Dans son bilan annuel des exactions commises contre les journalistes dans le monde, RSf signale qu’au Cameroun, le correspondant de RFI, Ahmed Abba, « est une autre victime collatérale d’enjeux nationaux ».
Le correspondant de RFI en langue haoussa a été condamné en avril 2017 en première instance à 10 ans de prison pour « blanchiment du produit d’un acte terroriste », après une détention de plus deux ans. D’ailleurs, le verdict de son procès en appel doit être rendu le 21 décembre 2017.
Mais pour l’organisation de défense des journalistes dans le monde, « le simple fait d’évoquer les crises traversées par le Cameroun comme l’insurrection de Boko Haram au nord, manifestations dans les régions anglophones au Sud, peut être sanctionné sous des prétextes les plus divers».
Le journaliste égyptien Mahmoud Hussein Gomaa (détenu) et le photojournaliste sud-africain indépendant Shiraaz Mohamed (disparu) sont mentionnés dans la rubrique des « chiffres alarmants.»
Détenus et otages en danger
Le journaliste mauritanien de la chaine de télévision d’information en continu en arabe, Sky News Arabia, Ishak Moctar est aussi porté disparu en Syrie avec son caméraman libanais Samir Kassab depuis octobre 2013. Il « serait aux mains de l’organisation Etat islamique (EI) mais son sort n’a jamais été éclairci avec certitude et il reste considéré comme disparu.»
RSF considère qu’un journaliste est otage à partir du moment où il se trouve entre les mains « d’un acteur non étatique qui menace de le tuer, de le blesser ou de continuer de le détenir afin de faire pression sur une tierce partie (un Etat, une organisation ou un groupe de personnes) dans le but de la contraindre à accomplir un acte particulier. »
«Les dernières informations, non confirmées, affirmaient qu’il était vivant en 2016 et détenu à Raqqa, ancienne capitale de l’EI », note le quotidien français La Croix.
Le bilan établi par RSF révèle que 54 journalistes sont otages à ce jour soit 98% d’hommes et 2% de femmes (un seul cas). Le lot est composé de 44 journalistes professionnels, 7 journalistes citoyens et 3 collaborateurs de médias. Toujours parmi ces 54 otages, 85 % sont des journalistes locaux et 15% sont des journalistes étrangers.
Au total, l’organisation de défense de la liberté de la presse, informe que 326 journalistes sont détenus à ce jour dans le monde soit 310 hommes et 16 femmes. Parmi ces reporters, 202 sont des journalistes professionnels, 107 sont des journalistes citoyens et 17 sont des collaborateurs de médias.
Le nombre de femmes tuées en hausse
Avec 65 journalistes tués (50 professionnels, 7 journalistes citoyens et 8 collaborateurs de médias), 326 en détention et 54 retenus comme otages dans le monde entier, les chiffres sont alarmants. Toutefois, RSF précise que l’année 2017 est « la moins meurtrière pour les journalistes professionnels depuis 14 ans. Cette baisse est également la tendance constante depuis 2012, ajoute l’auteur du rapport.
Cette tendance à la baisse peut s’expliquer « par la prise de conscience croissante de la nécessité de mieux protéger les journalistes et la multiplication des campagnes menées en ce sens par les organisations internationales et les médias eux-mêmes ».
Mais cette baisse ne s’applique pas aux femmes journalistes tuées dont le nombre a doublé. En un an, dix sont mortes, contre cinq en 2016. Selon RSF, la plupart d’entre elles avaient en commun d’être des journalistes d’investigation chevronnées et pugnaces.
Christophe Deloire, secrétaire général de RSF constate que « les journalistes d’investigation qui travaillent sur de grands sujets tels que la corruption ou les scandales environnementaux jouent un rôle fondamental de contre-pouvoir et sont en cela lâchement assassinés par ceux que ces enquêtes dérangent. »
Selon lui, mener des enquêtes dans certains pays en paix « est en train de devenir aussi dangereux que de couvrir un conflit » et que cette situation alarmante rappelle « la nécessité de davantage protéger les journalistes. »
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