Bruno Sonko – Un règlement du conflit au Mali par la force n’augure rien de bon eu égard au fait que la plupart du temps, les victimes se comptent parmi les populations civiles ; deuxièmement, il y a risque que le conflit perdure ou ne dégénère, ou alors ne s’étende à d’autres zones en raison de la passivité de la communauté internationale. Il existe aussi d’autres raisons bien sûr les exacerbations des tensions identitaires, religieuses, le micro régionalisme, etc.
Ouestafnews – Comment analysez- vous l’attitude de l’Algérie qui contrairement aux autres voisins du Mali semble être le moins disposé à s’investir dans la recherche d’une solution ?
B.S – l’Algérie a-t-elle intérêt à ce que la crise malienne perdure ? Y trouve-t-elle son compte ? Malgré les critiques ici et là dénonçant la passivité de l’Algérie, il faut bien comprendre que ce pays a bien entendu, entrepris une réflexion stratégique sur cette crise ; mais ce qui est déterminant c’est la défense de l’intérêt national algérien ; ce pays doit-il s’engager frontalement et de manière plus significative ; en a-t-il réellement les moyens ?
Ouestafnews – Beaucoup d’observateurs ont critiqué la gestion de cette crise par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), selon vous cette organisation a-t-elle fait moins qu’elle ne pouvait ?
B.S – Cette organisation, malgré les nombreuses critiques, est la seule qui semble être en mesure d’apporter ou de constituer un rempart à la dérive militaire ; cependant, elle souffre de maux multiples ; je pense qu’il faut entreprendre une analyse en profondeur des dynamiques régionales des conflits et les mécanismes de maintien de la paix en Afrique de l’Ouest. Une attention particulière doit être portée à la nature transfrontalière des conflits et au rôle spécifique joué par la Cedeao dans la prévention des conflits, et le maintien de la paix. Il faut une remise en cause du cadre de la Cedeao ; il faut pouvoir dire quelque chose pour améliorer son fonctionnement car la Cedeao ne fait pas beaucoup d’efforts surtout dans le domaine de la prévention des conflits.
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