Le « droit douanier reste inconnu » du grand public « et cela engendre souvent la méfiance, voire la crainte à l’égard de la douane », a indiqué le Dr Alioune Ndione, auteur d’un ouvrage sur le sujet lors d’un entretien exclusif à Ouestafnews.
Selon le Dr Dione, beaucoup d’opérateurs ont subi des dommages parce que ne maitrisant pas les règles douanières. L’auteur, qui est lui-même un Inspecteur principal de la douane sénégalaise, s’est intéressé à ce sujet et a produit un livre intitulé « le dédouanement des véhicules automobiles au Sénégal », afin dit-il de « mieux vulgariser la législation, les techniques et procédures de dédouanement des véhicules automobiles ».
Le nombre de véhicules d’occasion entrant en Afrique subsaharienne varie selon les sources de 3 à 5 millions de véhicules chaque année, contre environ 40.000 véhicules sortis d’usine, selon des chiffres rassemblés par Ouestafnews.
Par ailleurs, « le véhicule reste sans doute la marchandise pour laquelle les agents de douane sont le plus sollicités », au Sénégal selon l’auteur du livre.
Hormis les véhicules neufs importées par de gros concessionnaires, un grand nombre de véhicules arrivent en seconde main dans les ports ouest africains, dont celui de Dakar, où les importateurs, souvent des particuliers ou de petits commerçants, se plaignent avant tout de la lenteur des procédures.
« La signature d’un seul document peut prendre deux jours au port de Dakar, je vous laisse imaginer le reste », se plaint Khadim Faye, jeune entrepreneur rencontré à Dakar où il vend des véhicules d’occasion envoyés par son frère qui vit en Europe.
Ce phénomène ne se limite pas au Sénégal. D’autres pays de la sous région vivent à peu près la même situation en raison du nombre de personnes présents dans ce sous-secteur.
« Le traitement administratif et douanier des véhicules est très contingent et varie dans les pays membres de l’Union économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Uemoa) »
A titre d’exemple, même la législation sur l’âge des véhicules de seconde main autorisés à entrer dans cet espace sous-régional, change d’un pays à l’autre, alors que l’objectif est d’établir un marché commun entre huit Etats membres.
Le port de Cotonou est considéré comme le plus grand point de débarquement des véhicules d’occasion.
La plupart des pays voisins du Bénin que sont le Togo, le Niger et surtout le Nigeria se ravitaillent à Cotonou. Comme en Côte d’ivoire ou au Ghana, le Bénin ne fixe aucune limite d’âge aux véhicules. En 2011 340.000 véhicules d’occasion ont débarqué au port de Cotonou, selon l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Contrairement au Sénégal, la limitation d’âge pour les véhicules n’est de mise ni au Niger, ni au Mali.Cependant, dans ce dernier pays, « il existe des dispositions tendant à décourager l’importation des véhicules usagés, notamment par l’institution d’un droit de timbre », selon M. Dione.
En 2001, une loi votée par le régime de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade avait décidé de l’arrêt de l’importation des véhicules de « plus de cinq ans », pour des « raisons environnementales », avait-on avancé à l’époque. Cette loi a été révisée avec l’arrivée au pouvoir en 2012 du président Macky Sall. Un nouveau décret datant de mars 2012 autorise l’importation de véhicules âgés de « huit ans », au plus.
Dans des pays ou le transport public est souvent défaillant, la possession d’un véhicule « particulier » peut être vitale pour plusieurs segments de la société. Mais l’aspect utilitaire n’explique pas tout.
« La voiture est au cœur de la cité et de la société », explique le sociologue Ibrahima Mbengue, chargé de cours à l’Ecole de Journalisme des Métiers de l’Internet et de la Communication (E-jicom) à Dakar. Dès lors ajoute-t-il, la possession « effective ou envisagée d’une voiture est un moyen d’entretenir et de développer des réseaux de sociabilité et d’amitié en revanche, l’absence de voiture (peut-être) source d’exclusion sociale ».
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