Ouestafnews – Plusieurs personnalités des sociétés civiles sénégalaise et gambienne ont dénoncé ce vendredi 23 août 2013 à Dakar, le rapprochement constaté entre Dakar et Banjul, lors d’une table ronde sur la situation des droits de l’homme en Gambie.
« Les grandes puissances peuvent ne pas voir l’intérêt stratégique de la Gambie, mais le Sénégal n’a pas cette option », a commenté Amadou Kanouté, directeur exécutif du centre de recherche pour la Citoyenneté, les Consommateurs et le Développement (Cicodev).
Selon le directeur de Cicodev, une pression continue du gouvernement sénégalais sur le régime du président gambien Yaya Jammeh s’était montrée efficace suite à l’exécution de neuf prisonniers, dont deux Sénégalais, en Gambie le 23 août 2012.
Après ces exécutions jugées « illégales », les vives protestations des autorités sénégalaises avaient contraint Yaya Jammeh à suspendre d’autres exécutions au programme.
A la mi-août, le président gambien avait aussi accordé la grâce à trois citoyens sénégalais qui étaient dans le couloir de la mort, à l’occasion de la fête musulmane de l’Aid.
Escomptant un soutien pour la résolution de la crise en Casamance, le président, Macky Sall nouvellement élu avait réservé sa première visite officielle à l’étranger à son homologue gambien, jugé proche des acteurs de la rébellion dans cette partie sud du Sénégal.
Seulement pour les acteurs de la société civile, les relations huilées entre les deux pays risquent de perdurer au détriment du respect des droits de l’Homme.
Selon les récents avertissements de militants sénégalais des droits de l’Homme, le gouvernement sénégalais s’apprêterait à expulser des journalistes gambiens, qui continuent à critiquer le régime de leur pays depuis Dakar.
Le journaliste Abubacarr Saidykhan Ceesay, est dans ce lot, réfugié au Sénégal après avoir été emprisonné en Gambie, il est actuellement menacé d’expulsion.
En Mai 2013, les autorités sénégalaises avaient été très critiquées suite à l’expulsion de Makaila Nguebla, un blogueur tchadien, opposé au régime actuel en place dans son pays.
Au-delà du Sénégal, Aboubacry Mbodj, secrétaire général de Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) a lui déploré « l’absence d’une réaction appropriée de la communauté internationale » face au problème cas gambien.
« Entre les gouvernements, il y a beaucoup de considérations. Mais ça ne doit pas arrêter la société civile », soutient Sadikh Niasse, membre de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), exhortant les ONG à agir plutôt que d’attendre les Etats.
Depuis 1994, les Gambiens subissent toute la rigueur du de Yaya Jammeh, à l’origine un capitaine de l’armée arrivé au pouvoir par coup d’état.
« La violation des droits de l’Homme constitue une politique officielle en Gambie », a renchéri Assane Dioma Ndiaye.
Ce 23 août 2013, des responsables de la presse africaine, dont ceux d’Ouestafnews, et des institutions de médias ont signé un éditorial conjoint pour dénoncer les abus qui entravent la liberté d’opinion et d’expression.
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