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Elections en Afrique de l’Ouest : plus de peur que de mal en 2015, défis pour 2016

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Ouestafnews – L’année 2015 qui vient de s’achever par l’investiture du nouveau président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, aura été pour la sous région africaine riche en élections. Contre toute attente, aucun des scrutins (en Guinée, en Côte d’Ivoire ou au Burkina) n’a produit les folies meurtrières que l’on craignait.

Les appréhensions étaient fortes tant le climat dans l’espace politique de ces trois pays était délétère, et plus particulièrement en Guinée où le pouvoir et l’opposition ne s’entendaient sur presque rien. En Côte d’Ivoire, la crainte était tout aussi grande, les « comptes » de la violente crise postélectorale de 2010, n’étaient pas encore tout à fait soldés. Au Burkina Faso, l’année 2015 fut très mouvementée depuis la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014, mais l’issue des élections fut pacifique.

Guinée, Côte d’Ivoire : primes aux sortants

En Guinée et en Côte d’Ivoire, les scrutins présidentiels ont produit des dénouements presque similaires avec le triomphe au premier tour respectivement d’Alassane Ouattara et d’Alpha Condé.

Si pour la Côte d’Ivoire, les résultats n’ont pas surpris les observateurs, ce ne fut pas le cas pour la Guinée où le professeur Condé faisait face à une opposition déterminée à refuser le scénario de la précédente présidentielle en 2010. La défaite à l’époque de son principal rival Cellou Dalein Diallo au second tour fut difficile à faire accepter.

Aujourd’hui Condé travaille à démanteler l’alliance qui fait front contre lui en appelant Sidya Touré à rejoindre son gouvernement. Reçu quelques jours après le scrutin, fin octobre par le président Condé, le leader de l’Union des forces républicaines (UFR) s’est montré plutôt sensible à l’invitation.

Arrivée à la 3ème position lors de la dernière présidentielle avec 6% des voix, Sidya Touré reste la seconde force de l’opposition. En attendant d’être éclairé sur la suite des événements, nul doute que l’opposition qui doit se remobiliser pour les échéances futures, notamment les élections municipales prévues en 2016 risque d’être fortement affaibli si Condé réussit son coup.

Elu de son côté au premier tour avec un score sans appel de 83,66% des suffrages, Alassane Ouattara a pu savourer un double succès en plus de son plébiscite, aidé en cela il est vrai par une opposition désorganisée et faible. L’élection a été jugé transparente et pacifique.

Durant la nouvelle année qui s’annonce, Alassane Ouattara sera particulièrement attendu sur la scène sous régionale. La grande question étant de savoir la suite qu’il va accorder à la demande d’extradition formulée par la justice burkinabé contre l’ancien président Blaise Compaoré qui doit être entendu dans l’affaire Thomas Sankara.

Burkina Faso : soulagement

Durant ces 14 derniers mois, le pays des hommes intègres a été au cœur de l’actualité de la sous région à cause de la révolution populaire qui a eu raison de Blaise Compaoré et de son régime, né sous les cendres du coup d’état sanglant de 1987 contre le président Thomas Sankara.

La transition dirigée par Michel Kafando, aura réussi son objectif principal, l’organisation de l’élection présidentielle et le retour à la « normalité constitutionnelle ».

Le chemin fut très long pour la Transition, qui a dû faire face à la mi-septembre 2015 à une tentative de coup du Régiment de sécurité présidentielle (ancienne garde de Blaise Compaoré, aujourd’hui dissoute) dirigé par le général Gilbert Diendéré. Kafando et ses compagnons se sont aussi signalés par un nombre record de lois votées. En l’espace d’une année, 75 lois et textes, ont été votées parmi lesquelles, la loi sur la corruption.

La prestation de serment de Roch Marc Christian Kaboré (élu au premier tour avec 53,49% des voix), le 29 décembre 2015, aura été donc l’apothéose d’une année mouvementée pour le Burkina Faso.

Ancien du clan Compaoré dont il fut le premier ministre en 1994 et 1996 ensuite président de l’Assemblée pendant 10 ans, Roch Kaboré, aura la tache de redynamiser l’économie mis à rude épreuve par la situation politique, ensuite créer toutes les conditions pour que les Burkinabé soient édifiés enfin sur l’assassinat de Thomas Sankara.

Niger : un climat malsain

A l’opposée de ses voisins, le Niger va débuter l’année 2016 avec une présidentielle, fixé au 21 février. En prélude à cette élection un climat plutôt délétère prévaut à Niamey, entre rejet du fichier électoral par l’opposition et rumeurs de coup d’état déjoué, la réélection que vise le président Mahamadou Issoufou se joue sur fond de tensions.

L’année 2015 se termine dans une brouille politique que l’état tente d’éclaircir avant l’élection en sollicitant une expertise du fichier électorale par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Les experts de l’OIF dirigé par le malien Siaka Sangaré a entamé ses travaux le 29 décembre 2015. Auparavant cette équipe a effectué le même travail d’expertise pour la dernière présidentielle au Burkina Faso.

En attendant les résultats et les recommandations potentielles de cette étude du fichier, le gouvernement devra aussi rassurer l’opinion suite aux arrestations opérées dans la foulée d’un coup d’Etat « déjoué », selon les termes du président Issoufou qui s’est adressé à la nation nigérienne, le 17 décembre 2015.

Plusieurs officiers de l’armée dont le lieutenant-colonel Dan Haoua, qui commande la base aérienne de Niamey, et l’ancien chef d’état-major, le général Souleymane Salou, actuellement en détention, sont soupçonnés d’avoir pris part à cette tentative de putsch.

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