Cette correspondance a ensuite été largement relayée par ses compatriotes sur les réseaux sociaux et suscitent un torrent de réactions indignées dans la blogosphère sénégalaise, où nombre d’internautes ont apporté leur ferme soutien à Bousso Dramé, subitement devenue une « icône » du web 2.0.
« Cette fille est un modèle. Elle e a parlé pour moi et toutes les autres personnes qui ont subi comme elle le non-respect de ces employés du consulat », écrit un Sénégalais du nom d’Emilie Diouf sur sa page Facebook.
D’ailleurs une page de soutien a été vite créée par des internautes.
« Si tout le monde faisait comme Bousso, peut-être que les choses pourraient changer », estime un autre sur la plateforme Twitter où sa lettre ouverte est également partagée par des internautes de différentes nationalités.
Mme Dramé, qui se présente dans sa lettre comme « consultante internationale », devait se rendre en France pour une formation après avoir remporté le concours national d’orthographe en avril 2013, organisé par l’Institut français de Dakar.
« Un voyage tous frais payés, fut-il le plus beau et le plus enchanteur au monde, ne mérite pas que mes compatriotes et moi souffrions de tels agissements de la part du Consulat de France », écrit-elle dans sa lettre de protestation. Puis elle ajoute cette petite phrase qui lui vaut son succès : ce renoncement est fait « au nom de tous ces milliers de Sénégalais qui méritent le respect, un respect qu’on leur refuse au sein de ces représentations de la France, en terre sénégalaise, qui plus est ».
Seul petit couac dans ce buzz médiatique réussi et cette défense des « intérêts » de l’Afrique qui lui vaut tous les soutiens : sur la photo de la jeune dame qui circule sur Facebook, elle se montre exhibant fièrement ce qui ressemble à un étui ou une enveloppe contenant un billet d’avion avec le logo… d’Air France, compagnie nationale française, elle aussi souvent accusée de racisme et de discrimination envers les Africains.
Néanmoins, et face au tollé suscité par la réaction de la dame, le consul général de France, Alain Jouret, a répondu par une « lettre ouverte » également distribuée aux médias, en se disant « vraiment désolé » de la situation.
« Elle aurait dû me contacter pour m’expliquer ce qui s’était passé. Je lui ai aussitôt envoyé un courriel auquel elle n’a toujours pas répondu. On ne reste que cinq minutes au guichet pour récupérer son visa, le contact a peut-être été froid, peu cordial», affirme le diplomate.
Par ailleurs, le diplomate révèle dans sa lettre que le consulat de France au Sénégal traite « 32.000 » demandes de visas annuellement. Une révélation qui permet de chiffrer à plus d’un milliards de FCFA les sommes encaissés annuellement par la France sur le dos des demandeurs de visas sénégalais, au titre des frais de dossier.
Ce qui rouvre un autre front de la bataille médiatique qui semblait oublié, celui de la décision annoncée du gouvernement sénégalais de faire appliquer la règle de la réciprocité aux pays qui exigent un visa aux ressortissants sénégalais. Une décision fortement soutenue par nombre d’intellectuels et de citoyens sénégalais, mais que quelques opérateurs touristiques sénégalais soutenus par leurs homologues français veulent contester.
En dépit des dénégations du Consul général dans sa lettre ouverte qui précise que « 82% de personnes interrogées se disent satisfaites des services rendus », les ambassades françaises en Afrique sont la plupart pointées du doigt pour leur politique de visa.
Il y a presque un an exactement (juillet 2012) les refus d’octroyer le visa à deux personnalités africaines défrayaient la chronique. A l’époque il s’agissait du Burkinabé Halidou Ouédraogo, président d’honneur du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) et de l’universitaire sénégalais Oumar Sankharé.
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