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Dissolution de l’Assemblée nationale au Sénégal : « parjure », dit l’opposition, « soulagement » pour le pouvoir

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Ouestafnews –  Au Sénégal, alors que l’opposition critique la décision du président Bassirou Diomaye Faye de dissoudre l’Assemblée nationale, ses partisans exultent et lui apportent leur soutien.

Le président Faye a annoncé cette décision dans un discours à la Nation le 12 septembre 2024, et il a fixé au 17 novembre 2024 la date des élections législatives anticipées. Dès la fin de son allocution, l’ancienne majorité parlementaire réunie autour de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a réagi à travers un communiqué. Désormais dans l’opposition, BBY a qualifié la décision de dissolution de « parjure » et de manœuvre « cynique ».

L’idée de « parjure », évoquée par d’autres acteurs, fait référence à la décision du président Faye de revenir sur sa promesse consistant à envoyer son Premier ministre, Ousmane Sonko, faire la Déclaration de politique générale (DPG) le 13 septembre 2024. C’est à la veille de cette date que la dissolution a été annoncée.

Lire notre article Déclaration de Politique générale : éclairage sur un exercice qui fait polémique (Fiche d’info).

La majorité parlementaire de l’Assemblée nationale dissoute accuse aussi le président Faye et son Premier ministre Sonko de « manipuler les institutions » pour éviter une confrontation directe avec le pouvoir législatif.

Face à ces critiques, les partisans du chef de l’État sont montés au créneau pour le défendre. Parmi eux, figure Aminata Touré, nouvellement nommée Haute représentante du président. Mme Touré est une ancienne alliée de l’ex-président sénégalais (2012-2024) Macky Sall – elle fut notamment sa Première ministre – avant de rejoindre le camp de ses adversaires. Elle a salué la décision de dissolution de l’Assemblée nationale sur son compte X (anciennement Twitter), la qualifiant de « soulagement général ».

Elle a expliqué la décision du président Faye par le besoin d’obtenir une « large majorité » dans l’Assemblée nationale à élire le 17 novembre 2024.  

Le président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (favorable au pouvoir), Ayib Daffé, estime que le chef l’État a fait son devoir face à la « logique extrémiste et jusqu’au-boutiste » de la majorité parlementaire. Il justifie la décision de dissolution par l’annulation du débat d’orientation sur le budget le 29 juin 2024, le rejet du projet de loi sur la suppression du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT) et du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ainsi que la menace d’une motion de censure contre le Premier ministre Ousmane Sonko et son gouvernement. Selon Ayib Daffé, les députés de l’opposition voulaient continuer à « utiliser » l’institution pour « entraver » le travail du gouvernement.

Lire notre article : Sénégal : l’Assemblée nationale rejette la dissolution de deux institutions

Dans une publication sur son compte Facebook, le journaliste et écrivain Adama Gaye a aussi vivement reproché au président Bassirou Diomaye Faye de ne pas respecter sa « parole écrite, sa signature et son engagement ». Il faisait référence à la promesse non tenue d’envoyer le Premier ministre faire sa Déclaration de politique générale devant les députés.

Adama Gaye estime que cette décision pourrait être fatale pour le président Faye lors des élections législatives, précisant que le chef de l’État s’est « tiré une balle foudroyante qui risque de le finir dans les urnes dans deux mois (en novembre 2024, NDLR) ».

L’ancien magistrat Ibrahima Hamidou Dème, candidat recalé à l’élection présidentielle de 2024, a exprimé sa déception à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale. Sur sa page Facebook, il a dénoncé la persistance d’une « politique politicienne pratiquée sans décence ». M. Dème considère que la non-tenue de la DPG est un « manquement grave aux devoirs éthiques et moraux » du président Bassirou Diomaye Faye. Il a ajouté que cette décision accentue le « divorce inquiétant » entre les discours des dirigeants et leurs actions ».

Chez les spécialistes des finances publiques, la grande inquiétude se trouve sur la période choisie. Le gouvernement n’a pas encore fait voter le budget de l’État pour 2025. Or, cela est habituellement fait par les députés entre entre octobre et décembre.

À la veille de la dissolution, un ancien directeur de la Solde, Charles Émile Ciss, membre de coalition ayant porté au pouvoir Bassirou Diomaye Faye, avait averti contre les risques d’une « inertie totale des autorisations budgétaires ».

Pour l’expert électoral Ndiaga Sylla, c’est plutôt la date fixée pour les législatives qui pose problème. Selon lui, les délais pourraient être très courts pour les partis qui voudront déposer leurs listes de candidats. Ndiaga Sylla avertit également que l’impossibilité de remplir l’obligation liée au parrainage pourrait engendrer une multiplication des candidatures.

HD/ts

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