Ouestafnews – Procédures en ligne qui embrouillent, tests Covid obligatoires, quarantaines… Voyager en cette période de pandémie peut vite tourner au cauchemar. A l’aéroport international de Lomé, c’est un véritable parcours du combattant qui est ainsi imposé aux passagers, au départ comme à l’arrivée.
Dimanche 9 janvier 2022. Il est 20h à l’aéroport international Gnassingbé Eyadema de Lomé. Massan Dogblé, 18 ans et nouvelle bachelière, s’apprête à embarquer pour Paris via un vol Air France. Elle va poursuivre ses études en France. Le décollage de l’avion est prévu pour 22h 40. La jeune fille profite de ses dernières minutes au Togo pour prendre quelques photos avec ses amis et proches venus lui dire au revoir quand Ouestaf News l’a approchée.
« C’est mon premier voyage ! J’avoue que mes nerfs sont mis à rude épreuve. J’ai beaucoup souffert pour remplir les formulaires en ligne, rassembler les documents sanitaires nécessaires dont j’ai besoin », confie la future étudiante. Pour elle, « ce n’est pas chose aisée » car « tout est compliqué et confus ».
A quelques mètres d’elle, Jacques Gomado, commerçant, pousse son chariot à bagages vers l’entrée du hall. Lui, pense qu’il « vaut mieux rester chez soi si on n’a rien de sérieux à faire à l’étranger ».
Selon cet homme d’affaires habitué aux déplacements hors du Togo, les tracasseries précédant le voyage sont multiples. Il faut « s’assurer que le test anti Covid fait au départ soit valide à l’arrivée, heure pour heure », explique l’homme d’affaires. Et ce n’est pas tout, selon lui, il faut aussi « connaitre les restrictions sanitaires du pays de destination et vérifier que son vaccin y est reconnu. Puis, sur place, d’autres questions surgissent, notamment l’obtention du passe sanitaire qui est exigé dans plusieurs pays », s’offusque-t-il.
Au milieu de cette ambiance d’aéroport, certains passagers pointent du doigt la lenteur des formalités, caractérisées par de longues files d’attente, les contrôles multiples de température, la désinfection régulière des mains… Une pléthore d’exigences qui « fatiguent, épuisent et découragent », se plaignent des voyageurs rencontrés sur les lieux.
Depuis sa réhabilitation en 2016, l’aéroport international de Lomé accueille 2 millions de passagers par an, selon les sources officielles. Mais en raison du Covid-19, le trafic a chuté. Il est passé de 916.659 voyageurs en 2019 à 459.961 en 2020, soit une baisse de près de 50% en un an, d’après le ministère des Transports routier, aérien et ferroviaire.
Test obligatoire
Au Togo, obtenir le test Covid négatif est un préalable pour voyager, comme presque partout dans le monde. Il doit être effectué trois jours avant le départ. Le test se fait au laboratoire dédié et aménagé dans l’enceinte de l’ancienne aérogare de l’aéroport de Lomé.
Le processus se passe en plusieurs étapes. Le voyageur remplit d’abord un formulaire en ligne, puis s’acquitte des frais du test PCR Covid-19 (25.000 FCFA) sur la même plateforme via les services de transfert ou une carte bancaire. Une fois le paiement effectué, un reçu électronique contenant un QR-Code est envoyé par email au voyageur.
Ce dernier est tenu d’imprimer son reçu électronique. Avec cette preuve de paiement et muni de pièce d’identité et de son billet d’avion, il se présente au laboratoire pour effectuer le test. Le résultat, positif ou négatif, lui est envoyé par email dans un délai de 24 heures.
Ce parcours n’est pas toujours simple pour tout le monde, en particulier pour ceux qui ne sont pas habitués à l’usage de la technologie. De nombreux passagers soutiennent avoir raté leurs voyages ou reporté leurs déplacements à cause d’un émail non reçu.
« Moi, j’ai raté des vols pour n’avoir pas reçu les résultats de mes tests PCR à temps. J’en connais beaucoup d’autres d’ailleurs. Certains ne les reçoivent qu’à quelques minutes de leur embarquement ! Imaginez ce que cela peut engendrer comme stress et désagréments », témoigne l’homme d’affaires Jacques Gomado. Les tests, ce n’est pas qu’au départ. Ils sont aussi exigés à l’arrivée.
Pour le médecin-commandant Wembo Halatoko, directrice générale de l’Institut national d’hygiène, citée par la radio allemande Deutsche Welle en février 2021, le test à l’arrivée au Togo n’a pas pour but de « contrôler la fiabilité des tests effectués dans les pays de départ ». Il vise seulement à vérifier si le voyageur a maintenu son statut négatif au Sars-Cov2.
« Entre la date du premier test et celle à laquelle vous arrivez au Togo, beaucoup de choses peuvent se passer sur le plan biologique. Vous pourriez être positif entre-temps », précise-t-elle. Etant entendu que « tout passager testé positif à l’arrivée est mis systématiquement en quarantaine ».
Du protocole sanitaire
Fermé au trafic commercial le 20 mars 2020 en raison de la crise sanitaire, l’aéroport de Lomé a été rouvert le 1er août de la même année. En même temps que la mise en place de nouvelles mesures de sécurité et de sûreté aéroportuaires afin de réduire la propagation de la maladie à coronavirus.
L’installation de dispositifs de désinfection des mains, les marquages du sol et les inscriptions sur les sièges pour la distanciation physique sont les mesures les plus visibles.
Selon le site web de l’aéroport de Lomé, tous les équipements, aéronefs et surfaces exposées sont nettoyés et désinfectés à une fréquence déterminée par une évaluation des risques sanitaires et opérationnels, en conformité avec les prescriptions des autorités sanitaires.
Le gouvernement a aussi lancé une plateforme pour dématérialiser la gestion des voyageurs. Ainsi, les déclarations relatives à la santé et à l’immigration peuvent désormais se faire en ligne.
Les passagers à l’arrivée sont aussi tenus d’installer sur leur smartphone, l’application mobile « TogoSafe ». Celle-ci permet aux autorités en charge de la riposte de s’assurer de l’auto-isolement du voyageur, en attendant le résultat de son test…
DHA/md/ts
Voulez-vous réagir à cet article ou nous signaler une erreur ? Envoyez-nous un message à info(at)ouestaf.com.