Ouestaf News – En Afrique comme ailleurs dans le monde, certains ne cachent pas leur scepticisme face au test de dépistage du Covid-19, d’autres le jugeant peu fiable, inefficace ou inutile.
Dans une série de messages sur Twitter sensibilisant sur les ravages du Covid-19 au Mali, l’internaute @issa2yena exprime ses doutes, soutenant : « Les tests [de dépistage du] Covid sont « obsolètes » parce que tu peux avoir la maladie sans que même le test ne soit positif… »
Le bail est entrain de faire des ravages absolument partout , les seules centre de Covid de Bamako sont saturés à savoir Point G et L’Hôpital du Mali …
Les tests Covid sont « obsolète » parce que tu peux avoir la maladie sans que meme le test ne soit positif…— Isy Bang❌ (@issa2yena) December 3, 2020
Peut-on avoir un test négatif et avoir le virus du Covid-19 ? Ouestaf News a interrogé sur ce sujet le médecin Abaché Ranaou, président du Comité national de lutte contre le Covid-19 au Niger. Sa réponse est sans ambages : « On peut avoir un test négatif alors qu’on est malade », pour plusieurs raisons.
Cela peut arriver « pour deux raisons, au moins », a indiqué Dr Ranaou, également secrétaire général au ministère nigérien de la Santé publique : « soit parce que le prélèvement a été mal fait, soit parce que le virus a déjà migré vers les poumons », parce qu’il se déplace dans le corps durant les différentes phases de l’infection. Dans ce dernier cas, a expliqué ce médecin spécialisé en Santé publique, « quand on fait des prélèvements au niveau de l’oropharynx (une partie du pharynx), au niveau de la bouche, on ne trouve pas de gêne du virus, parce qu’il est déjà dans les poumons. A ce moment, ce sont le scanner et la radio qui peuvent objectiver la maladie, et cela va donner des signes patents de la maladie ».
Le Niger a enregistré son premier cas confirmé positif le 19 mars 2020 et connaît depuis la mi-novembre une recrudescence de nouvelles infections. Au 28 décembre, il cumulait 3.159 cas confirmés, incluant 99 décès et plus de 1.700 guérisons.
En termes de cas positifs cumulés, deux voisins du Niger le dépassent. A la même date, le bilan du Mali affichait 6.703 cas (incluant 256 décès et plus de 4.500 guérisons), tandis que les chiffres du Burkina Faso arrêtés au 26 décembre affichent 6.344 cas (dont 78 décès et plus de 4.700 guérisons).
« Faux négatif »
Quand on a un test négatif alors qu’on a le virus qu’il est censé détecter, cela s’appelle un faux négatif. L’inverse peut aussi se produire : le test peut détecter le virus alors qu’on ne l’a pas ; c’est le faux positif.
Le résultat d’un test peut être un faux négatif si le dépistage est effectué au tout début de l’infection du Covid-19, d’après Dr Ndongo Dia, virologue à l’Institut Pasteur de Dakar, un des centres de référence en Afrique pour la détection du nouveau coronavirus qui est à l’origine de l’actuelle pandémie.
« On peut vous tester quand vous êtes en incubation, c’est-à-dire que vous avez le virus, mais il n’a pas encore eu le temps de se répliquer. Le test peut alors être négatif. Vingt-quatre heures après, le virus commence à se répliquer, et si on vous reteste le lendemain, vous pouvez êtes positif », a expliqué Dr Dia, responsable du laboratoire « Grippe et virus respiratoires » de l’Institut Pasteur de Dakar.
Le test « est spécifique », a souligné le spécialiste, « il donne juste une information à un moment donné. Il va vous dire, au moment où on l’a réalisé, au moment où on a fait le prélèvement sur la personne, si la personne est positive ou pas. Le test n’est pas là pour suivre ce qui peut advenir dans les heures ou les jours qui suivront » le prélèvement. Donc, « si vous êtes négatif aujourd’hui, cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas être positif si on vous reteste » ultérieurement, a conclu Dr Ndongo Dia.
Quels tests ?
Il existe plusieurs tests pour savoir si on a attrapé le Covid-19, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« Le test moléculaire le plus couramment utilisé est le test d’amplification en chaîne par polymérase (PCR, en anglais : « Polymerase Chain Reaction »). On effectue un prélèvement dans le nez et/ou la gorge à l’aide d’un écouvillon », une sorte de long coton-tige, explique l’OMS sur une page dédiée au Covid-19 et à « ce qu’il faut savoir » sur cette maladie.
Certains spécialistes appellent ce test « RT-PCR », pour « réaction de polymérisation en chaîne par transcription inverse » (RT, pour « Reverse Transcriptase »), la méthode de biologie moléculaire utilisée pour dépister le Covid-19, indique l’Institut Pasteur.
Selon l’OMS, « le test moléculaire détecte la présence du virus dans le prélèvement en amplifiant le matériel génétique viral jusqu’à des niveaux détectables. C’est pourquoi un test moléculaire est utilisé pour confirmer une infection active, généralement quelques jours après l’exposition et à peu près au moment où les symptômes peuvent apparaître ».
