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Covid-19 – Togo : la vaccination de routine au ralenti

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Ouestafnews – L’épidémie de Covid-19 n’épargne aucun secteur. Au Togo, des milliers de femmes, craignant la contamination, s’éloignent des centres de santé où elles faisaient vacciner leurs enfants contre les maladies classiques. Une situation lourde de danger, même si un retour timide à la normale s’amorce.

Lomé. Samedi matin 23 octobre 2021. La salle qui a l’habitude d’accueillir mères et enfants au Centre médico-social Jérusalem du quartier Agbalepedogan est à moitié vide. Autrefois pleine à craquer pour la vaccination des enfants, elle ne connait plus le même engouement depuis l’apparition du Covid-19 : la peur du virus est passée par là.

Fidèle est la maman de Léon, un petit garçon de bientôt deux ans. A ce jour, l’enfant n’a été vacciné que trois fois. Or, conformément au calendrier vaccinal, il devrait avoir déjà été vacciné une dizaine de fois. 

« Nous avons bien démarré la vaccination. Mais quand la crise sanitaire a commencé, son père et moi avons jugé plus prudent de ne pas l’amener à l’hôpital à cause des risques de contamination. Mais comme cette pandémie ne finit jamais, nous avons décidé de revenir au centre », confie la mère de Léon.

Elles sont nombreuses, les femmes qui ont le courage de revenir au rythme normal des vaccinations pour leurs enfants. Cependant, beaucoup d’autres hésitent à franchir le pas. D’où la faible affluence observée ici et dans d’autres services de vaccination à Lomé et environs.

Difficile d’obtenir les statistiques sur le nombre d’enfants vaccinés avant et pendant le Covid auprès du ministère de la Santé. Les tentatives pour en trouver auprès des cinq centres de santé à Lomé, sont également restées sans résultat. Dans certains de ces centres, ces statistiques ne sont pas disponibles et dans d’autres, une autorisation de la direction est exigée avant d’y avoir accès.

Il reste que malgré la pandémie, la nécessité de faire vacciner les enfants demeure.

« Les mamans ne doivent jamais oublier l’importance de vacciner leurs enfants contre les maladies infantiles qui sont très meurtrières», rappelle Collette Amegbe, sage-femme à la clinique « Santé Pour Tous », à Logogomé, en banlieue de la capitale togolaise.

23 millions d’enfants non vaccinés

Selon des données officielles publiées le 15 juillet 2021 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), 23 millions d’enfants à travers le monde n’ont pas reçu les vaccins infantiles de base dans le cadre des services de santé de routine en 2020, soit 3,7 millions de plus qu’en 2019.

Pour l’OMS et l’Unicef, ces chiffres illustrent, pour la première fois, les perturbations subies par les services de santé à l’échelle planétaire du fait du Covid-19.

« Il y a eu une baisse assez remarquable des indicateurs de vaccination de routine », souligne Luc Bouffet, chargé des partenariats à l’Unicef en marge d’un atelier de renforcement des capacités des hommes de médias organisé en août 2021 à Lomé.

Avec la survenue du Covid-19 au mois de mars 2020, les campagnes de vaccination de masse ont connu un moment de ralentissement. Ce n’est que vers la fin de l’année 2020 que le Togo a repris ces campagnes pour rattraper le temps perdu, sans garantie d’y parvenir.

« Le Covid-19 est là, mais on ne peut pas continuer à ignorer les autres maladies épidémiologiques », fait remarquer le Pr Moustapha Mijiyawa, ministre de la Santé.

« Nos enfants souffrent d’un certain nombre de carences qui agissent sur leur croissance. C’est pourquoi nous devons agir », a-t-il poursuivi au cours d’un point de presse tenue le 23 juin 2020.

Une décision soutenue par l’OMS. « Nous avons une recrudescence de beaucoup d’infections aujourd’hui parce que nos populations fuient les centres de santé. Toutes ces maladies (…) nous obligent à déclarer l’épidémie à cause de leur potentiel épidémique », a renchéri Dr Fatoumata Binta T. Diallo, représentante de l’OMS au Togo.

Au Togo comme dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, un Programme élargi de Vaccination (PEV) est mis en œuvre depuis 1980 afin de réduire la morbidité et la mortalité des maladies évitables par la vaccination, surtout chez les enfants de moins d’un an et chez les femmes enceintes. Pour le gouvernement, le PEV est  une priorité de la Politique nationale de santé.

Le schéma vaccinal pour les enfants concerne plusieurs maladies mortelles. Elles ont pour nom : diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite, rougeole, rubéole, oreillons, varicelle, méningite, hépatite B, fièvre jaune et tuberculose.

« Ce sont des maladies graves capables de tuer enfants et adultes ou de les handicaper à vie. Les vaccins doivent être administrés aux nourrissons de moins d’un an, avec des doses supplémentaires si nécessaire. Ils évitent aux enfants de contracter et de transmettre ces maladies », explique la sage-femme, Collette Amegbe.

Cependant, si les mères refusent de remettre les pieds dans les structures sanitaires pour faire vacciner leurs enfants, c’est qu’elles ne sont pas rassurées par les mesures prises pour leur éviter de contracter le coronavirus.

« Il est déplorable que certains centres de santé ne fassent pas respecter les gestes barrières en leur sein. Il faut que les responsables de ces lieux prennent leur responsabilité pour que ces  mesures soient suffisamment appliquées, en particulier le lavage des mains, la distanciation physique, le port du masque », recommande la Mme Collette Amegbe.

Selon un article publié par l’Unicef, les « vaccins sauvent plus de cinq vies chaque minute ». Ils «constituent l’une des avancées les plus importantes en matière de santé et de développement au niveau mondial » par la réduction des effets de maladies comme la polio, la rougeole et la variole.

 DA/md/ts


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