La crise post-électorale en Côte d’Ivoire qui a duré de décembre 2010 à Avril 2011 a fait 3.000 morts, selon un bilan officiel. Charles Blé Goudé, une des personnalités les plus en vue du temps de Laurent Gbagbo, est actuellement en détention en Côte d’Ivoire, suite à son extradition du Ghana, ou il s’était réfugié durant plus d’une année.
«Le rôle nocif qu’a joué Blé Goudé dans la plus grande tragédie qu’ont connue les Ivoiriens de toute l’histoire de la Côte d’Ivoire, n’est plus à démontrer », écrit le quotidien le Patriote (proche du parti pouvoir).
L’annonce de ce mandat d’arrêt, pourtant décidé depuis décembre 2011, intervient quelque jours seulement après que le gouvernement ait refusé le transfèrement de l’ex-première dame Simone Gbagbo, réclamée par la Cour depuis février 2011.
Les autorités ivoiriennes qui se sont prononcées sur la question au sortir d’un conseil des ministres extraordinaire, le 20 septembre 2013, ont jugé «irrecevable» la requête de la CPI, estimant que les juridictions ivoiriennes, aujourd’hui réhabilitées sont à même de garantir à Simone Gbagbo un procès «juste et équitable».
En sera-t-il de même pour l’ex- leader des jeunes patriotes ? Au niveau d’une partie de l’opinion, on soupçonne un deal entre la CPI et le gouvernement d’Alassane Ouattara, qui pour calmer la fureur de la Cour va leur offrir Charles Blé Goudé, en guise de compensation pour la perte de Simone Gbagbo.
Au niveau du Front patriotique ivoirien (FPI, ex-parti au pouvoir), la libération de Laurent Gbagbo reste toujours une exigence et dans ce contexte livrer son épouse à la Cour serait très préjudiciable pour le processus de réconciliation en cours.
Le camp Gbagbo, pour le moment est seul dans le viseur de la justice international, alors que des crimes auraient été commis aussi par des forces alliées au président Ouattara durant la crise postélectorale. Ce dernier avait lors de sa prestation de serment en mai 2011, promis de traduire en justice tous les responsables de crimes, quelle que soit leur appartenance.
«Si les procureurs ont inculpé plus de 150 personnes pour des crimes perpétrés au cours des violences post-électorales, aucun des inculpés ne provient des forces pro-Ouattara», s’impatiente l’Ong Human Rights Watch dans son dernier rapport sur la Côte d’Ivoire.
En tous cas, la crise postélectorale vient grossir les dossiers en cours à la CPI, mettant en cause essentiellement des dirigeants africains.
Aux cas devenus emblématiques du président soudanais Omar El Béchir, et celui le chef rebelle ougandais Joseph Kony, s’ajoutent les affaires Charles Blé Goudé, Simone Gbagbo et plus récemment Uhuru Kenyatta, le président kenyan, tous visés par des mandats d’arrêts internationaux.
Le bureau du procureur de la Cour a aussi ouvert une enquête en début d’année sur les crimes présumés commis sur le territoire du Mali depuis janvier 2012 et des examens préliminaires sont menés en Guinée et au Nigeria.
Institué par le Statut de Rome, entré en vigueur en 2002, après sa ratification par 60 pays, la CPI, subit beaucoup de critique de la part des leaders africains qui lui reproche de s’acharner sur l’Afrique, un continent qui n’a pas selon eux, le monopole des «crimes contre l’humanité».
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