Ebola : la stigmatisation, l’autre virus !

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Ouestafnews – L’épidémie d’Ebola, qui sévit dans trois pays ouest africains, est lentement en train de donner lieu à une stigmatisation généralisée, qui au-delà de l’Afrique de l’ouest touche l’ensemble du continent.
Aux Etats – Unis, la psychose s’est installée depuis le 08 octobre 2014 avec le décès dans l’Etat du Texas d’un citoyen libérien, Thomas Eric Duncan, qui avait contracté le virus quelques jours avant de rejoindre le sol américain. Ce premier cas avait occasionné des contagions au niveau du personnel soignant, dont deux infirmières qui étaient au chevet du patient.

Cette affaire a mis la presse américaine en émoi et suscité des articles incriminant les défaillances dans la prise en charge du malade. Les débats dans les forums en ligne bruissent de commentaires désobligeants sur l’immigré africain en passe lui-même d’être réduit à « une malédiction », quelle que soit par ailleurs sa nationalité.

Le 22 octobre 2014, le Huffington post rapporte que dans l’Etat du New Jersey, une école élémentaire a différé pour trois semaines (durée d’incubation de la maladie), l’inscription de deux enfants originaires du Rwanda par crainte du virus Ebola. Une paranoïa excessive qui indispose pas mal d’internautes africains comme la journaliste nigériane qui dans son blog s’est fendue d’une lettre ouverte adressée aux autorités de l’école en question et titrée « Ebola est plus proche du New Jersey que du Rwanda ».

D’autres remettent au goût du jour, le fameux « Africa is not a country », l’Afrique n’est pas un pays mais un continent de 54 nations, histoire de rafraichir la mémoire d’une partie de l’opinion publique américaine, étonnamment ignorante de l’Afrique.

Pour lutter contre cette vague de stigmatisation, la photographe libérienne Shoana Solomon, a lancé à la mi-octobre 2014, le hashtag « je suis une libérienne, pas un virus » qui est en train de se populariser sur les réseaux sociaux.

Cependant les pays africains eux-mêmes ne sont pas exempts de reproches. En plus d’avoir fermé leurs frontières aériennes en dépit d’un avis contraire de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) aux trois pays touchés, certains pays comme le Cap-Vert et l’île Maurice dont l’économie est basée essentiellement sur le tourisme, se signalent par des méthodes plutôt excessives.

Le 15 octobre 2014, les autorités mauriciennes, ont refoulé un responsable de l’Union africaine (UA) en mission officielle sous prétexte qu’il avait séjourné au Nigeria (son pays d’origine) quelques jours auparavant. Très mécontent, cet officiel dont le nom n’a pas été révélé, a porté plainte contre l’Etat mauricien, selon la Pana (agence d’information panafricaine). Une mésaventure qu’il a aussi été vécu un officiel rwandais, refoulé par les autorités mauriciennes sous prétexte qu’il avait séjourné au Sénégal, avant d’atterrir à l’aéroport de Port-Louis.

Le Sénégal et le Nigeria brièvement touché par le virus ne figure plus sur la liste de l’OMS. S’agissant du Sénégal, les autorités sanitaires sont parvenues à guérir, le seul cas d’Ebola constaté sur la personne d’un jeune étudiant fin août 2014.

Tandis qu’au Nigeria, le virus introduit dans le pays par un officiel libérien, en juillet 2014, a par la suite donné lieu à une chaine de contamination qui a atteint 20 personnes dont 8 décès.

Or des pays européens comme l’Espagne et l’Allemagne qui ont eu à traiter des cas d’Ebola, au même titre que le Sénégal sont loin de subir la stigmatisation ambiante et l’amalgame souvent volontaire.

En Afrique de l’ouest, la peur du virus a conduit certains pays à reporter sine die d’importants rendez-vous sportifs, culturels ou économiques. Le Burkina Faso s’est particulièrement signalé dans ce domaine en annulant tour à tour, le Salon international du tourisme et de l’hôtellerie (SITHO) de Ouagadougou, ou encore le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), le tour du Faso, plus grande compétition du cyclisme en Afrique et un sommet de chefs d’Etats africains sur l’emploi des jeunes.

L’épidémie a poussé le Fonds monétaire internationale (FMI) à revoir légèrement à la baisse ses prévisions de croissance pour l’Afrique en 2014, qui passe à un taux de 5% au lieu des 5,5% initialement prévus.

Ayant pris naissance en Guinée, en janvier 2014, l’épidémie s’est par la suite étendue dans les pays voisins que sont le Liberia et la Sierra Leone, devenus les trois principaux foyers d’Ebola en Afrique de l’ouest qui regroupe au total quinze pays avec une population estimée à 300 millions d’habitants.

Selon le dernier rapport publié par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le 22 octobre 2014, le virus Ebola a fait 4877 morts sur 9936 cas signalés. Le Liberia demeure le pays le plus affecté par l’épidémie avec 4 665 cas recensés et 2 705 morts, suivi de la Sierra Leone (3 706 cas, 1 259 décès), puis de la Guinée (1 540 cas, 904 morts).

A force de s’attarder sur le nombre de victimes et les prévisions alarmistes qui attisent la psychose, on en est presque à oublier, les guérisons constatées en dépit de l’inexistence d’un traitement valable et certifié.

C’est sans doute cet aspect que l’ONG Médecins sans frontière (MSF), très impliqué dans le combat contre Ebola, a tenu à mettre en exergue en célébrant le 21 octobre 2014, le 1000ème survivant en la personne d’un jeune libérien de 18 ans. Depuis mars 2014, MSF a eu à traiter plus de 2700 cas confirmés d’Ebola dans ses camps au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.

Selon des médias guinéens, 60% des malades parviennent à vaincre le virus, même si la méfiance à leur égard reste tenace et rend difficile leur réinsertion sociale.

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