Il existe aussi « les tests antigéniques de diagnostic rapide (également appelés tests de diagnostic rapide ou TDR) », poursuit l’agence onusienne. Les TDR « détectent les protéines virales (connues sous le nom d’antigènes). Des échantillons sont prélevés dans le nez et/ou la gorge à l’aide d’un écouvillon. Ces tests sont meilleur marché que les tests PCR et donnent le résultat plus rapidement, mais ils sont généralement moins fiables. Ces tests sont plus efficaces lorsque le virus circule beaucoup dans une communauté et lorsque l’échantillon est prélevé au moment où la personne est la plus contagieuse. »
Aucun test « fiable à 100 % »
Dr Eric Muraille, biologiste, immunologiste et chercheur à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), en Belgique, avait dénombré quelques centaines de tests, tous genres confondus, « début avril » 2020. Et dans ce lot, figuraient « 78 tests RT-PCR, 13 tests antigènes rapides », a écrit Dr Muraille dans un article publié le 22 avril 2020 par le média en ligne The Conversation. « Aucun de ces tests n’est fiable à 100 %, mais, utilisés par un personnel médical qualifié et en combinaison, ils permettent l’identification de la majorité des individus infectés et immunisés », a-t-il estimé.
Neuf mois après son apparition en Afrique de l’Ouest, le virus reste très présent dans la sous-région où l’on parle même d’une « deuxième vague ».
Le Nigeria reste le pays le plus touché avec plus de 84.800 cas au 28 décembre 2020 (dont plus de 1.200 décès et plus de 7.100 guérisons). Il est suivi du Ghana qui comptait plus de 54.500 cas au 24 décembre 2020 (avec plus de 330 décès et plus de 53.000 guérisons). Le bilan le moins élevé au compteur dans la région est celui du Liberia, avec près de 1.800 cas cumulés (dont 83 décès et plus de 1.400 guérisons), selon les derniers chiffres officiels disponibles pour ce pays, datant du 16 décembre 2020.
Face à la hausse de nouveaux cas, le gouvernement nigérien a imposé de nouvelles mesures, entrées en vigueur le 20 novembre 2020, incluant « l’auto-isolement obligatoire à domicile pendant sept jours » pour le voyageur ayant un « test Covid-PCR négatif », a rapporté l’Agence nigérienne de presse (ANP, officielle). De nouvelles décisions ont été annoncées pour compter du 24 décembre 2020, incluant la fermeture des bars et lieux de spectacles.
L’auto-isolement obligatoire de sept jours est une « précaution » supplémentaire, avec le test négatif exigé, d’après Dr Abaché Ranaou. Cette mesure, assortie du retrait du passeport du voyageur, permet un meilleur suivi de la chaîne. Auparavant, il était demandé aux voyageurs arrivant au Niger de laisser leurs contacts aux autorités et de s’auto-isoler pendant deux semaines mais certains ne respectaient pas la recommandation et fournissaient « de faux numéros, de faux contacts » et étaient injoignables pour le suivi.
Actuellement, quand la personne entrant au Niger arrive, « elle présente son test [de dépistage du Covid-19]. Si le test est négatif, on lui dit d’aller s’auto-confiner pendant une semaine. Elle laisse son passeport, elle ne peut le récupérer qu’après avoir présenté un nouveau test négatif au septième ou huitième jour », a dit Dr Ranaou.
Toutefois, a insisté le chef du comité contre le Covid-19 au Niger, même avec la probabilité de faux négatifs, « en l’état actuel de la situation, le moyen le plus fiable » pour savoir si on a contracté le virus est le dépistage. « Le meilleur moyen (pour cela), c’est le test. Et le meilleur test, c’est le test PCR », a-t-il précisé.
Un avis largement partagé par les scientifiques, d’après La Revue du praticien, une publication médicale française de référence, se fondant sur une analyse de chercheurs de l’université John Hopkins aux Etats-Unis. « Aujourd’hui, les tests PCR sur prélèvement nasopharyngé [dans le nez et la gorge, NDLR] demeurent la référence dans le dépistage et le diagnostic de la Covid, à la fois chez les patients symptomatiques et asymptomatiques », peut-on lire dans un article de la revue publié en juin 2020, intitulé « Tests PCR : attention aux faux négatifs ».
Positif avec un test négatif, c’est possible
Sur Twitter, un internaute doute des tests de dépistage du Covid-19, les jugeant « obsolètes » parce qu’on peut être malade avec un test négatif.
Il est effectivement possible d’avoir le virus alors que le résultat de son test de dépistage est négatif, ont expliqué à Ouestaf News Dr Abaché Ranaou, président du Comité national de lutte contre le Covid-19 au Niger, et Dr Ndongo Dia, virologue à l’Institut Pasteur de Dakar.
Ce cas de figure, appelé « faux négatif », peut se produire à cause d’un prélèvement mal fait ou parce qu’au moment du test, le virus n’est pas encore (ou n’est plus) dans la zone du corps où le prélèvement a été effectué, selon plusieurs scientifiques et experts.
D’après les mêmes sources, néanmoins, à ce jour, le test de dépistage du Covid-19, en particulier le test moléculaire dit PCR, est le moyen le plus fiable pour savoir si on a contracté le virus.
CS/ts
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