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Education : l’estocade du Covid-19 !

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OuestafnewsLa pandémie du Covid-19 au-delà de son lourd impact sur le système sanitaire et sur l’économie touche aussi de plein fouet l’éducation. En Afrique le Covid-19 trouve ce secteur déjà miné par les grèves et les déficits infrastructurels chroniques. C’est le cas au Mali et au Sénégal où l’on craint fortement une année blanche.

Une des principales mesures barrières face aux Covid-19 à travers le monde a été la fermeture temporaire des écoles et des universités privées comme publiques. En Afrique de l’Ouest, les gouvernements ont presque simultanément pris cette décision d’éloigner les élèves et les étudiants de leurs lieux d’apprentissage, au mois de mars 2020.

Pour les acteurs de l’éducation, cet arrêt des cours, n’est qu’un inconvénient de plus venu s’ajouter à une vieille crise multidimensionnelle.

Au Mali, les établissements scolaires ont procédé le 02 juin 2020 à une reprise partielle qui concerne uniquement les classes d’examens. Un retour qui s’est effectué dans la controverse, car boycotté par plusieurs syndicats. Ce boycott en cours depuis la réouverture des écoles est initié par un regroupement de sept syndicats qui réclament depuis le début de l’année une revalorisation salariale.

Joint par Ouestaf News, Adama Fomba, le porte-parole de ce groupe de syndicat dénonce un problème de « volonté » du gouvernement malien. Parlant de la reprise partielle des cours, il souligne qu’il s’agit d’une décision qui été prise «sans concertations» et «les dispositions sanitaires nécessaires n’ont pas été prises par le gouvernement pour protéger les élèves et les enseignants». Toutefois, à la veille de la réouverture, le gouvernement a soutenu avoir pris les dispositions nécessaires.

Vieux contentieux

«Pour la reprise des cours, nous avons pris certaines mesures afin de respecter les gestes barrière. Certaines classes ont été désinfectées par la protection civile. Nous avons également disposé des kits de lavage des mains à l’entrée des salles qui doivent accueillir au maximum 25 élèves. Tous les enseignants et élèves ont été dotés de masques», souligne Kinane Ag Gadeda, le secrétaire général du ministère de l’Éducation et de l’Alphabétisation, cité par JeuneAfrique.com.

D’autre part le syndicaliste dénonce aussi une «discrimination». «Cette réouverture ne concerne que les classes d’examen et pour les autres ? C’est une question qu’il faut sérieusement aborder», explique M. Fomba.

Mais le Covid-19 et la reprise des cours des cours du 2 juin ne sont pour les syndicats d’enseignants du Mali qu’une nouvelle pomme de discorde à ajouter au vieux contentieux qui les oppose à l’Etat.

Les syndicalistes réclament depuis longtemps l’application d’une disposition de la loi n° 2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant. En son article 39, cette loi stipule que : «Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général des fonctionnaires s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement fondamental, secondaire, de l’éducation préscolaire et spéciale».

Exclus de la dernière augmentation de salaires dans la fonction publique intervenue en 2019, les enseignants réclament au gouvernement une augmentation de 20%.

Le secteur éducatif malien paye aussi un lourd tribut à l’insécurité marquée par les violences inter-communautaires et les attaques des groupes armés. Selon l’Organisation des Nations-Unies (ONU), environ 900 écoles ont été fermées en 2019 à cause de l’insécurité dont plus 500 dans la seule région de Mopti (centre).

Une année blanche à Dakar?

Au Sénégal aussi, le sauvetage de l’année scolaire est une question que se posent les acteurs. La réouverture partielle des écoles pour «les classes d’examen», était initialement prévue le 2 juin 2020, avant d’être reportée in extremis.

Ce report faisait suite à une opposition ouverte des élèves et de leurs enseignants. Pour sauver la face, le gouvernement a dû se justifier par la découverte de quelques cas de Covid-19 chez des enseignants officiant dans le sud du pays.

Ici, la lutte contre le Covid-19 a conduit à une suspension des cours qui dure depuis la mi-mars 2020. Le communiqué publié par le ministère de l’Education nationale à la veille du 2 juin 2020 parle d’un report à une «date ultérieure, en vue d’éliminer tout risque de propagation du virus dans l’espace scolaire».

Avec ce report le gouvernement sénégalais se retrouve face à une double équation : trouver une date propice et consensuelle dans un contexte où le Covid-19 touche désormais toutes les régions du pays et prendre en compte l’hivernage qui commence à s’installer dans certaines régions.

Comme pour le cas du Mali, aucune indication claire n’est donnée sur le sort des élèves qui ne sont pas en classe d’examen. Sur sa page Facebook, le Cadre unitaire des enseignants du moyen-secondaire (Cusems/Authentique), un des multiples syndicats du pays, parle d’une année « déjà blanche ».

Une situation impensable pour le ministère de l’Education nationale qui estime les pertes d’une année blanche à plus de 500 milliards FCFA pour l’Etat du Sénégal. Contrairement au Mali et au Sénégal, la reprise des cours s’est déroulée sans heurts majeurs au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Niger.

Alors que l’attention des gouvernements est monopolisée par le financement de la riposte contre le Covid-19, nombreux sont les institutions qui appellent les Etats à ne pas toucher aux fonds réservés au secteur éducatif.

Les analystes craignent que le financement de l’éducation ne soit sérieusement affecté en Afrique par la forte récession qui menace l’économie mondiale. Le Fonds monétaire international (FMI),par exemple, prévoit une contraction de 3% de l’économie mondiale.

Une situation qui aura de « graves conséquences pour les pouvoirs publics et les ménages, et ses effets se feront sentir à la fois sur la demande et sur l’offre d’éducation », peut-on lire dans un rapport intitulé : « Pandémie de Covid-19 : choc pour l’éducation et réponses stratégiques », publié début mai par la Banque mondiale.

MN/ts

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