Ouestafnews – Désaccord avec ses alliés du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), autour du parti unifié, probable candidature en 2020… Alassane Ouattara, qui semblait pris au piège des incertitudes, a surpris son monde, en annonçant l’amnistie de 800 personnes et ouvert la voie à une refonte de la Commission électorale indépendante (CEI), une vieille doléance des opposants.
A moins de deux ans de la fin de son second et dernier mandat, le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé lundi 6 août 2018 une vaste amnistie destinée à favoriser la réconciliation nationale. «Sur les 800, environ 500 sont déjà en liberté provisoire ou en exil et verront leur condamnation pénale effacée», a indiqué le chef de l’Etat ivoirien.
Simone Gbagbo libre
Parmi les personnes concernées par l’amnistie figurent l’ex-première dame Simone Gbagbo et des ministres de l’ancien régime Lida Kouassi et Assoa Adou, ou encore Souleymane Kamaraté Koné, alias « Soul to Soul », proche de Guillaume Soro.
Toutefois, une soixantaine de militaires et de membres de groupes armés ayant commis des crimes de sang ne sont pas concernés par cette amnistie.
Selon le porte-parole du Front populaire ivoirien (FPI, branche Affi N’Guessan), Agnès Monnet, citée par Jeune Afrique, «c’est un geste de décrispation apprécié à sa juste valeur».
La nouvelle a été bien accueillie dans toutes les tendances du FPI (l’ex-parti au pouvoir fondé par Laurent Gbagbo). Et selon des informations relayées par la presse locale, Mme Gbagbo a quitté sa résidence surveillée et rejoint son domicile abidjanais , le mercredi 8 août.
En mars 2015, Simone Gbagbo avait été condamnée à vingt ans de prison par la Cour d’assises d’Abidjan pour «attentat à l’autorité de l’Etat, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public».
Les faits reprochés à Mme Gbagbo et aux autres amnistiés remontaient à la violente crise post-électorale (3.000 morts) qu’a connue la Côte d’Ivoire.
Le président Ouattara avait refusé d’extrader l’ex-Première dame vers la Cour pénale internationale (CPI), malgré le mandat d’arrêt international émis par cette dernière en février 2012.
Refonte de la CEI
L’autre point de décrispation du discours du chef de l’Etat ivoirien est de répondre aux exigences de l’opposition ivoirienne qui, depuis quelques mois, réclame le remaniement de la Commission électorale indépendante (CEI) et le départ de son président Youssouf Bakayoko, en poste depuis 2010.
«Je voudrais réaffirmer, encore une fois, que la composition actuelle de la Commission électorale indépendante résulte d’un large consensus de tous les acteurs politiques ivoiriens de premier plan, après la crise post-électorale», a affirmé M. Ouattara.
Cette refonte de la CEI, ira dans le sens de l’apaisement du débat politique et de la société ivoirienne pour le gouvernement. Avec le Conseil constitutionnel, la CEI a été au cœur de l’imbroglio post-électoral de 2011.
Présidentielle 2020
Pour l’élection présidentielle de 2020, Alassane Ouattara a insisté qu’il faut «travailler à transférer le pouvoir à une nouvelle génération».
Un rétropédalage par rapport à sa déclaration de juin 2018, lors d’un entretien avec Jeune Afrique dans lequel il affirmait que la Constitution ivoirienne «l’autorise à faire deux mandats à partir de 2020».
Ces nouvelles annonces du président ivoirien, se déroulent pourtant dans un contexte de friction au sein de la coalition présidentielle. Allié de longue date d’Alassane Ouattara, le PDCI est vivement opposé au parti unifié (Rassemblement des Houphouetistes pour la Paix et la Démocratie).
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