Drames de la migration : Nigérians et Sénégalais paient le plus lourd tribut

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Agadez, cette ville nigérienne constitue le principal point de transit des migrants qui tentent de rejoindre les cotes européennes via la Libye. Image/OIM

Ouestafnews – 34.361 migrants ont trouvé la mort entre 1993 et 2018 à travers le monde, selon un recensement publié par l’ONG néerlandaise United for Intercultural Action (UIA). Dans cette liste, on compte une majorité de Subsahariens notamment de Nigérians et de Sénégalais.

Trente-huit Sénégalais ont été nommément identifiés dans ce décompte avec indication de leur nom et prénom et parfois de leur village ou ville d’origine. Il faut toutefois noter que le nombre de Sénégalais morts sur les routes de la migration reste très élevé au regard de la liste de l’ONG hollandaise.

Si 38 citoyens sénégalais ont été formellement identifiés, les 52 pages de ce document recensent aussi des centaines de personnes dont les noms n’ont pas été mentionnés mais identifiées comme originaires du Sénégal.

Consulter ici la liste établie par l’UIA

Dans son monitoring, l’UIA se base sur diverses sources dont des rapports d’organisations mais surtout sur des articles de presse.

Nos courriels adressés aux auteurs pour avoir de plus amples explications sur la méthodologie sont restés sans réponse.

Lire aussi: migration: le problème ne se résout pas avec de l’argent (Boubacar Seye)

Ce document, qui met en relief les drames de la migration, recense non seulement les personnes qui ont trouvé la mort en traversant la Méditerranée mais aussi ceux qui ont été par exemple victimes de bavures policières, de maladies et les suicidés sur leur terre d’accueil.

Le document rappelle par exemple le cas du Sénégalais Mame Mbaye Ndiaye, mort, le 15 mars 2018, d’une crise cardiaque à Madrid, lors d’une course poursuite avec la police.

Le 23 avril 2007, ce sont 28 jeunes sénégalais originaires de Kolda (sud) qui périssent par noyade au large des côtes marocaines.

Le document montre que si les noyades ont toujours été la principale cause de la mort des migrants en route vers l’Europe, presque toute l’Afrique de l’Ouest est représentée dans ce recensement. Trente-neuf Nigérians ont été nommément identifiés dans cette liste, soit le plus gros contingent.

L’ONG souligne toutefois  que le nombre réel de morts sur la route de l’exil est sans doute bien supérieur à 34.361 puisqu’un grand nombre de migrants perdent la vie sans jamais être identifiés.

Président de l’ONG Horizon sans frontières (HSF), Boubacar Seye, estime que l’identification formelle est souvent rendue difficile par le fait que la convention de Genève de 1951 et le pacte européen sur l’immigration ne reconnaissent pas la qualité de «migrant économique».

Ce qui fait que certains migrants, qui risquent d’être aussitôt reconduits aux frontières, se déplacent sans aucun papier d’identification. Sur les 34.361 décès recensés par l’UIA, seuls 1000 ont fait l’objet d’une identification formelle.

Dans son rapport 2018 sur l’essor économique de l’Afrique, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) souligne par contre «un effet positif» des migrations aussi bien pour les pays de départ que les pays d’accueil.

Selon la CNUCED,  250 millions de migrants internationaux ont été recensés en 2017 et les migrations Sud-Nord n’en représentent que le tiers (35%). Les migrants africains représentent 10 % de la population totale de migrants internationaux, d’après le département des affaires économiques et sociales de l’ONU.

Au niveau de l’Union européenne, la migration venue du sud pose un problème sécuritaire qu’elle tente d’endiguer par l’argent.

Le vendredi 29 juin 2018, les pays membres, au sortir d’un sommet sur la migration, ont annoncé le transfert de 500 millions d’euros vers le fonds fiduciaire de l’UE pour l’Afrique qui a pour rôle de « lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière ».

«Pour s’attaquer au cœur du problème migratoire, il est nécessaire de mettre en place un partenariat avec l’Afrique visant une transformation socioéconomique substantielle du continent africain », précise le communiqué de l’UE, publié le vendredi 29 juin 2018.

 MN-ON/ad

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