Ouestafnews – Avoir un travail ne signifie plus sortir de la pauvreté et pour la plupart des personnes les plus pauvres, les revenus proviennent de la production alimentaire à petite échelle, selon un nouveau rapport d’Oxfam axé sur les inégalités économiques dans le monde.
«La main-d’œuvre est frustrée, car les salaires ne correspondent pas au coût de la vie. Le fossé entre les riches et les pauvres se creuse, ce qui restreint les perspectives de prospérité», souligne ce rapport intitulé : «Partager la richesse avec celles et ceux qui la créent », publié ce lundi 22 janvier 2018.
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Le scandale des milliardaires « ultras nantis », dans une masse de pauvreté
A titre d’exemple, souligne le rapport, en payant décemment les 2,5 millions d’ouvrières et ouvriers vietnamiens de la confection, le coût serait l’équivalent du tiers des sommes versées aux actionnaires par les cinq plus grandes entreprises de ce même secteur, soit 2,2 milliards de dollars.
«Les emplois décents accompagnés de salaires décents sont indispensables pour créer des sociétés plus justes», estime Oxfam dans son plaidoyer.
«Des emplois décents et bien rémunérés sont incontournables pour réduire les inégalités », souligne le directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), Guy Ryder, cité dans le même document.
Et selon les récentes estimations de l’OIT, près d’un tiers de la main-d’œuvre dans les pays émergents et en développement vit dans la pauvreté, et « cette part augmente ».
Or, l’Organisation des nations-unies (Onu), a fait de la promotion du travail décent, un des piliers des Objectifs du développement durable (ODD).
Alors que les inégalités se creusent, plus de 600 millions de nouveaux emplois doivent être crées d’ici à 2030, pour suivre le rythme auquel s’accroit la population mondiale en âge de travailler, selon des chiffres de l’ONU.
«Nous devons aussi améliorer la situation de quelques 780 millions d’hommes et de femmes qui travaillent mais ne gagnent pas suffisamment pour hisser eux et leurs familles au-dessus du seuil de pauvreté de 2 dollars par jour », estime encore la même source.
L’économie mondiale est concentrée entre les mains des plus riches, une catégorie qui représente 1% de la planète et dont la fortune augmente à la sueur de travailleuses et de travailleurs faiblement rémunérés ».
Au Nigeria (première économie africaine), 92% des personnes sondés par Oxfam dans la préparation de ce rapport, juge trop grand le fossé entre les riches et les pauvres dans leur pays.
«En Afrique du Sud, les 10% en haut de la pyramide se partagent la moitié des revenus salariaux, tandis que les 50% les plus pauvres de la main-œuvre se partagent 12% de tous les salaires», souligne le rapport d’Oxfam.
Une situation similaire dans de nombreux pays du monde. Au Nigeria, l’homme le plus riche du pays (Aliko Dangote doté d’une fortune de 15 milliards de dollars, selon le classement Forbes 2017) touche assez d’intérêt sur sa fortune sur une année pour extraire deux millions de personnes de l’extrême pauvreté.
Au cours des dix dernières années, les travailleurs et les travailleuses ordinaires ont vu leurs revenus augmenter de 2% en moyenne par an, tandis que la fortune des milliardaires à elle augmenté de 13% par, presque six fois plus vite, constate le document.
L’esclavage « moderne »
«L’esclavage moderne» est une autre facette du marché du travail. Selon les estimations de l’OIT, l’esclavage aurait concerné 40 millions de personnes en 2016, dont 25 millions de personnes réduites au travail forcé.
«Les personnes en situation de travail forcé produisent une partie de la nourriture que nous mangeons et des vêtements que nous portons, et nettoient les bâtiments dans lesquels nous vivons ou travaillons», fait remarquer l’OIT dans un document consulté par Ouestafnews sur son site web.
Selon le rapport d’Oxfam, quatre millions d’enfants sont victimes de travail forcé. Et d’après les estimations de l’organisation, il y aurait plus de 150 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans engagés dans une forme de travail, soit près d’un sur dix.
La lutte contre «l’esclavage moderne» figure parmi les 17 objectifs du développement durable que la communauté internationale a adopté en 2015 sous l’égide de l’Onu qui s’est fixé comme date butoir, l’année 2025 pour l’éradication de cette forme d’exploitation humaine. C’était après le constant d’échec patent d’un programme similaire, les OMD (Objectifs du millénaire pour le développement), toujours à l’initiative des Nations unies.
En 2014, par exemple, l’OIT, chiffrait le «business» du travail forcé à 150 milliards de dollars par an. Au niveau des Etats, les mécanismes permettant d’éliminer le travail forcé et les diverses formes d’exploitation restent encore à mettre en place.
Beaucoup de pays n’ont pas encore défini « de salaire minimum ni entrepris de négociations collectives », souligne le rapport.
Dans certains pays, «le salaire minimum est également très peu appliqué, et cette mise en application est encore plus rare pour les femmes que pour les hommes».
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