec le régime Gbagbo afin de le pousser à la sortie.

Sur le plan diplomatique, les Etats-unis, l’Union européenne, les Nations Unies, l’Union africaine, la Cedeao ont tous, dès les premiers jours du contentieux, reconnu Alassane Ouattara victorieux et annoncé une série de sanctions contre le régime du président Gbagbo alors que les appels à passer le pouvoir se multipliaient.

Face à cette série de désapprobations et de condamnations, dans le camp du président Gbagbo – déjà une première fois arrivé au pouvoir en 2000 de manière « calamiteuse », selon les propres termes du « président » – on brandit la souveraineté de la Côte d’Ivoire, la légalité « constitutionnelle » et on s’appuie sur le soutien encore infaillible de l’armée pour expliquer le désir de rester au pouvoir.

Cité par des médias étrangers présents en Côte d’Ivoire, le porte-parole de Laurent Gbagbo a d’ailleurs déclaré qu’une intervention militaire étrangère serait « inacceptable » et pourrait conduire à la « guerre civile ». Pendant ce temps, Charles Blé Goudé, le dirigeant des « Jeunes Patriotes » (mouvement radical pro-Gbabgo) a appelé à un grand rassemblement à Abidjan pour soutenir son mentor, aujourd’hui plus que jamais isolé sur la scène internationale.

Quant à l’opinion publique ouest africaine, les nombreux débats sur les réseaux sociaux, et notamment sur Facebook, et sur différents sites Internet montrent que même si elle ne veut pas de la guerre, elle veut surtout pas des régimes autoproclamés ni de leaders qui « s’accrochent au pouvoir».

Dans sa grande majorité, cette opinion publique souhaite que « l’exemple ivoirien » serve de leçon à tous les autres chefs d’Etats qui eux aussi tentent par tous les moyens de se maintenir au pouvoir, y compris parmi ceux qui aujourd’hui soutiennent la légitimité de Ouattara, considéré comme le président «démocratiquement» élu.

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