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Coup d’Etat au Burkina Faso : Kaboré « out » ! Et de trois pour les « putschistes » ouest-africains

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Ouestafnews – C’est désormais acté. Le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré a été destitué par des militaires. Un coup d’Etat qui intervient dans un contexte sous régional tendu. C’est le 3è coup d’Etat dans un pays du Sahel, région gangrénée par une crise sécuritaire depuis des années, et que les pouvoirs civils ont du mal à juguler.

Après le Mali le 18 août 2020 et la Guinée le 5 septembre 2021, c’est au tour du Burkina Faso de vivre… son putsch.

Ce lundi 24 janvier 2022, les militaires ont confirmé avoir mis fin au pouvoir du président, Roch Marc Christian Kaboré, après ce que certaines personnes avaient voulu présenter comme une « simple mutinerie » de militaires dans la capitale.

Depuis la nuit du 22 au 23 dimanche 2022, les bruits de bottes se faisaient entendre à Ouagadougou, faisant planer le doute au sein des populations, mais aussi faisant craindre « le pire », qui a fini par arriver. Toute la journée de dimanche 23 et jusqu’au lundi dans la matinée, la situation est restée confuse.

C’est dans l’après-midi du lundi qu’un porte-parole des putschistes, le capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo annoncera officiellement à la télévision nationale, que les militaires ont « mis fin au pouvoir » du président Kaboré.   

La situation est « toujours confuse », a indiqué à Ouest News, Basolma Bazié, ex-secrétaire de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGTB). Dans un entretien téléphonique réalisé peu avant la déclaration du capitaine Ouédraogo M. Bazié s’inquiétait de n’avoir « aucune information », le gouvernement ayant coupé « les réseaux et autres ».

Depuis le 10 janvier 2022, les internautes burkinabè n’ont pas accès à certaines plateformes via Internet, notamment Facebook. Cette restriction intervient suite à celles du 20 au 28 novembre 2021.

Le 19 janvier 2022, le porte-parole du gouvernement burkinabè, Alkassoum Maïga avait déclaré que les autorités ont restreint l’accès au réseau social Facebook pour des « raisons de sécurité ».

Pour les citoyens, malgré la tension ambiante, les activités commerciales et autres continuent normalement dans la capitale, selon le patron de la CGTB.

Par contre, une journaliste burkinabè qui n’a pas souhaité être identifiée, a expliqué à Ouestaf News par téléphone que les banques et autres lieux de commerce commençaient à fermer leurs portes, depuis le matin de ce lundi.

Selon les premières explications disponibles, le putsch serait partie d’une mutinerie de soldats qui réclamaient, entres autres, « des moyens adaptés à la lutte » anti-terroriste, « des effectifs conséquents », et le limogeage de l’Etat-major.

Dans sa déclaration à la télévision nationale, le capitaine Sidsoré Kader Ouedraogo qui s’exprimait au nom du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), mis en place par les militaires putschistes, a justifié leur coup de force par « l’incapacité du pouvoir » de Roch Marc Christian Kaboré à unir les burkinabè pour faire face aux djihadistes.

Le MPSR a également indiqué que « les opérations se sont déroulées sans effusion de sang et sans violence physique sur les personnes arrêtées ». Il a aussi annoncé que la constitution et les institutions sont suspendues.

Plusieurs militaires sont détenus depuis mi-janvier pour des faits présumés de « tentative de déstabilisation des institutions ». Parmi eux, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana, ex-chef de corps du 12e régiment d’infanterie commando. Il était jusque-là commandant du groupement des forces du secteur ouest, engagées dans la lutte anti-terroriste.  

Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des attaques terroristes. Celles-ci se sont généralisées dans toutes les régions du pays avec des conséquences sur le plan humanitaire.   

Six soldats burkinabè ont été tués et « plusieurs terroristes neutralisés » dans la semaine du 10 au 16 janvier 2022, avait annoncé le 17 janvier 2022 l’armée burkinabè dans un communiqué.

Deux mois auparavant, le 14 novembre 2021, au moins 50 gendarmes et plusieurs civils ont été tués à Inata (nord), lors d’une attaque terroriste contre le détachement de gendarmerie de la même localité.  

Le pays compte 1.579.976 personnes déplacées internes à cause du terrorisme, selon le Conseil national des secours d’urgence et de réhabilitation (Conasur), précisant que parmi ces déplacés, 61,66 % sont des enfants, 22,34 % des femmes et 16,00 % des hommes.

L’insécurité a également engendré la fermeture de 3.280 établissements scolaires soit 13,09 % des structures éducatives du pays, privant 511.221 enfants de leur droit à l’éducation. Début janvier, le gouverneur de la région du Sahel burkinabè, le colonel major Salfo Kaboré avait prolongé le couvre-feu dans la région pour une durée de 45 jours, du 10 janvier au 23 février 2022. Ce couvre-feu est en vigueur dans 14 des 45 provinces que compte le pays afin de faciliter la lutte contre le terrorisme.

Ce coup de force est le troisième en 18 mois en Afrique de l’Ouest. En mai dernier, au Mali, le Colonel Assimi Goïta, déjà auteur d’un coup d’État en août 2020, s’était emparé des pleins pouvoirs. En septembre 2021, en Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya avait renversé le président Alpha Condé, pour prendre le pouvoir.

ON/fd/ts


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