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Elections locales au Sénégal : un tintamarre illisible

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Lancée il y a plus d’une semaine, la campagne électorale ne mobilise que très peu. Sur les réseaux sociaux, les citoyens se plaignent d’un manque total de lisibilité de ces élections.

Dans ce pays de 12 millions d’habitants qui frôlent déjà les 200 partis politiques, ce scrutin est d’abord celui des chiffres effarants.

Au total 5,3 millions d’électeurs sont appelés à départager plus de 2700 listes à travers 12.000 bureaux de vote pour un scrutin qui va coûter 15 milliards FCFA au contribuable, alors que l’Etat peine toujours à apporter une solution aux problèmes récurrents d’eau et d’électricité.

La pléthore de candidats et les petites batailles de positionnement a produit comme premier effet néfaste, un fourre-tout où les alliances contre nature côtoient les débats de bas étage, les promesses fantaisistes et la violence qui éclatent de temps à autre, en dépit des avertissements du ministre de l’Intérieur lui-même candidat dans une localité du nord du pays.

Depuis deux semaines, le pays vit au rythme d’un tintamarre, qui ne permet gère de distinguer qui veut faire quoi et comment. Dans la banlieue dakaroise, précisément à Guédiawaye où 18 listes se disputent âprement les potentiels électeurs, le faste des candidats à bord de leur rutilantes 4X4 constituent un pied de nez à la misère dans cette localité en proie à d’éternels problèmes sociaux comme le chômage des jeunes, l’insécurité et l’insalubrité.

A ce tableau s’ajoutent des débats purement politiciens, très éloignés des préoccupations des citoyens et des bagarres entre militants rivaux.
D’aucuns déplorent l’indiscipline qui caractérise cette campagne électorale, la pollution sonore, avec les meetings tenus à chaque coin de rue, les affichages sauvages qui n’épargnent pas les propriétés privées.

La frénésie voire le désordre que suscite ces élections a poussé une nouvelle fois beaucoup d’observateurs a réitérer leur appel pour une limitation des partis politiques au Sénégal, afin de barrer la route à une majorité de politiciens véreux, opportunistes, plus mus par des intérêts personnels que par des ambitions politiques saines.

« Pour faire face à cette situation sans trop enfreindre la vitalité de notre démocratie, il urge de nous inspirer du modèle ghanéen. Dans ce pays, les partis politiques sont exclus des élections locales pour la simple raison qu’elles sont locales » soutient à travers une tribune publié dans la presse, Daouda Thiandoum, qui se présente comme un « citoyen sénégalais ».

Sidy Diop, journaliste et chroniqueur au quotidien pro-gouvernemental, Le Soleil dénonce quant à lui « une politique du ventre ».
« La plupart des chefs de partis soutient-il n’a pas de compétences connues dans un domaine précis de la vie active. Ce sont des professionnels de la politiques qui tirent l’essentiel de leur revenus de l’exercice de cette activité ».

D’autre part, le changement intervenu à la tête du pays lors de la présidentielle de 2012, remportées par Macky Sall, constitue pour d’autres une des clés de compréhension de l’ampleur sans précédent de ce scrutin local.

Arrivée au pouvoir après seulement trois ans d’existence sur la scène politique, l’Alliance pour la république (APR) chercherait à travers ces élections, le moyen de se « densifier » et de bien s’implanter à travers le pays au détriment même de ses alliés qui détiennent les grandes municipalités du pays comme Dakar, Thiès, Saint-Louis ou Kaolack.

Ce scrutin a donc valeur de test et se révélera déterminant pour l’avenir immédiat de l’APR et de son leader Macky Sall.
La défaite mémorable du Parti démocratique sénégalais (PDS) lors des locales de 2009 est souvent analysé comme le signe annonciateur de la débâcle trois ans plus tard de Abdoulaye Wade, lourdement battu par son ancien élève, Macky Sall, au second tour de la présidentielle de 2012 avec 65% des voix.


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