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Ebola : fortement critiquée, l’OMS se justifie mais…

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Vrai mea-culpa ou simple opération de relations publiques ? Ou encore : simple opportunisme pour se « renforcer » et se faire allouer plus de crédits ? Les questions ne manquent pas face à une organisation qui a laissé autant de personnes mourir sans réagir. Mais au delà de l’OMS, c’est le système onusien dans son ensemble qui s’est totalement discrédité sur le continent africain.

« Ils sont là pour ‘manger’ l’argent facile », rétorquait tout récemment un journaliste libérien désabusé à la question de savoir ce que fait encore la Mission des Nations Unies au Liberia (Unmil), plus de dix ans après la fin de la guerre civile qui avait justifié sa présence dans le pays.

Crédibilité en doute

Aujourd’hui encore, la grosse bâtisse barricadée de l’Unmil à Monrovia et les grosses 4X4 blanches marquées du signe « UN » qui sillonnent les rues de la capitale libérienne laissent perplexe, quant à l’utilité des Nations Unies en Afrique. Le Liberia a été avec la Guinée et la Sierra Leone parmi les pays les plus touchées par l’épidémie.

Dans ces pays meurtris par l’épidémie, très peu de gens accordent un quelconque intérêt à la réponse fournie par la directrice générale de l’OMS, Margaret Chan, à l’ouverture de l’Assemblée mondiale de la santé qui se déroule du 18 au 26 mai 2015 à Genève en Suisse.

« Le monde était mal préparé à répondre à une épidémie de cette ampleur, de cette gravité, de cette durée et de cette complexité. L’OMS a été dépassée, comme tous les autres acteurs », a Dr Chan dans un discours parvenu à Ouestafnews.

La patronne de l’OMS promet de corriger le tir en proposant un nouveau programme conçu de manière à être « rapide, souple et efficace » et directement placé sous la responsabilité de la direction générale.

Coup d’épée dans l’eau ?

« Ce programme aura des critères de performance montrant ce qui doit se produire dans les 24, 48 et 72 heures, et pas dans des mois », a-t-elle précisé. En outre, L’OMS prévoit aussi d’accroître le nombre de logisticiens, d’anthropologues en médecine et d’experts en communication de crise qu’elle emploie.

Seule l’histoire pourra dire s’il s’agit là d’une simple déclaration de bonnes intentions ou d’un vrai engagement, même si pour Margaret Chan il n’est plus question de voir une telle situation d’impuissance face à une urgence sanitaire. Mais il lui faudra plus que des discours pour convaincre les plus sceptiques et les milliers de familles touchées.

« Je ne veux plus jamais voir une situation pour laquelle l’Organisation n’est pas préparée et qu’elle n’a pas les moyens humains, financiers ou administratifs de gérer », a tenu à affirmer Dr Chan une centaine de délégués venus du monde entier.

De l’argent et des liens douteux

Dans son discours, elle a demandé par le biais du système de contributions volontaires, la mise en place d’un fonds d’urgence de 100 millions de dollars. Selon elle cette manne va permettre l’organisation d’avoir des ressources déjà disponibles pour « réagir » immédiatement.

Beaucoup d’experts avaient attribué l’ampleur de l’épidémie au manque de réactivité de l’OMS, accusée d’avoir agi avec beaucoup de lenteurs et d’avoir fait preuve d’un manque de savoir faire en matière de situation d’urgence.

Mandaté par l’Organisation des Nations-Unis pour évaluer la réaction de l’OMS face à l’épidémie, un groupe d’experts indépendants avait publié un rapport accablant dénonçant des « retards et des défaillances » dans la gestion de la catastrophe.

Par exemple, l’épidémie qui a démarré fin 2013 n’a été déclarée comme « urgence de santé publique mondiale » qu’au début d’août 2014. Une situation déplorée aussi par Médecins sans frontières (MSF) en mars 2014 dans un bilan à mi-parcours de l’épidémie.

L’épidémie d’Ebola qui a fortement touché la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia, est la plus importante depuis l’identification du virus en Afrique centrale en 1976. Depuis la date de son éclatement fin 2013, l’épidémie a fait en Afrique de l’ouest, quelque 11.000 morts sur un total de plus de 26.000 cas recensés, selon les derniers chiffres de l’OMS.

La crise Ebola n’est pas la première crise de santé mondiale à mettre en doute la crédibilité de l’OMS. En 2010, l’organisation onusienne était secouée par un scandale suite à la publication par Wikileaks d’informations faisant apparaître des liens « douteux » entre l’OMS et l’industrie pharmaceutique, au détriment des pays pauvres, où nombres de maladies restent encore « négligées » par l’OMS. Une situation qui cinq ans après reste presque la même.

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