« Ma candidature n’est pas une candidature de circonstance, elle est au service du continent africain que j’ai servi pendant des décennies à divers titres », a indiqué le professeur Bathily lors d’une conférence de presse ce lundi 23 janvier 2017 à Dakar.
Face aux journalistes, le candidat sénégalais, fort de son parcours et de sa « longue expérience du continent », a fait part de son optimisme pour le vote prévu le 30 janvier 2017 au siège de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba.
« Mon profil et mon expérience me donnent confiance que ma candidature sera acceptée », a dit le professeur Bathily qui souhaite faire de la Commission de l’UA, une « force de proposition ».
Il a fait campagne sous le sceau du « panafricanisme », avec à son programme trois défis qu’il juge « majeurs » : la paix et la sécurité, le développement économique, social et culturel ainsi que la réforme structurelle de la Commission.
« On ne peut pas avoir la paix et la sécurité s’il n’y a pas de développement économique et inversement, il n’y a pas aussi de développement économique sans paix et sécurité », souligne-t-il, avant d’ajouter que la paix et la sécurité constituent une question capitale autour de laquelle la Commission doit mobiliser toutes ses forces.
Scrutin incertain
Le professeur Bathiliy a dans assimilé, le développement économique à une « deuxième libération de l’Afrique ».
« Notre partenariat avec le reste du monde est une question essentielle », note le professeur Bathily, soulignant au passage le fait que 80% du budget de l’Union africaine soit assuré par les partenaires, à l’heure où l’on parle d’autonomie de l’Afrique.
La candidature du professeur Bathily qui affirme avoir le soutien de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), a été promue à travers 42 pays africains, grâce à des missions envoyées par le gouvernement sénégalais, selon l’intéressé.
Universitaire, homme politique, diplomate, ancien ministre, ancien député, Abdoulaye Bathily présente selon ceux qui soutiennent sa candidature le meilleur profil pour l’emploi.
Il reste que rien n’indique que l’élection se fera sur la base du « mérite » et non sur des « considérations politiques », lorsque les chefs d’Etat se réuniront à huis clos pour décider.
L’élection du président de la Commission est essentiellement un moment où se cristallisent les rivalités et les mésententes entre chefs d’Etats, entre pays et entre différents blocs régionaux.
Les autres candidats
Le candidat sénégalais, qui a occupé le poste de représentant du secrétaire général de l’Onu en Afrique centrale entre 2014 et 2016, fera face à quatre autres prétendants, qui ont en commun d’occuper le poste de ministre des Affaires étrangères dans leur pays respectifs.
Il s’agit de la Kenyane Amina Mohamed et de l’Equato-guinéen, Agapito Mba Mokuy, un ancien fonctionnaire des Nations Unies. Les deux autres candidats sont la Botswanaise, Pelonomi Venson-Moitoi (une ancienne journaliste et ministre des Affaires étrangères), et le Tchadien, Moussa Faki Mahamat.
En juillet 2016 à Kigali, où se tenait le 27ème sommet de l’organisation continentale, les candidats n’ont pu être départagés, aucun d’entre eux n’ayant pu totaliser les deux tiers des votes nécessaires lors des trois tours du scrutin.
Ce blocage avait permis à la présidente sortante, la Sud-africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma (qui ne brigue pas de second mandat), un prolongement de son mandat pour six mois. Lors de ce vote, les candidats du Botswana et de la Guinée équatoriale avaient été éliminés dès le premier tour. Selon certains spécialistes, le vote du 30 janvier 2017, sera plutôt une confrontation entre le Sénégalais, la Kenyane, et le Tchadien.
Energiquement soutenue par son gouvernement, la candidate kenyane, a dans sa campagne fait des passages en Afrique de l’ouest notamment en Côte d’Ivoire, au Togo au Ghana et au Sénégal. Il se susurre même qu’elle aurait les faveurs de Faure Gnassingbé.
« Celui qui sera élu, quel qu’il soit devra travailler en direction de l’intégration, en faire une priorité, c’est à travers ce levier que l’Afrique peut aller de l’avant », déclarait le 09 novembre 2016, le président Alassane Ouattara à l’issue d’un entretien accordé à la candidate kenyane à Abidjan.
La commission de l’UA, c’est quoi ?
Organe central de l’UA, la Commission a pour mission de jouer le rôle de moteur de l’intégration africaine et du processus de développement du continent, en collaboration avec les États membres de l’Union, les Communautés économiques régionales et les citoyens africains.
Outre le président, élu pour un mandat de quatre ans renouvelables une fois, la Commission qui a une fonction exécutive, comprend un vice-président, et huit Commissaires et leurs staffs.
Depuis la réforme de 2002, qui a vu la création de l’UA sur les cendres de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, crée en 1963), le poste de président de Commission a été occupé d’abord par l’Ivoirien Amara Essy, pour une période intérimaire d’un an, puis par l’ex-président malien Alpha Oumar Konaré, de 2003 à 2008.
Ce fut ensuite autour du Gabonais Jean-Ping de 2008 à 2012. Ce dernier cédera sa place à l’actuelle présidente. Dans les milieux panafricanistes, on reproche aux chefs d’Etat de faire souvent des choix qui suivent des logiques nationales ou « sous-régionales » au détriment d’un engagement avéré pour les causes continentales et de l’expertise des candidats.
Vous voulez réagir à cet article ou nous signaler une erreur, envoyez nous un mail à info[@]ouestaf.com