Last Updated on 19/03/2019 by Ouestafnews
Ouestafnews- La constitution d’une équipe de campagne électorale en vue de l’élection présidentielle est une opération très souvent mal connue du grand public et qui pourtant peut se révéler déterminante. Car très souvent, elle préfigure la composition du prochain gouvernement.
Au Sénégal, en perspective de la présidentielle du 24 février 201, les équipes de campagne se distinguent par une faible représentation des femmes. Les directoires de campagne des candidats Madické Niang, d’Ousmane Sonko et d’Amadou Issa Sall, comptent un nombre cumulé de 48 personnes dont seulement six femmes.
Manque de compétence, de disponibilité… ? Les questions ne manquent pas pour comprendre cette situation qui perdure depuis fort longtemps, même si parfois des percées sont constatées çà et là.
Selon Fary Ndao, co-auteur du livre « Politisez-vous », pour comprendre cette schéma, il faut d’abord s’intéresser à l’organisation insidieusement discriminatoire des partis politiques sénégalais qui fonctionnent comme un tamis transformant ainsi, au fil de la sélection, les femmes ainsi que les jeunes en de simples membres de troupes à travers lesquels les responsables politiques nationaux, «souvent des mâles», se livrent des luttes d’influence.
«Par ailleurs, dès qu’un jeune ou une femme veut se prononcer sur un champ politique autre que celui qui lui a été assigné, c’est bien souvent le rappel à l’ordre, la mise à l’écart, voire la sanction» dit-il.
Mais en dehors du fonctionnement des partis politiques, cette situation, selon Maître Fatou Ndiaye Touré, de la coalition Idy 2019, (parti sans directoire de campagne) est le résultat d’éducation et de société. «Dès le bas âge on apprend à la femme à se taire et à suivre, et ce ceci se prolonge jusque dans le mode de fonctionnement des partis, en ce qui concerne la politique».
Toutefois, «cette tendance est en train d’être renversée » estime-t-elle prenant en exemple le cas du parti de son leader où selon elle, des femmes sont bien représentées.
Il se trouve également que, selon Amy Sakho chargée de communication de l’Association des femmes juristes (AJS), des hommes dans les partis, manœuvrent à dessein pour écarter les femmes prises en étau entre leurs engagements politiques et de leurs devoirs familiaux.
«Les réunions qui se tiennent tard le soir, ne sont pas fortuites, c’est parce que les hommes savent que très peu de femmes viendront» dit-elle.
Une analyse que confortent les explications données par Moussa Cissokho, membre de la cellule de communication du parti Pastef du candidat Ousmane Sonko. Ce dernier ne compte que deux femmes sur 18 membres de l’équipe de campagne.
Ici, il n’a pas été question de quotas selon lui. Le choix, à en croire Cissokho, s’est tout simplement fait suivant «la disponibilité des personnes». Et c’est sans surprise des hommes pour la plupart.
Mise à part la misogynie, il existe également, le manque de solidarité entre femmes suivant Amy Sakho. La chargée de communication en veut pour preuve une enquête que l’AJS a menée en partenariat avec l’Institut Panos.
L’enquête selon elle, consistait à évaluer la perception des sénégalais quant à la perspective d’avoir une femme à la tête du pays. «Sur 10 personnes qui ont rejeté cette idée, les sept étaient des femmes».
Ce n’est pas tant, le refus qui est choquant, mais plutôt les raisons avancées par ces dernières, estime Mme Sakho.
«Les raisons, qu’elles avançaient pour réfuter étaient tellement futiles, que je me suis rendue compte qu’on est encore loin du jour où les femmes seront mieux représentées partout», se désole-t-elle.
Des propos que l’on peut qualifier de pessimistes, mais qui malheureusement à l’image de la présente élection présidentielle, l’on ne peut que lui donner raison. En effet, aucune femme n’est retenue pour l’élection présidentielle, alors que deux d’entre elles, notamment Amsatou Sow Sidibé et Aïssata Tall Sall avaient déposé leurs candidatures.
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DD/mn
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