Ouestafnews – Le directeur de la division Afrique d’Engie (ex-GDF Suez), Bruno Bensasson, a affirmé que la moitié des personnes qui n’ont pas accès à l’électricité dans le monde se trouve sur le continent africain. Que disent les chiffres ?
A la conquête de l’Afrique, le géant français du gaz Engie ambitionne d’atteindre d’ici à 2025 un «portefeuille d’actifs compris entre 5000 et 6000 mégawatts».
C’est dans ce contexte que Bruno Bensasson, directeur de la division Afrique, a déclaré que le continent ne peut qu’être au cœur de leur stratégie, soulignant que «la moitié des gens qui n’ont pas accès à l’électricité dans le monde se trouve sur le continent».
L’électricité, un luxe pour beaucoup de pays du sud
L’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans son rapport annuel intitulé :«Perspectives mondiales de l’énergie», paru en novembre 2017, rappelle que l’accès à une énergie moderne est «encore un défi majeur pour de très nombreux pays en développement». D’après ce rapport, 1,100 milliard d’habitants dans le monde n’avaient pas accès à l’électricité, soit 14% de la population mondiale.
La quasi-totalité d’entre eux se trouvant en Asie et en Afrique sub-saharienne et représenterait 85% dans des zones rurales. L’accès à l’électricité dans certains pays du Sud est souvent précaire. L’AIE a pris pour exemple les coupures fréquentes de courant.
L’AIE examine les perspectives mondiales de l’énergie à l’aide de scénarios tels que les «nouvelle politiques», qui prennent en compte les décisions nationales les plus récentes en matière de politique énergétique. Elle prévoit qu’en 2030, environ «600 millions d’habitants de la planète accéderaient à l’électricité et 90 millions de plus entre 2030 et 2040».
L’Afrique à la traîne
Depuis sa création, l’African Progress Panel (APP) publie un rapport annuel sur les progrès en Afrique. Pour ce faire, il s’appuie sur «les meilleures études et analyses disponibles sur l’Afrique qu’il compile de manière originale et objective».
S’agissant de la situation énergétique du continent, le think tank dirigé par l’ex-secrétaire général de l’Onu, le Ghanéen Koffi Annan, a publié en juin 2015 « Énergie, population et planète : saisir les opportunités énergétiques et climatiques de l’Afrique ». Ce rapport décrivait les liens existant entre l’énergie, le climat et le développement en Afrique.
Les analystes de l’APP concluent que deux Africains sur trois, soit environ 621 millions de personnes, n’ont pas accès à l’électricité. Première puissance démographique du continent africain, le Nigeria compte 193 millions d’habitants dont 93 millions n’ont pas accès à l’électricité, selon l’APP.
La consommation totale nette d’électricité en Afrique subsaharienne (à l’exception de l’Afrique du Sud) est de l’ordre de 139 milliards de kilowatts par heure sur une population de 860 millions. Alors qu’à la même période, l’Espagne a une consommation totale nette d’électricité de 243 milliards de kilowattheures avec une population de 47 millions.
Pour remonter la pente, l’APP recommande, « d’éradiquer les mouvements de capitaux illicites et de restreindre les possibilités d’évasion fiscale». Ce qui pourrait toujours, d’après le think tank, combler le déficit énergétique de près de 50 %.
Déjà en 2014, 1,06 milliard de personnes n’avaient toujours pas accès à l’électricité, indiquait Le Global Tracking Framework (GTF), une publication de la Banque mondiale et de l’AIE qui a couvert la période 2012-2014.
Toujours, selon cette étude, l’accès ralentit et que si cette tendance n’est pas inversée, le taux mondial d’électrification ne sera que de 92 % à l’horizon 2030.
Le manque d’électricité un frein au développement ?
Même si l’accès à l’électricité est passé de 40% en 2010 à 46% en 2015, près de 635 millions de personnes vivent toujours sans électricité en Afrique, selon une étude de la Banque africaine de développement (BAD).
Ne pouvant pas satisfaire leurs besoins énergétiques, près de quatre personnes sur cinq sur le continent utilisent la biomasse, bois de chauffage et le charbon de bois pour cuire leurs aliments.
Toujours selon cette étude, «l’accès limité à l’électricité, les pénuries d’énergie et la dépendance vis-à-vis de la biomasse comme combustible compromettent les efforts déployés pour réduire la pauvreté».
Conclusion : l’affirmation est correcte
Le directeur de la division Afrique d’Engie, Bruno Bensasson, a souligné que la moitié des gens qui n’ont pas accès à l’électricité dans le monde se trouve sur le continent africain.
Dans un rapport paru en novembre 2017, l’AIE concluait que 1,100 milliard d’habitants de la planète n’avaient pas d’accès à l’électricité et que 600 millions sont en Afrique sub-saharienne. L’African Progress Panel établit que deux Africains sur trois, soit environ 621 millions, n’ont pas accès à l’électricité.
Le Global Tracking Framework (GTF), une publication de la Banque mondiale et de l’AIE, révélait déjà en 2014 que 1,06 milliard de personnes n’avaient toujours pas accès à l’électricité.
Même si l’AIE n’a pas comptabilisé, le Nord du continent et parle d’Afrique subsaharienne dans son étude, nous pouvons considérer que l’affirmation est correcte.
AC/mn/ad
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